Il ne s’agit pas d’un seul produit…

L’idéologie et l’émotion risquent de dépasser la science et les faits dans le dossier du glyphosate. Bien plus que l’avenir d’un seul produit est en jeu dans le débat.

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde car il est très efficace contre de nombreuses mauvaises herbes, il est sûr et facile à utiliser et il est rentable. L’utilisation du produit avant le semis ou dans l’intervalle entre les saisons peut contrôler les mauvaises herbes problématiques qui menacent le rendement, la qualité et la sécurité alimentaire.

Le glyphosate permet de moins labourer le sol, ce qui est bénéfique pour la santé du sol, la capacité de stockage de l’eau, la fertilité du sol et la vie du sol.

Cancérogénicité non prouvée

Les critiques disent que le glyphosate est cancérigène. En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate dans la catégorie 2A (probablement cancérigène). Dans cette catégorie, on trouve également la viande rouge et le travail de nuit. 2A n’est pas une indication du risque associé à l’utilisation, car il ne prend pas en compte l’exposition potentielle. Dans ce contexte : la lumière du soleil et l’alcool sont classés en catégorie 1A (certainement cancérigène).

Plus de dix organismes réglementaires et scientifiques dans le monde ont réaffirmé depuis sa classification par le CIRC que l’utilisation normale du glyphosate n’est pas cancérigène. C’est également le cas de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Comme le glyphosate est si sensible, le gouvernement canadien a décidé de faire réévaluer toutes les études par vingt scientifiques indépendants sans antécédents dans ce dossier. La conclusion en janvier 2019 : il n’y a pas de motif scientifique de s’inquiéter.

Avant 2015 également, de nombreuses organisations et gouvernements ont étudié les effets de l’herbicide et l’ont évalué comme non cancérigène. Par exemple, il y a une vaste étude épidémiologique aux États-Unis qui a suivi 54.251 agriculteurs et utilisateurs de produits de protection des cultures pendant plus de 20 ans. 44.932 d’entre eux ont utilisé du glyphosate depuis 1993. Aucun lien n’a été établi entre l’utilisation du glyphosate et l’incidence du cancer.

Les jugements aux États-Unis accordant de grosses sommes d’argent à des personnes qui disent être tombées malades à cause du glyphosate doivent être considérés dans le cadre juridique américain spécifique. Il concerne le jugement de jurys de profanes.

Des études fiables

Les critiques insistent sur le fait que les études sur lesquelles reposent les politiques sont fournies par l’industrie. En effet, quiconque met un produit sur le marché doit également faire les frais et les efforts pour prouver que le produit ne présente pas un risque inacceptable pour la santé et l’environnement.

Le système suit des procédures légalement établies et est entièrement traçable. Il y a des contrôles réguliers. Il serait étrange que le gouvernement mène lui-même des enquêtes longues et extrêmement coûteuses aux dépens du contribuable. Cela n’a aucune valeur ajoutée et ralentit le développement de nouveaux produits toujours plus sûrs.

Manque de transparence ?

Environ 6.000 pages d’informations sur le glyphosate sont à la disposition du grand public sur la manière dont le produit a été évalué dans le cadre de la procédure de l’UE. Cela comprend l’évaluation des études du CIRC. Elles sont disponibles sur le site Internet de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA). Avec le projet Prisma, Bayer lui-même donne aux parties intéressées l’accès aux études actuelles sur la sécurité des produits et les molécules.

La manière dont l’idéologie et la science sont entrelacées dans cette discussion prouve qu’il y a plus en jeu que l’avenir d’un seul produit. Il s’agit de la crédibilité de nos institutions et de nos lois, de la science comme base des décisions. Il s’agit de l’accès à des outils sûrs et efficaces pour produire des aliments durables et sûrs.

Marc Sneyders

, responsable du développement durable chez Bayer Crop Science

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