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Le parlement européen s’attaque encore au Pacte Vert

Pour garantir la sécurité alimentaire sur le long terme au sein de l’UE, le parlement recommande à la commission, dans une nouvelle résolution, d’analyser en profondeur l’impact des objectifs du Pacte Vert avant d’aller plus loin dans la procédure législative.

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I nquiets de l’impact des objectifs du Pacte Vert sur la sécurité alimentaire dans un contexte de crises (Covid-19, guerre en Ukraine, climat), les eurodéputés appellent dans une résolution adoptée à une large majorité, la commission à procéder à une évaluation détaillée de leur impact sur l’agriculture européenne.

Ils estiment que certaines mesures proposées pourraient nuire à la sécurité alimentaire de l’UE à long terme tout en menaçant la viabilité des exploitations, en particulier celles de petite et moyenne taille.

Les pesticides investissent à nouveau le débat

Préparé par l’Allemande Marlene Mortler (Démocrates-chrétiens), membre de la commission de l’Agriculture (Comagri), ce rapport dénonce vivement la proposition législative très controversée de la commission sur l’utilisation durable des pesticides. C’est tout sauf une surprise puisque depuis des mois, la droite (PPE, conservateur, extrême) ainsi que certains centristes et socialistes font pression sur la commission pour qu’elle retire ce texte.

La résolution déplore le manque d’évaluation réalisée en amont afin de mesurer les impacts sur la production alimentaire, la compétitivité de l’agriculture de l’UE, les agriculteurs, les dépendances vis-à-vis des importations, les prix des denrées alimentaires ou encore la propagation d’organismes nuisibles. La commission européenne devrait présenter début juillet des éléments complémentaires sur ces points précis.

Au lieu de réduire leur utilisation, le parlement européen invite Bruxelles à garantir la disponibilité des produits phytopharmaceutiques en quantité suffisante en accélérant l’autorisation et en évitant les retards ou encore en trouvant les outils adaptés contre les ravageurs et les maladies. Ces dispositions permettront ains i d’éviter des pertes de production alimentaire, estime-t-il.

Une position qui est loin d’être partagée par l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau qui s’est insurgé contre cette position qui utilise « la guerre en Ukraine pour défendre un système agricole libéral, déconnecté des grands enjeux environnementaux et climatiques actuels ». Avant de dénoncer le choix de tourner le dos au Pacte Vert, ce qui selon lui, est « irresponsable », en particulier sur la question des pesticides.

Présent lors du débat précédant le vote, le commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a souligné « l’importance de mettre en œuvre la transition verte dans le cadre du Green deal tout en tenant compte aussi de la sécurité alimentaire   ».

Les NBT courtisés

Pour garantir la sécurité alimentaire sur le long terme, le parlement demande également à la commission de promouvoir l’utilisation et le développement de plantes issues de nouvelles techniques de sélection génomiques (NBT) dans le respect du principe de précaution.

L’objectif est d’augmenter durablement les rendements et de rendre les cultures plus résistantes au changement climatique et aux nouveaux agents pathogènes, indique le rapport. Dans cette perspective, les eurodéputés recommandent à l’exécutif européen de promouvoir un dialogue à l’échelle de l’UE afin d’éduquer le public sur les différences entre les plantes OGM et ces nouvelles méthodes de sélection.

Très satisfait du résultat, le Copa-Cogeca estime que « le rapport complète les lacunes et les angles morts du Pacte Vert en proposant un cadre plus cohérent et durable pour le secteur agricole européen ». « La question est maintenant de savoir si le Parlement européen tiendra une position cohérente vis-à-vis des propositions législatives controversées de la commission sur la restauration de la nature, l’utilisation durable des pesticides ou encore la directive sur les émissions industrielles », souligne l’organisation professionnelle. La commission voudrait conditionner la présentation de la proposition sur les nouvelles techniques de sélection génomiques (NBT) à des avancées concrètes sur les autres dossiers que sont le règlement sur l’utilisation durable des pesticides et les proposi tions de restauration de la nature.

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