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Terres agricoles en danger!

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Depuis plusieurs mois, les syndicats agricoles wallons que sont la Fédération wallonne de l’agriculture, la Fédération des jeunes agriculteurs et la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs manifestent leur désaccord face au projet de Colruyt d’acquérir des terres agricoles, tant au sud qu’au nord du pays. Un projet dont le géant de la distribution ne manque pas de faire écho, notamment à travers ses publicités, mais qui suscite une vive inquiétude du côté des agriculteurs. À tel point que les syndicats voient dans cet accaparement des terres un retour vers un système féodal, lequel ne laisse aucune, ou presque, marge de manœuvre aux agriculteurs occupant lesdites parcelles.

Ce dimanche 16 avril, c’est le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne qui manifestait contre l’extension de l’aéroport de Liège et, de manière plus générale, la bétonisation des terres cultivables en Belgique. Un cortège rassemblant 250 personnes a parcouru les terres menacées par le projet, ne manquant pas de rappeler que près de 350 ha de parcelles agricoles viendraient à disparaître suite aux travaux.

Si on ne peut nier que le développement de l’outil est économiquement porteur pour la région liégeoise et, plus largement, pour la Région wallonne, on peut s’interroger quant au fait de voir une si grande surface agricole être soustraite des mains de plusieurs familles d’agriculteurs. Et ce, alors que la Wallonie plaide depuis toujours pour le développement d’une agriculture familiale, en phase avec les attentes des consommateurs.

Le projet est d’autant plus étonnant que la Belgique a subitement pris conscience, suite au conflit russo-ukrainien, qu’elle dépendait trop largement des importations pour assurer l’alimentation de sa population et l’approvisionnement de l’industrie agro-alimentaire en certains ingrédients. Réduire la surface agricole belge de quelques centaines d’hectares par-ci, par-là ne fera qu’aggraver la situation.

Les projets « Colruyt » et « Liège Airport » ont également pour point commun d’accroître la pression sur les terres agricoles disponibles ; un phénomène se traduisant par une hausse de leurs prix. Alors que la profession peine à se rajeunir, il est évident qu’une conséquence telle que celle-ci ne peut que compliquer, voire empêcher, l’installation des jeunes agriculteurs.

L’accès à la terre conditionne l’accès au métier d’agriculteur, mais aussi le développement économique et nourricier des fermes. En Belgique, chaque gouvernement se dit conscient du problème et affirme vouloir agir avec force. En témoigneraient le plan « Stop Béton » adopté par le Gouvernement flamand ou encore l’engagement pris par le Gouvernement wallon à ne plus artificialiser son territoire d’ici… 2050.

Si chaque ministre de l’Agriculture, à son échelon de pouvoir respectif, affirme vouloir protéger l’outil de production de nos agriculteurs, cela doit désormais passer par des actions concertées avec les autres ministres, en charge notamment des Infrastructures, de l’Aménagement du territoire ou encore de l’Environnement afin que nos terres nourricières soient une bonne fois pour toutes protégées des investisseurs et acteurs économiques gourmands en espace.

J. Vandegoor

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