Comment bien gérer nos jardins malgré la météo pluvieuse ?
Depuis des mois, les périodes pluvieuses se succèdent et nos sols sont détrempés. Certains jardiniers ont pu profiter de situations de drainage favorables de leur potager et travailler entre deux averses. Mais d’autres restent en attente… Pour les maraîchers professionnels, l’enjeu est encore plus important puisque la perte financière les guette. Eux, en premier chef, ont dû affronter énormément de difficultés dans les champs.

Le sol est compacté, la structure est dégradée. Dès que ce premier sera bien ressuyé et que l’accès sera permis, nous essayerons progressivement de l’aérer. Un décompacteur ou une fourche-bêche permettra de décompacter en profondeur sur toutes les surfaces libres. Ce travail pourra être réalisé avec ou sans retournement, avec un bêchage ou avec des outils souleveurs à dents. Le plus difficile sera d’être suffisamment patient afin de ne pas malaxer la terre trop humide. Cela pourrait avoir pour conséquences de détruire complètement et pour longtemps la structure.
Les roto-fraises : à utiliser uniquement sur des sols ressuyés
Le travail à la fourche-bêche ou avec des outils à dents appropriés permet de traiter une couche d’environ vingt centimètres de profondeur. Cette profondeur peut varier en fonction des travaux antérieurs effectués à cet endroit. L’outil est enfoncé et un soulèvement partiel permet d’atteindre l’objectif. Si le sol est paillé, nous pouvons éventuellement enlever le paillis.
Comme déjà évoqué en janvier, pour ceux qui utilisent des roto-fraises, il faut faire preuve d’une grande prudence. Ces outils permettent l’obtention d’une structure émiettée. Il est impératif que le sol soit très bien ressuyé sur toute la profondeur du profil travaillé ! Dans le cas contraire, nous le malaxerions en vue de préparer un « béton ». Les résultats de nos cultures ne pourraient qu’être déplorables.
Retenons donc bien qu’il faut savoir patienter avant d’intervenir. La terre doit pouvoir être travaillée librement. Pour nous en assurer, nous la prenons dans la main et nous serrons. Si elle se délite, elle est ressuyée. Par contre, si elle reste compactée en une masse dans notre poing, cela signifie qu’elle n’est pas ressuyée et nous devons encore attendre.
Un sol de la région limoneuse de Belgique peut absorber jusqu’à environ 8 l par m² et par heure. C’est un ordre de grandeur. Lorsque les pluies sont plus abondantes, la surface du sol est battue, provoquant des écoulements qui transportent l’eau vers d’autres parties du terrain. Nous ne pouvons rien faire d’autre que d’attendre.
Par ailleurs, avec une vision sur le long terme, poursuivons nos efforts de plantation et d’entretien de haies et d’espaces sauvages dans le jardin. Ces derniers concourent à l’équilibre général y compris la gestion de l’eau…
Les tâches à réaliser rapidement pour sauver les cultures
Si des cultures sont en place, essayons de les sauver. Comme dit précédemment, nous essayons progressivement d’aérer le sol. Cependant, il faut éviter de soulever et déraciner les plantes cultivées présentes. Ce travail n’est donc possible que de manière limitée et locale. Un binage permet de réaliser cette opération dans presque toutes les situations.
Quand c’est possible, nous pouvons butter légèrement les plantes. D’une part, cela permet une certaine aération en profondeur de l’interligne. D’autre part, certaines espèces végétales ont la possibilité de former de nouvelles racines le long de tige récemment recouverte de terre. C’est notamment le cas des choux.
Enfin, il est parfois nécessaire de remplacer la culture par une autre. Pour donner des chances de réussite, nous décompactons le sol sans le retourner. Il faut ensuite l’affiner en surface pour permettre le nouveau semis ou la nouvelle plantation.
Différentes techniques possibles pour le drainage
Les derniers étés secs nous ont peut être fait oublier que la météo belge pouvait aussi être aussi pluvieuse… Pour les jardins qui ne se drainent pas facilement, n’hésitons pas à envisager la culture sur ados. Cette technique ancestrale garde toute sa valeur. Si de l’eau stagne cet hiver sur notre terrain, elle est plus que recommandée.
Nous pouvons aussi recourir au drainage de surface ou souterrain. Le choix dépendra de la différence de niveau par rapport à l’exutoire, de la présence éventuelle d’une couche imperméable sous la zone ameublie de surface et de la configuration générale de la parcelle.
La topographie de la parcelle et le niveau de l’exutoire permettent de dresser le plan du réseau de drainage. Celui-ci pourra combiner plusieurs techniques, tenant compte de qui existe déjà : cours d’eau, fossés, rigoles, sorties de conduites, drainage souterrain.
Les fossés conviennent bien pour des sols peu profonds. Ils peuvent être écartés d’une cinquantaine de mètres, même un peu plus. Ils sont taillés à une profondeur plus grande que le rabattement souhaité de la nappe. Notons qu’il faut bien étaler la terre de surface lors du creusement du fossé pour éviter d’avoir une retenue latérale d’eau en cas de précipitation violente.
Pour les drainages souterrains, les drains seront enrobés d’une couche filtrante pour les sols ayant moins de 20 % d’argile.
Et bien sûr, rappelons qu’il est interdit de faire s’écouler l’eau chez le voisin. Le Code civil règle ces cas.
Un drainage pour évacuer les excès d’eau à certains moments de l’année et de l’irrigation en cas de sécheresse prolongée sont des techniques complémentaires.
Sur les sites où les semis et plantations ont été réalisés, nous constatons des signes de perturbations. Les plantes ne se développent plus, le feuillage montre des signes de pâlissement. Lorsque le sol est gorgé d’eau, les racines ne parviennent plus à assurer leur fonction d’absorption et la plante montre des signes de flétrissement.
Les racines brunissent et pourrissent. Les vaisseaux de la partie basse de la tige brunissent également. La plante flétrie, avec les feuilles basses qui se nécrosent, ne se développe plus.
Les semis réalisés peu avant les inondations peuvent être complètement ratés. Les semences pourrissent, asphyxiées au moment de leur germination. La croûte durcie en surface empêche la levée. Les plantules qui ont pu émerger du sol jaunissent, sous alimentées suite au manque d’activité des organismes actifs dans la minéralisation des matières organiques.
Toute la parcelle peut être atteinte, mais certaines zones peuvent en souffrir plus à cause de la configuration des lieux ou l’état initial de la structure et de la texture du sol.