À la fois essentiel et complexe
de gibier. Parmi celles-ci, le cerf et le sanglier ont vu leur
population fortement s’accroître ces trente dernières années. Ce qui n’est pas sans impact sur les milieux forestier et agricole…
Néanmoins, ces deux espèces ne font pas l’objet des mêmes
mesures de chasse, nous explique Alain Licoppe, du Demna.
Parmi toutes les espèces suivies, deux intéressent plus particulièrement le Demna : le cerf et le sanglier. D’une part, car elles connaissent une importante expansion démographique depuis 30 ans. D’autre part, en raison de leurs impacts sur la nature et sur les productions économiques qui en découlent.
Le cerf, seule espèce sous plan de tir
« Le cerf, plus grand mammifère de Belgique, est la seule espèce « gibier » à faire l’objet d’un plan de tir légal, régit par des arrêtés du Gouvernement wallon et des circulaires », explique Alain Licoppe. Instauré en 1989, il avait initialement pour objectif de protéger l’espèce et de corriger le « sex-ratio » (proportion entre mâles et femelles). À l’heure actuelle, il permet d’en réguler l’expansion.
Ledit plan de tir est élaboré par trois acteurs. Premièrement, le Département Nature et Forêt (DNF) assure les opérations de contrôle, gestion et police. Le Demna, pour sa part, endosse un rôle de support en matière de données et méthodologies (acquisition, validation et valorisation des données de recensement de l’espèce…). Enfin, les Conseils cynégétiques proposent les plans de tir pour l’ensemble des territoires dont ils assurent la coordination de la gestion cynégétique. Ils veillent également à la bonne réalisation des plans proposés, après leur validation par l’administration. Cela implique que tout territoire souhaitant autoriser la chasse au cerf doit adhérer à un conseil cynégétique.
« Le plan de tir est fonction de la taille des populations. Celle-ci est estimée sur base de trois paramètres. » Les statistiques de tir des années précédentes constituent le premier d’entre eux. « Chaque cerf tiré (ou retrouvé mort) fait l’objet d’un constat de tir (ou de mortalité) réalisé par un agent du DNF. Il s’agit d’une mine d’informations précieuse qui nous permet d’affiner nos estimations. »
Second paramètre pris en compte : l’indice nocturne d’abondance. « Compter tous les animaux est impossible. Nous nous basons donc sur un indicateur afin de préciser nos estimations. » En pratique, toute l’aire de répartition du cerf en Région wallonne est couverte par un réseau de parcours. Ceux-ci sont sillonnés au minimum trois fois entre mars et avril, de nuit, par des chasseurs et agents du DNF. Seuls les animaux se trouvant sur ces tracés sont recensés. « Répéter l’exercice dans le temps nous permet d’établir des moyennes et de déterminer si les populations sont stables ou non. »
Enfin, la densité des populations de cerfs est modélisée à partir des données récoltées sur le terrain.
Des difficultés pour les non-boisés
Le sanglier, une espèce complexe
Population en hausse, la chasse suit-elle ?
Le Demna observe depuis 1986 une hausse impressionnante du nombre de sangliers tirés. « Les chiffres ont été multipliés par 7, mais il ne faut pas oublier que la population de sangliers a été multipliée par 5 ou 6 sur le même laps de temps. » En outre, l’augmentation du nombre d’animaux chassés n’est pas constante. Elle se fait par palier en raison de l’influence des facteurs externes. « Les années sans fructification forestière, par exemple, le nombre de sangliers abattus est moindre vu que le nombre d’animaux a lui-même déjà reculé naturellement ». Sans surprise, un pic de prélèvement nettement plus important a été observé en 2018, en raison de la peste porcine africaine et des mesures d’éradication qui ont suivi.
Malgré des prélèvements en hausse, il devient plus compliqué de contrôler la population, surtout hors Ardenne. On observe en effet que certaines individus voyagent et se dispersent à travers toute la Wallonie, malgré le caractère casanier de l’espèce. « Dans les régions à climat plus clément, à territoires naturellement riches et à cultures abondantes, la survie des individus et la prise de poids des femelles sont nettement plus favorisées qu’en Ardenne. Les populations grandissent avec une dynamique moins prévisible que chez le cerf… L’effectif semble être plus difficilement contrôlable dans pareilles conditions. »