
L’aventure commence en Lozère
À tire d’L
Un produit authentique sans être « trop fermier »
Le beurre Plaquette se veut par essence traditionnel et authentique, il s’agit d’offrir un produit qui garde son caractère sans être trop « fermier », c’est-à-dire très fort précise Lionel avant d’ajouter qu’il préfère « laisser aux producteurs fermiers l’exclusivité d’élaborer un produit ultra-cru ».
Le beurre Plaquette n’est pas qu’un produit, « c’est une entreprise capable de proposer une solution ou de résoudre un problème, que ce soit au niveau de la gastronomie ou aux éléments déjà travaillés tels que les beurres à l’ail, aux algues » développe-t-il encore.
Une petite équipe soudée et dynamique
Pas d’impressionnants véhicules frigorifiques devant la porte, ni d’enseigne scintillant de mille feux, encore moins de show-room ou de pimpantes vitrines à Mesnil-Saint-Blaise. Mais une maison presque aussi anonyme qu’un synonyme, un bureau où se battent quelques dossiers, une salle de baratte immaculée, un atelier où sont fabriqués les yaourts, et peut-être bientôt des desserts lactés, une grande chambre froide où s’observent religieusement des mottes et paquets de beurre de toutes tailles et formes.
Sobre, Lionel Plaquette l’est jusque dans ses tâches quotidiennes, dans un lieu fonctionnel où il a su s’entourer d’une petite équipe de six personnes dont les membres ont pour particularité de n’avoir aucune expérience dans le secteur, d’ailleurs « l’un d’eux était professeur de français et d’histoire » illustre-t-il en souriant malicieusement.
« Tous ont appris à mon contact mais j’explore plusieurs pistes pour qu’ils puissent suivre une formation pointue afin de pouvoir anticiper les problèmes plutôt que de passer du temps à les résoudre ».
Crise sanitaire et partenariat avec la Ferme Censier
En cette période estivale, « L&L Plaquette » tourne autour d’une tonne à une tonne et demie de beurre par mois contre… dix à quinze tonnes au plus fort de son activité.
Il a aussi fallu gérer la crise sanitaire, une période durant laquelle il rebondit en plaçant ses produits dans les points de vente de proximité. C’est aussi au cours de ces longues semaines de confinement qu’il est contacté par l’entreprise eFarmz, à la recherche d’œufs et de beurre bio. Il saisit cette occasion pour développer un partenariat avec la Ferme Censier, à Doische, dont il propose tous les produits à la vente (œufs, gaufres, crêpes…) chez ses propres clients en Belgique et à l’export.
Ce sont alors entre 3.000 et 5.000 boîtes d’œufs par semaine qu’il embarque et distribue sur tout le territoire.
Rayonnement national…
Lionel travaille en direct avec des distributeurs, notamment des franchisés sous enseigne Carrefour où il est renseigné sous le label « produits locaux », avec des crémeries, avec le secteur de l’HoReCa où il est présent sur les tables du « Hors-Champs » de Stefan Jacobs à Gembloux, de chez Balthazar à Bruxelles, mais aussi en Flandre à l’Altermezzo de Jo Grootaers à Tongres.
Sa principale vitrine se situe toutefois chez Rob, la célèbre enseigne bruxelloise dédiée à la gastronomie avec laquelle il a noué un véritable partenariat.
… et international
La marque Plaquette est également très présente à l’international et dispose d’une plateforme au marché international de Rungis.
C’est par ce biais que les produits frappés du double « L » se sont retrouvés dans les rayons de « La Grande Épicerie de Paris », l’un des temples des produits de bouche d’exception qui propose sur ses 2.900m² de surface, 30.000 articles souvent en exclusivité.
« L’ensemble de notre gamme est présenté dans leur immense linéaire de beurre long de cinq mètres sur deux mètres de haut souligne Lionel avant de souffler que « se retrouver en tant que produit belge dans cet espace incontournable de la gastronomie française, c’est une vraie réussite ».
Avoir son rond de serviette au cœur de « La Grande Épicerie de Paris » constitue une carte de visite de choix pour asseoir et développer sa notoriété encore au-delà de l’Hexagone voisin. C’est ainsi qu’il commence à collaborer avec « Paris Gastronomy Distribution » une plateforme d’exportation maritime et aérienne vers les Caraïbes, la Polynésie et au-delà.
On retrouve donc les beurres Plaquette aux Philippines, au Liban et dans les Émirats grâce à l’Awex, qui a permis à Lionel de participer à une mission économique à Dubaï.
Ses produits sont également présents à Séoul, par le truchement d’un échange de photos sur… Instagram qui ont attiré l’attention de « chasseurs de produits », surtout « ceux qui ont de l’authenticité et une histoire » rembobine-t-il.
Une déclinaison infinie, ou presque
Une symphonie de saveurs, c’est ce que propose la marque Plaquette pour satisfaire les papilles de ses nombreux clients aux quatre coins du globe.
Lionel ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et se projette déjà dans une gamme sucrée avec du beurre à la vanille ou aux dates (une demande expresse de l’un de ses clients à Dubaï).
« Je vous ai apporté des bonbons… »
Au-delà de cette palette de saveurs, il réalise également du sur-mesure pour ses clients et a poussé l’originalité jusqu’à imaginer son beurre sous forme de bonbons.
On connaît tous les « micro-beurres » de table, voire les lingots. L’idée, géniale, de Lionel de réaliser des bonbons de beurre de 10g est née d’une discussion avec les représentants de la Maison Rob, dont le Chef de rang regrettait le gaspillage du beurre dans le restaurant sis à l’étage du marché.
Comme tous les autres beurres, ils sont emballés dans du papier parchemin végétal, à la main. Un travail extrêmement fastidieux réalisé par ses quatre collaborateurs en attendant que débute une collaboration avec un atelier de travail adapté qui cherche à se diversifier.
Le bonheur est dans l’export
Pour l’heure, il constate que le prix de la crème « s’envole (atteignant jusqu’à 9€/litre), ce qui signifie que le kilo de beurre est à 18€ avant de commencer tout travail ». Il ne lui échappe pas non plus que des producteurs laitiers cessent leur activité, que les fermes s’agrandissent, qu’il y a une raréfaction de la matière première, « sans compter que l’on assiste à une multiplication de labels et de certifications qui ne font vivre que ceux qui les imaginent » déplore-t-il.
Et de regretter que certains producteurs soient obligés de vendre leur beurre en deçà de sa valeur. Ce n’est son cas : « bien malgré moi, j’ai dû adapter mes prix à la hausse pour la troisième fois ».
Pour Lionel, les produits belges ont une plus grande valeur ajoutée en se vendant à l’étranger que sur le marché intérieur, si bien qu’il ne serait pas lui-même surprit que son chiffre d’affaires soit totalement inversé : « je m’attends peut-être à vendre plus à l’export que sur le marché belge d’ici trois à quatre ans » prévient-il.
