Récolte de pommes de terre 2018: coup d’œil sur les perspectives de valorisation
Sur la base de ce que nous vivons actuellement, le modèle de contrats « tonnes » a fait définitivement preuve de ses limites en matière de durabilité économique.
Par : Le Sillon Belge
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Depuis plus de deux mois, les marchés libres ont intégré la faiblesse des productions européennes (voir figure). Les cours des variétés industrielles s’établissent ainsi à 25 €/q minimum en Fontane, Challenger et Innovator, avec des prix jusqu’à 30 €/q en top-qualité et/ou pour livraison retardée. Bintje montre des prix différenciés selon sa qualité : les meilleurs lots de la qualité standard (rares et peu offerts) se négociaient début novembre entre 18 et 25 €/q – c’est le cas pour des petits volumes à destination notamment des éplucheurs – tandis que les lots à (gros) problèmes se situaient entre 10 et 15 €/q, principalement en fonction du taux de flottantes et du PSE après bain de sel. À moyen terme, tous les cours devraient rester élevés au cours de la saison.
Marchés du frais
Sur les marchés intérieurs du frais, les problèmes de qualité réduisent les volumes disponibles, et les prix sont également partis à la hausse : autour de 30 €/q en variétés à chair tendre Challenger, Artemis, Melody…) et de 30 à 40 €/q en chair ferme selon variété, calibre et lavabilité. L’exportation de pommes de terre fraîches devrait être freinée par les prix élevés, notamment vers l’Afrique.
La valorisation sous contrat s’annonce aussi compliquée car des volumes importants manquent pour honorer les engagements. À ce jour, et malgré les concertations récentes tenues entre l’AgroFront et Belgapom, aucun accord interprofessionnel n’a pu être trouvé en Belgique pour tenir compte – au moins partiellement – de la notion de force majeure liée aux conditions climatiques exceptionnelles.
Contrats…
Dans le cadre des contrats « hectares », faisant référence à une surface ou à une parcelle précise, l’obligation de livraison s’arrête généralement à la production telle qu’elle est, moyennant le respect des normes de qualité.
Ce qui n’est pas le cas en contrat « tonnes », du moins sous leur forme actuellement existante dans notre pays. Dans le cadre de ceux-ci, il y a théoriquement, les acheteurs (industrie et négoce) qui sont donc appelés à faire preuve de souplesse dans les réceptions (en quantité et en qualité), tandis que les vendeurs (négoce et producteurs) sont invités à être transparents dans leurs ventes entre contrats et marché libre, ou dans l’approvisionnement de leurs différents clients.
… et défaillances
En cas de manquement, des compromis sont – ou seront – trouvés selon les types de contrat, les situations individuelles et les relations commerciales entre partenaires. Entre facturation (pleine ou partielle) des volumes manquants et amnistie partielle ou complète, des voies intermédiaires, telles que le recours à une autre variété de l’exploitation, ou le report sur une ou plusieurs années ultérieures (à des conditions discutées) sont pratiquées. Dans tous les cas, la perte pour le vendeur est bien réelle.
Notons que pour le marché du frais, très peu de problèmes sont signalés, les acheteurs passant généralement l’éponge sur les volumes et qualités éventuellement défaillants.
pommes de terreLa faible disponibilité en plants de pommes de terre obligera les patatiers à recourir au coupage. Cette technique requiert néanmoins la plus grande prudence, afin de ne pas mettre en péril sa production future.