Les produits sous pression
Pour la betterave, cette loi signifie plus particulièrement l’interdiction des néonicotinoïdes mais aussi une dernière année d’utilisation pour des molécules telles que le thirame utilisé en enrobage contre les fontes de semis, le propiconazole (dans le fongicide Armure), ou le quinoxyfen (dans le fongicide Fortress contre l’oïdium). On s’attend également à ce que 2020 soit l’ultime année d’utilisation du fenpropimorphe présent dans le fongicide Opus Team et de l’herbicide Pyramin (à base de chloridazon). Enfin l’herbicide Betanal avec le desmediphame et le phenméniphame est également sous forte pression.
Les éléments clés pour une culture durable
Pourtant plus respectueux de l’environnement
Fin avril 2018, l’usage des néonicotinoïdes en culture extérieure a été interdit. « Pourtant cette technique respectait les principes de l’IPM », dit la directrice de l’Irbab. « Une petite quantité de clothiadine (Poncho Beta) ou de thiaméthoxame (Cruiser Force) permettait de protéger la culture de betteraves contre les pucerons et la jaunisse virale pendant 10 à 12 semaines. Les pucerons ne présentaient pas de résistance à ces substances. Cela fonctionnait bien et évitait de réaliser des traitements foliaires pour la lutte contre les pucerons. Nous étions ainsi plus respectueux des insectes utiles. Ce traitement de semences était important pour le maintien de nos rendements mais l’EFSA en a décidé autrement. Dans son évaluation de risques envers les abeilles et pollinisateurs, elle conclut que les betteraves traitées engendrent peu de risques pour les adventices, les bordures de champs, les cultures adjacentes ou même les résidus dans des flaques d’eau. Elle estime par contre qu’un risque de présence de résidus dans le pollen et le nectar des cultures suivantes existe ».
120 jours d’autorisation…
Suite à cette interdiction, une demande d’autorisation de 120 jours a été introduite. Il s’agit d’une autorisation temporaire de 120 jours pour l’utilisation d’un produit phytopharmaceutique lorsqu’un manque d’alternatives existe ou si la rentabilité de la culture est en péril. Celle-ci a été accordée fin novembre et sera uniquement valable pour les semis 2019, du 12 février au 14 juin. « Cette autorisation peut être répétée dans le temps si cela se justifie mais, il est clair que le but est de trouver des alternatives à courts termes ».
Par ailleurs, l’autorisation est assortie de conditions strictes. Du fait des craintes de l’EFSA, le Service public fédéral applique le principe de précaution avec des restrictions sur les cultures suivantes. Il demande l’intégration des restrictions dans la check-list IPM et le contrôle des restrictions sur les cultures suivantes via le système Vegaplan. De ce fait, seuls les planteurs Vegaplan peuvent acheter des graines traitées aux nénonicotinoïdes.
… aux conditions strictes
Plus particulièrement, aucune culture attractive pour les abeilles ne peut être semée ni cultivée les deux années qui suivent celle du semis de betteraves sucrière. Au cours des troisième à cinquième année qui suivent le semis, des cultures moins attractives pour les abeilles peuvent y être semées ou cultivées (pomme de terre, maïs, lin à fibre). Ce n’est qu’en sixième année de culture que l’on peut revenir avec des pois, des haricots ou du colza.
Par ailleurs, les engrais verts fleurissant peuvent être semés à condition que la floraison soit empêchée par un traitement mécanique.
En cas de mise à disposition d’une parcelle, une déclaration sera signée entre les parties. Elle indiquera si les semences de betteraves sucrières utilisées sur la parcelle ont été traitées avec les substances actives clothianidine ou thiaméthoxane. La traçabilité de tout traitement sera assurée au cours des 5 années suivant le semis de semences de betteraves sucrières traitées aux néonicotinoïdes lors de chaque mise à disposition de ces parcelles.
Les sanctions potentielles en cas de non-conformité lors d’un audit normal Vegaplan seront :
– l’obligation de détruire une culture attractive pour les abeilles ou un engrais vert,
– la réalisation d’un audit Vegaplan complet au frais de l’agriculteur l’année qui suit la constatation de l’infraction,
– l’interdiction d’acheter des semences traitées aux néonicoténoïdes à l’avenir.
Un grand manque d’alternatives
Lors de l’utilisation de graines standard, c’est-à-dire sans insecticides dans l’enrobage et donc aucune pro