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Quels sont les paramètres

permettant de la réguler

au mieux ?

Assez classiquement, les périodes d’humectation du feuillage de la végétation s’allongent significativement au fil des jours d’été et d’automne. Vers la mi-août, bien souvent, la rosée se forme vers 10 h du soir et n’est éliminée qu’après 10 h du matin.

Ces longues périodes humides permettent à plusieurs pathogènes du feuillage de s’étendre dans les cultures

et amener des pertes pour le maraîcher.

Temps de lecture : 7 min

Sous l’abri des serres maraîchères, les périodes d’humectation sont de plus en plus longues également, à des niveaux différents du plein air, mais avec aussi des températures plus élevées.

La température dans la serre maraîchère varie fortement entre le jour et la nuit. Elle est la résultante de l’effet de serre des parois, de l’obstacle au vent des parois, de l’ombrage dû aux implantations voisines, de l’humidité dans la serre, de l’aération.

En aérant la serre, le maraîcher assure une régulation de la température, de l’humidité relative. Il permet aussi le renouvellement du CO2.

Une juste mesure de la température

La température telle qu’elle est subie par les plantes doit être mesurée efficacement. Pour ce faire, la sonde de mesure de température doit être protégée de l’ensoleillement direct par une protection de couleur blanche.

C’est la lecture de la température actuelle et de la température minimum et maximum des dernières 24 heures qui permettent de prendre des décisions sur le réglage de la ventilation.

Privilégier une bonne ventilation naturelle

Pour les serres maraîchères, on essaiera toujours de travailler avec la ventilation naturelle, en ne recourant à des ventilateurs que dans des situations exceptionnelles.

Une ventilation naturelle est surtout efficace grâce à deux applications de principes physiques : le tirage et l’effet Bernouilli.

Le tirage : L’air chaud est plus léger et tend à monter. Il pourra s’évacuer par les ouvertures situées au faîtage de la serre. C’est l’effet de tirage. Cette évacuation de l’air chaud provoque un appel d‘air. Les ouvertures basses permettront l’entrée d’air, plus frais.

Les débits d’air concernés par le tirage dépendent directement de la dimension des ouvertures et de la différence de température entre le bas et le haut de la serre. Plus cette différence est importante, plus le débit sera grand. L’effet de tirage est donc bien utile pour le maraîcher

La distance séparant les ouvertures du bas de celles du haut influence négativement le débit.

En pratique, reconnaissons que les ouvertures ne sont pas toujours placées de manière judicieuse. Si nous nous contentons d’ouvrir les pignons ou une ouverture latérale, nous renouvelons l’air, nous emmenons une partie de l’humidité, mais ne maîtrisons que partiellement la température. Ce sera suffisant pour les journées durant lesquelles la température dans la serre ne dépasse pas 35ºC. Mais, ce sera insuffisant si la température monte plus haut.

Pour un bon effet de tirage, il faut que les entrées d’air frais soient situées plus bas que les sorties d’air chaud.

 L’effet Bernoulli : Le vent qui souffle autour de la serre influence aussi la ventilation naturelle. C’est l’effet Bernoulli. Ce sont la vitesse et l’orientation du vent qui détermine le débit. Cette application de la physique a une efficacité qui dépend de la météo et de la forme de la serre au niveau de ses ouvertures. Dans certaines situations du sens du vent, cet effet peut s’opposer à celui du tirage, l’efficacité globale de la ventilation naturelle en est réduite.

En pratique, notons que l’application de ces deux principes physiques nécessite deux séries d’ouvertures, certaines pour la sortie d’air chaud et d’autres pour l’entrée d’air frais.

Dans les conditions belges, la surface totale des ouvertures d’une des séries devrait être de 15 à 20 % de la surface au sol de la serre.

Une ventilation forcée pour les serres protégées des vents dominants

L a ventilation forcée, quant à elle, demande de l’énergie pour le fonctionnement des ventilateurs. Elle est parfois nécessaire lorsque la configuration des lieux protège fortement la serre des vents dominants (l’orientation la plus fréquente). Chez nous, les vents dominants sont généralement du sud-sud-ouest.

