pour l’amélioration de la betterave a passé au crible
de nombreuses variétés en 2019. En voici les résultats,
avec un regard rétrospectif sur les années antérieures…
et des conseils pour un choix variétal visant les rendements
et la maîtrise des coûts de protection de la culture.
Retour sur les essais variétaux 2019, les observations…
Les sites d’expérimentation variétale ont été semés en 2019 entre le 27 mars et le 18 avril. Souvent excellente, le déroulement de la levée a été fort différent entre les sites, parfois avec un déficit de levée suite aux pluies en conditions froides après le semis. Nous avons noté une levée plus difficile pour les variétés GondolaKws et Voltaire, LeonellaKws, BTS 4860 N et Jinx. Par contre, la levée et le développement juvénile de la variété EvamariaKws ont été notés.
Peu de montées ?
Le nombre de montées est resté faible en général, pourtant avec des conditions vernalisantes du début du mois de mai. Malgré cela, on dénombre des montées précoces dans certaines variétés (BTS990, BTS3305 N), supposant une pollution pollinique lors de la production des semences. Dans les essais semés dans l’Ouest du pays, nous avons compté plus de montées dans plusieurs variétés tolérantes au rhizoctone : Tolemax et Voltaire, et dans une moindre mesure Tiaris et HendrikaKws.
Betteraves argentées
Le phénomène des betteraves argentées n’a pas été important, mais il n’est cependant pas en diminution par rapport aux années précédentes. Il ne semble avoir eu qu’un impact réduit sur le rendement global.
Maladies foliaires : attention à la cercosporiose !
Le développement de la cercosporiose a été plus tardif qu’en 2018 et 2017, mais on a pu l’observer dès la deuxième moitié du mois de juillet, certainement en Hesbaye liégeoise. Le premier traitement fongicide a été appliqué entre fin juillet et jusque mi-août. Un second traitement n’a été réalisé que dans de rares cas pour les arrachages après le 15 octobre.
Le développement de la cercosporiose en septembre et octobre peut avoir un impact sur le potentiel de production de la parcelle, ceci en cas d’arrachage tardif (novembre). Une attention particulière est donc portée à la tolérance des variétés envers cette maladie. Les tableaux des résultats mettent en avant les variétés les plus tolérantes à cette maladie, parfois avec de performances un peu plus faibles.
Nématodes
Malgré les conditions froides du début du mois de mai, l’effet négatif des nématodes sur le rendement est bien mesurable. Les fortes chaleurs dès la fin du mois de juin ont entraîné des flétrissements importants, mais sans perte importante du feuillage (tel qu’observé en 2018). Les variétés tolérantes ont confirmé leur résultat tant sur le potentiel de rendement qu’en revenu en faible et forte infestation. Ces variétés ont été semées sur 60 % de la surface en 2019.
Rhizoctone brun
L’expérimentation pour vérifier la tolérance au rhizoctone brun a été menée dans des parcelles avec une très forte pression cette année. Elle a permis de vérifier la bonne tolérance des variétés HendikaKws, BTS 4190 Rhc, Tiaris et IsabellaKws, variétés recommandées pour 2020. Par contre, dans ces infestations importantes la variété BTS 605 n’offre pas de protection suffisante.
… et les rendements
Les arrachages ont démarré tard, soir le 3 octobre, dans de bonnes conditions, et se sont terminés le 21 novembre dans des conditions difficiles, retardés par une pluviométrie intermittente.
Les richesses étaient élevées au début (19,5º) mais ont chuté dès le début du mois d’octobre pour atteindre 17,7º en novembre. Le tonnage était par contre plus élevé qu’attendu.
