
Au-delà de cette date, peu d’espèces peuvent encore être utilisées comme dérobées automnales. Le choix peut alors se porter sur des cipans hivernantes, valorisables au printemps suivant. Celles-ci sont généralement mieux adaptées à un semis plus tardif (fin août-début septembre). Dans la rotation, elles pourront être semées après un froment pour être récoltées au printemps suivant, avant la mise en place d’un maïs par exemple. Le sol sera alors couvert pendant presque 8 mois par ces cultures qui rempliront également leur fonction de piège à nitrate.
La réussite d’une telle interculture nécessite néanmoins de respecter certaines conditions. Le tableau ci-joint présente les caractéristiques de quelques mélanges testés par l’équipe de Protect’eau de l’Ucl-Elia.
Une conduite simple, mais attention…
Le mélange peut éventuellement être fertilisé avec des engrais de ferme en fin d’hiver via un apport de 60 unités d’azote efficace (30 m³ de lisier de bovins). La fertilisation azotée peut cependant favoriser les graminées au détriment des légumineuses. Quant à la récolte, elle a généralement lieu aux alentours de la fin avril-début mai et fera l’objet d’une attention particulière. Il faudra attendre une augmentation des températures pour obtenir suffisamment de masse à récolter tout en veillant à ne pas intervenir trop tard sous peine de pénaliser la culture suivante.
Quel rendement peut-on attendre ? Et quel impact sur la culture de maïs qui suit ?
Un frein à l’utilisation des cultures dérobées est la crainte de pénaliser les rendements de la culture du maïs qui suit. C’est dans ce cadre que des essais ont été menés par l’Ucl-ELIa et le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf), afin d’objectiver les effets d’une cipan hivernante sur la culture de maïs qui la suit.
Durant deux ans, les performances de différents mélanges ont été comparées ainsi que l’impact sur la culture de maïs ensilage qui suit. Les résultats obtenus montrent que la production de maïs varie en fonction du couvert. Tout comme le ray-grass italien, les associations de légumineuses avec le seigle multicaule permettent d’obtenir une production au printemps qui dépasse les 6 t MS/ha (voir figure). Dans ces deux cas néanmoins, les rendements sont atteints au détriment de la culture de maïs.
En considérant la production fourragère dans sa globalité (cipan hivernante + maïs), on observe cependant que l’exploitation d’une dérobée hivernante avant le maïs augmente la productivité à l’échelle du système (+ 4 t de MS en moyenne). L’utilisation d’un seigle multicaule associé avec des légumineuses, permet un gain de production d’1,4 t MS/ha par rapport à la séquence ray-grass d’Italie – maïs.
Par ailleurs, ce type d’association graminée + légumineuse a montré une meilleure stabilité de rendement année après année, comparativement à la graminée seule dont la productivité peut être pénalisée en cas de mauvaises conditions climatiques (sécheresse).
L’expérience confirme également que l’utilisation d’un mélange intégrant des légumineuses permet d’obtenir un fourrage plus équilibré et plus riche en protéines (915 VEM/kg MS et 142 g MAT/kg MS) par rapport au ray-grass pur (928 VEM/kg MS et 114 g MAT/kg MS).
Enfin l’utilisation d’une cipan hivernante n’a pas d’impact significatif sur la valeur alimentaire du maïs.
Vitrine démonstrative
Une vitrine composée de nombreux couverts a été installée à la ferme de l’UcLouvain à Corroy-le-Grand. Une visite sera organisée en novembre par l’UcLouvain-ELIa, Fourrages Mieux et Protect’eau afin de présenter l’intérêt et les caractéristiques des différents couverts semés.
Pour plus d’informations : www.protecteau.be.
