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Le coronavirus laisse déjà des traces

Problème de livraison ou de main-d’œuvre, absence de client ou encore concurrence… Les secteurs agricole et horticole ne sont pas épargnés par la crise. D’autant que la baisse des prix des productions agricoles suscite des craintes pour l’avenir.

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En présence de membres de Fedagrim, Gert Van Thillo s’est intéressé à l’impact qu’a la crise sanitaire sur l’agriculture et l’horticulture. Du côté positif, il constate que la politique agricole commune est sous pression. « Disposer d’une chaîne de production alimentaire propre et fonctionnelle est d’une importance cruciale. On s’en rend peut-être enfin compte », souligne-t-il.

Dans le secteur de la mécanisation agricole, l’éclatement de la crise a provoqué ce que l’on pourrait appeler un « choc logistique ». La livraison des nouvelles machines a été compromise tandis que le personnel a été contraint de rester à domicile pour cause de chômage, maladie ou encore garde d’enfant. Un phénomène de stockage a aussi été observé. « Davantage de pièces détachées et consommables ont été mis en stock. Dans les élevages, ce sont les gants et autres produits désinfectants qui ont connu une certaine popularité. »

Occasions au point mort

Bon nombre d’outils agricoles se caractérisent par une période de vente précise. Ainsi, la vente et la livraison d’une grande partie du matériel de fenaison ont été assurées avant que la crise sanitaire n’éclate. Celle-ci n’aura donc qu’un impact limité sur ledit matériel. Mais qu’en est-il des produits automnaux, tels que les broyeurs de branches ? Dans quelle mesure seront-ils produits, transportés et vendus ? On sait que certains importateurs ou concessionnaires disposent d’un stock, mais celui-ci n’est pas infini.

Tim Aerts (Aerts) témoigne : « Le printemps 2020 avait déjà été bouclé en hiver. En tant que constructeur de charrue, notre carnet de commandes était rempli et les livraisons se sont poursuivies. A contrario, les démonstrations ont été annulées ». Il se demande néanmoins comment se déroulera le reste de l’année vu la baisse des prix des productions agricoles. Elie Verhaege (Grimme) le rejoint : « La production de machine n’a pas été impactée Mais qu’en est-il des machines d’occasion qui ne suscitent que peu d’intérêt pour l’instant ? ».

Joost Merckx (Merckx machines), qui s’exprimait au nom des concessionnaires, ne peut qu’abonder : « En raison des mesures de « distanciation sociale », il n’y a actuellement aucun intérêt pour le matériel d’occasion. Les mouvements non essentiels étant interdits, les ventes ont cessé ». Il constate également que le matériel vendu à Agribex est, du moins en partie, déjà au travail. Le matériel non livré constitue un problème pour les concessionnaires. « Ces commandes ne peuvent être clôturées et donc facturées… »

Parcs et jardins : forte concurrence

Les clients, principalement les particuliers, découvrent de nouveaux canaux de vente suite à la fermeture obligatoire des magasins non alimentaires. La vente en ligne a ainsi gagné en importance. « C’est certainement une bonne chose pour les grands acteurs qui commerçaient déjà de cette manière mais les vendeurs locaux de matériels agricoles et horticoles en sont les grands perdants », déplore M. Van Thillo. Ceux-ci accorderont probablement davantage d’importance à l’e-commerce à l’avenir.

Michel Carlier (Etesia), estime à ce sujet que « les mesures gouvernementales prises pour éviter la propagation du Covid-19 ne sont pas toujours claires ». « Que peuvent faire ou non les concessionnaires spécialisés en matériel parcs et jardins ? », interroge-t-il. « De nombreuses personnes confinées travaillent dans leur jardin mais ne peuvent se rendre dans les commerces spécialisés. C’est une situation qui a profité aux grandes enseignes alimentaires qui vendent aussi des outils de jardinage. On peut parler de concurrence déloyale alors que nous sommes dans une période cruciale pour le chiffre d’affaires. »

Reports des investissements

Fedagrim s’est intéressé aux conséquences du coronavirus sur les autres secteurs de l’agriculture. Et de constater que certains impacts sont assez surprenants : « Il semble, par exemple, y avoir une pénurie de containers réfrigérés nécessaires à nos exportations de viande, notamment vers l’Asie. La viande de porc en est une des victimes et voit son prix baisser ». À cela s’ajoutent d’importantes conséquences sur les marchés des produits laitiers et des pommes de terre. Le tout pourrait toucher sévèrement la trésorerie des exploitations et les inciter à reporter certains investissements.

Le président de la Fédération, Johan Colpaert, qui est également à la tête de l’entreprise de construction Altez, explique que celle-ci a dû cesser ses activités durant les deux premières semaines de la crise. Depuis, les activités ont repris mais avec des problèmes de disponibilité de la main-d’œuvre étrangère. Pour les mois à venir, il craint que de nombreux projets de construction soient abandonnés. « D’autant que les autorités prennent davantage de temps pour examiner les permis et que les banques accorderont moins facilement les financements », ajoute-t-il.

Prudence !

Gert Van Thillo constate encore que la prudence règne dans le secteur. « Les achats sont souvent reportés à des temps meilleurs, bien que l’usure du matériel soit une donnée à prendre en compte. »

Ce que l’avenir proche apportera sera différent pour chaque sous-secteur (agriculture, horticulture, industrie) car la composition de la clientèle est différente. L’impact sur les prix, le besoin d’investir et la campagne de commercialisation diffèrent aussi On constate même que les situations varient d’un concessionnaire ou d’un importateur à l’autre. « Le secteur agricole est généralement plus stable que les autres en situation de crise. Nous avons affaire à des entrepreneurs qui cherchent des solutions pour surmonter les problèmes qui se présentent face à eux », conclut-il.

J.V.

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