Choix variétal : tenir compte de la stabilité dans le temps
Faire son choix de variétés pour 2020 ne peut donc s’arrêter à l’expérience d’une année unique, qu’elle soit bonne ou moins bonne. Choisir ses variétés sur base du résultat annuel ne pourra pas prédire le comportement de la variété dans des conditions à venir que nous ne maîtrisons pas. L’analyse des résultats, prenant en compte le potentiel des variétés sur plusieurs saisons (les variétés confirmées sur 3 ans ont plus de données) ainsi que la stabilité du rendement et de la richesse entre les années permettra de s’assurer d’un choix raisonné.
Toutes ces données sont reprises dans les tableaux 1 et 2 des résultats. Ces tableaux reprennent les caractéristiques de rendement (racine, richesse, tare terre) par variété ainsi que les résistances aux maladies foliaires, risque de montaison, etc…
Depuis quelques années, l’Irbab met en avant la « santé du feuillage » comme critère important dans le choix des variétés. Bien que la tolérance à l’oïdium soit un critère variétal évident, c’est la tolérance à la cercosporiose qui doit être mise en avant. Il intervient donc aussi dans l’appréciation du potentiel de rendement des variétés.
Tolérance au nématode à kyste
Le choix pour une variété tolérante au nématode à kyste Heterodera schachtii est impérative dans toute parcelle infestée par celui-ci (figure 1). Au-delà de 150 œufs + larves par 100 g de sol, les pertes de rendement peuvent être de plusieurs pourcents, perte limitée par l’utilisation des variétés tolérantes au nématode. L’effet des variétés tolérantes est d’autant plus intéressant que l’infestation est forte, même si cette infestation se situe dans les couches plus profondes (en dessous de 30 cm).
Beaucoup de variétés tolérantes au nématode possèdent aujourd’hui le potentiel de rendement comparable aux autres variétés en situation classique.
La détection de nématodes se fait par des analyses de sol, mais encore mieux par l’observation de la culture de betterave précédente. Certains symptômes sont indicateurs de cette présence : jaunissement du feuillage avec une carence en magnésie, flétrissement par ronds, kystes (blancs) sur les radicelles de betteraves, rendements en racines faibles. Les variétés tolérantes au nématode à kyste peuvent toujours multiplier le nématode, mais cette multiplication restera réduite par rapport à la multiplication mesurée avec des variétés de type classique !
Expérimentation en conditions classiques
Toutes les variétés ont été testées dans des situations classiques sans problème particulier connu afin de comparer le potentiel de rendement et d’établir les caractéristiques variétales (figure 2). Dans cette situation, le choix de la variété s’orientera préférentiellement vers les caractéristiques intrinsèques qui forment le rendement plutôt que vers le type de variété « rhizomanie », « tolérant au nématode » ou « résistant au rhizoctone brun ».
En plus du potentiel financier de la variété, la tolérance aux maladies, la levée au champ, la sensibilité à la montaison sont des facteurs pouvant guider dans le choix de l’une ou l’autre variété.
Le regroupement pluriannuel des essais donne toujours une meilleure idée du comportement global de la variété sous l’influence des années différentes par leur climat, pression des maladies et autre.
Faire son choix de variétés pour 2020 ne peut donc s’arrêter à l’expérience d’une année unique, qu’elle soit bonne ou moins bonne. Choisir ses variétés sur base du résultat annuel ne pourra pas prédire le comportement de la variété dans des conditions à venir que nous ne maîtrisons pas. L’analyse des résultats, prenant en compte le potentiel des variétés sur plusieurs saisons (les variétés confirmées sur 3 ans ont plus de données) ainsi que la stabilité du rendement et de la richesse entre les années permettra de s’assurer d’un choix raisonné.
Toutes ces données sont reprises dans les tableaux 1 et 2 des résultats. Ces tableaux reprennent les caractéristiques de rendement (racine, richesse, tare terre) par variété ainsi que les résistances aux maladies foliaires, risque de montaison, etc.…
Depuis quelques années, l’Irbab met en avant la « santé du feuillage » comme critère important dans le choix des variétés. Bien que la tolérance à l’oïdium soit un critère variétal évident, c’est la tolérance à la cercosporiose qui doit être mise en avant. Il intervient donc aussi dans l’appréciation du potentiel de rendement des variétés.
