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Lutte contre l’IBR : la vaccination n’est pas la seule clé de réussite!

En raison de la dégradation de la situation, de plus en plus d’éleveurs et de vétérinaires remettent en question le programme de lutte contre l’IBR. Dans un avis, le comité scientifique de l’Afsca indique qu’un arrêt immédiat de la vaccination n’est réalisable que s’il est associé à une série d’améliorations, notamment en matière de biosécurité et de contrôle des établissements commerciaux.

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« À l’automne 2024 et au début de l’année 2025, plusieurs foyers d’IBR sont apparus dans des exploitations auparavant indemnes, entraînant l’abattage des troupeaux concernés. Cela a provoqué une grande inquiétude dans le secteur, et de nombreux éleveurs souhaitent vacciner afin de mieux protéger leurs animaux contre une (ré)infection », indique le comité scientifique de l’Afsca dans un avis prochainement publié. Ainsi, cette année, 58 exploitations belges auparavant indemnes ont perdu leur statut, selon l’association flamande DGZ. Une situation épidémiologique prise en compte par les autorités qui avaient reporté l’arrêt de la vaccination, initialement prévue, le 1er avril, au 1er novembre 2025.

Toutefois, face au contexte actuel, le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval a déjà annoncé son intention de reporter une nouvelle fois la date limite de l’arrêt de la vaccination à novembre 2027.

La Belgique souhaiterait ensuite demander son statut indemne d’ici 2030, au lieu de 2027, ce qui offrirait davantage de temps pour atteindre son objectif.

Plus de vigilance pour les exploitations « non conventionnelles »

De son côté, le comité scientifique de l’Afsca a émis un avis assorti d’un certain nombre de conditions pour une réduction progressive et sûre de la vaccination. « La situation épidémiologique ne permet pas d’arrêter immédiatement la vaccination. Si la réduction rapide de la vaccination est nécessaire, elle doit être couplée à des améliorations structurelles en matière de biosécurité, de contrôle commercial et de surveillance des exploitations non conventionnelles (ndlr : comme les étables de négoce, les centres de rassemblements… »).

Des centres d’engraissement et des étables de commerce identifiées par l’agence comme « une source continue de contamination pour les autres exploitations ». D’après elle, dans bon nombre de ces exploitations non conventionnelles, le virus de l’IBR est encore présent aujourd’hui, ce qui en fait une source permanente d’infection.

« D’année en année, l’achat de bovins infectés provenant du commerce demeure la principale cause de propagation de l’IBR. La biosécurité est le pilier principal du programme de lutte contre cette maladie. Elle repose sur le principe de séparer les animaux sains de ceux infectés. Ce dernier point n’a pas encore été atteint dans le commerce, d’où la problématique actuelle », explique déclare le porte-parole de la DGZ, Mich Gillis.

Pour l’Afsca « le mélange d’animaux de différentes origines chez un négociant est dangereux et devrait être empêché ». Hans Nauwynck, membre du comité scientifique ajoute à ce sujet : « Le commerce a toujours échappé aux mesures de lutte contre l’IBR ».

Afin d’éviter que des animaux de statuts différents ne puissent encore entrer en contact, le comité recommande dès lors de rendre obligatoire l’enregistrement et la traçabilité des mouvements de bêtes dans le commerce. De plus, les activités commerciales et d’engraissement ne devraient plus être combinées sur un même site. « Cette combinaison d’activités représente un risque majeur d’introduction de nouvelles infections dans la chaîne commerciale et devrait idéalement être interdite ».

Et afin de mieux cerner la situation dans ces exploitations à risque, une législation est actuellement en préparation, indiquent le cabinet de Clarinval et le SPF Santé publique.

Mieux cibler ces traitements

Une stratégie de lutte trop centrée sur la vaccination donne aux éleveurs un faux sentiment de sécurité, estime, en outre, le comité scientifique de l’Afsca. « La vaccination est efficace, mais tant que des introductions ont lieu, c’est comme écoper une barque qui fuit », souligne Hans Nauwynck. « Ce serait dommage, au vu de tous les investissements déjà consentis par les éleveurs, de recommencer une vaccination généralisée. Le programme IBR reviendrait alors à son point de départ ».

La question n’est donc pas de savoir s’il faut reprendre une vaccination massive, mais plutôt où et quand il faut recourir à une vaccination ciblée. Il est recommandé de vacciner de manière intensive et prolongée dans les exploitations d’engraissement, en administrant un vaccin intranasal à l’arrivée des animaux, puis en renouvelant la vaccination tous les six mois.

« En cas de flambée, la vaccination doit également permettre de reprendre le contrôle de la situation », complète le comité scientifique.

Les étables de commerce, quant à elles, ne devraient pas vacciner, afin de permettre une détection rapide des animaux infectés dans les exploitations de destination, les résultats des tests étant, en effet, moins fiables chez les bêtes traitées.

Enfin, le comité scientifique recommande également d’autres améliorations en matière de surveillance et de biosécurité. Parmi elles : les éleveurs doivent appliquer plus strictement la quarantaine des nouveaux animaux, et les intervenants extérieurs doivent systématiquement utiliser des vêtements, chaussures et matériels médicaux propres à l’exploitation.

« Il appartient maintenant au secteur et aux décideurs politiques de mettre nos recommandations en œuvre. Le dernier sprint est le plus difficile », conclut Hans Nauwynck.

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