Le dégagement entre les plantes

En ce dernier mois estival, il convient de raisonner le passage de l’air afin de permettre l’évacuation rapide de l’eau condensée sur les parois et sur le feuillage des plantes. C’est du travail, mais il est payant. L’effeuillage, l’écimage et l’enlèvement de certaines rangées en fin de production permettent un tel dégagement.

C’est le moment de réaliser progressivement cette opération. Les plantes évacuées laissent la place aux premières implantations de cultures d’automne-hiver.

Réguler l’humidité relative

Si l’humidité relative monte au-delà de 90 % plusieurs heures de suite, elle peut favoriser certaines maladies du feuillage. Si elle descend sous les 65 à 70 % (selon les espèces cultivées), les plantes mettent en œuvre la fermeture des stomates. La réduction des échanges gazeux au niveau des feuilles amènera alors une réduction de l’activité photosynthétique.

L’objectif est de rester le plus d’heures possibles de la journée dans la fourchette d’humidité relative idéale, entre 65 et 85 %. Durant cette période, la plante est en forte évapotranspiration. L’activité d’absorption de l’eau et des sels minéraux dissous par les racines est intense. Les acariens restent en populations limitées.

Élevée durant la nuit, l’humidité relative diminue en cours de journée quand la température monte. C’est le cas lorsque la température extérieure est peu élevée et que le ciel est très ensoleillé.

Pour tenter de réguler l’humidité relative le maraîcher peut intervenir sur plusieurs paramètres.

Les sondes de mesures de l’humidité relative sont assez délicates. Elles devraient être vérifiées deux fois par an, au printemps et en automne.

 Pour augmenter l’humidité relative

Par temps froid, la condensation de l’humidité de l’air se produit sur les parois. En réchauffant l’air, nous provoquons une diminution de l’humidité relative ce qui est contraire à l’objectif recherché dans ce cas-ci. Les serres à doubles parois condensent beaucoup moins mais leur coût d’investissement est supérieur. C’est certainement justifié pour les serres d’élevage de plants ou celles consacrées à des cultures à haute valeur par m². Pour les fermes de polyculture maraîchères ce sera souvent plus difficile à amortir.

Par temps chaud, la vaporisation d’eau par pulvérisation très fine (mist, fog) permet de réduire la température, d’augmenter l’humidité relative. Elle réduit aussi les populations d’acariens. Les appareils sont positionnés à proximité des entrées d’air.

Pour réduire l’humidité relative

La ventilation suffit pour abaisser l’humidité relative si l’air extérieur est plus frais que l’air intérieur. Lorsque la température extérieure est semblable à la température intérieure et qu’il fait très humide, la ventilation ne suffit pas. Quand nous disposons d’un appareil de chauffage, en gagnant 1ºC de l’air nous diminuons l’humidité relative de quelques 5 %, (c’est un ordre de grandeur) à préciser avec des tables disponibles.

L’effet de la ventilation et du chauffage peut être perturbé par une masse végétale très abondante dans la serre. Nous le constatons par la présence de condensation localement forte sur les plantes ou sur les parois. Avant que cette situation n’amène des soucis de santé des plantes, procédons à ces endroits à un effeuillage supplémentaire.

Quelle orientation  pour la serre ?

L’orientation des serres maraîchères n’est pas évidente. La configuration des lieux ne permet pas nécessairement tous les choix. Dans nos conditions belges et pour une serre en forme d’arc de cercle, l’orientation E-O peut permettre une meilleure luminosité en hiver que l’orientation N-S. En été ce sera le contraire. Ce seront l’importance relative des cultures d’été par rapport aux cultures d’hiver qui aideront à décider.

D’autre part, les haies et les bâtiments voisins amènent une modification locale du sens des vents et une certaine turbulence.

Sur base de l’expérience locale, nous pouvons prévoir des aménagements lors des constructions futures.

F.

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