La tolérance des variétés aux maladies foliaires : un outil essentiel pour maintenir un feuillage sain !
Le climat au sens propre et figuré des dernières années a évolué : un réchauffement climatique qui nous a amené des maladies comme la cercosporiose de plus en plus présentes, mais également une pression plus forte sur les fongicides utilisés, tant du point de vue de l’impact sur l’environnement que par le développement de résistances des maladies. Une réponse immédiate passe par la tolérance variétale. Cette « santé du feuillage » des variétés s’est avérée très utile depuis quelques années, et même en 2018 et 2019 qui ne sont pas des années à forte pression de maladie, tout en combinant aujourd’hui cette caractéristique avec l’application raisonnée d’un fongicide (figure 3).
Associée à la protection fongicide, la tolérance variétale cadre dans la lutte intégrée (Ipm) et doit assurer un feuillage sain, tout en réduisant le risque d’apparition de résistance aux fongicides. Plus l’arrachage sera tardif, plus la tolérance des variétés aux maladies doit être prise en compte pour garantir le maintien du potentiel de production de la parcelle jusqu’en fin de saison.
La figure 3 exprime les différences de « santé du feuillage » des variétés. Ces différences s’observent maladie par maladie, les variétés les plus intéressantes combinent une moindre sensibilité à l’ensemble des maladies.
La rouille est depuis quelques années la première à apparaître, mais n’est un vrai problème que dans les régions côtières. En fin de saison, il peut détruire le feuillage dès le mois de septembre (2015 et 2017).
L’oïdium peut se déclarer brusquement en juillet ou en août et prendre de l’ampleur rapidement en quelques jours. Aujourd’hui, beaucoup de fongicides sont efficaces sur ces deux maladies, mais c’est aussi pour cette maladie que les plus grandes différences variétales sont visibles.
Parmi les maladies foliaires, la cercosporiose est certainement la plus dommageable car les traitements ne sont pas curatifs et d’une action réduite en durée. Choisir une variété plus tolérante est donc important pour maintenir un feuillage sain plus longtemps.
Ceci est d’autant plus vrai que :
– la rotation en betterave est courte (la contamination vient de la parcelle) ;
– la parcelle semée est voisine d’une parcelle contaminée par la cercosporiose ;
– la récolte est tardive.
Pour cette raison, une appréciation « globale de la santé du feuillage » est reprise dans la description variétale, où la sensibilité à la cercosporiose reste l’appréciation dominante.
Tolérance au rhizoctone brun
Avant de faire le choix pour une variété tolérante au rhizoctone brun, on s’assurera d’avoir étudié les facteurs de risque présents sur la parcelle, à savoir :
– une rotation (fréquente) avec du maïs, surtout maïs grain. L’incorporation de matière non digérée est un facteur aggravant ;
– défaut de structure du sol, suite aux récoltes effectuées dans des conditions humides, même au cours des 5 dernières années ;
– présence de rhizoctone brun identifié sur la parcelle.
L’utilisation d’une variété tolérante atténue fortement la présence de betteraves pourries, mais n’exclut pas totalement. Potentiel de rendement et résistance sont souvent inversement liés, il s’agira de choisir le bon niveau de résistance. « Les variétés tolérantes n’offrent pas de solution si elles ne s’accompagnent pas de mesures agronomiques adéquates : rotation, respect de la structure du sol, pH optimal et fumure raisonnée ».
Chaque année, l’Institut betteravier étudie le potentiel des variétés ensemble avec les variétés classiques. La tolérance au rhizoctone brun est étudiée dans des essais spécifiques infectés naturellement (figure 4). L’observation pendant la saison et la cotation de la pourriture de toutes les betteraves récoltées de l’essai permet de déterminer la tolérance à cette maladie.
Outre le rendement, le choix doit se porter sur la tolérance à la pourriture en fonction de la parcelle.
, Irbab