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Le ministre Collin rencontre les forestiers, qui se sentent les grands oubliés

Le ministre wallon en charge de la Forêt, René Collin, a rencontré des représentants de la filière bois et des propriétaires forestiers mardi, au premier jour des démonstrations forestières de la Foire de Libramont à Bertrix. Les forestiers ont fait part de leur incompréhension par rapport à certaines mesures prises dans le cadre de la lutte contre la peste porcine africaine (PPA) et tirent la sonnette d’alarme par rapport à la situation économique des PME du secteur.

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«Il y a un certain mécontentement au niveau de l’ensemble de la filière bois par rapport à la PPA. 30.000 hectares de forêts sont bloqués, inaccessibles aux travaux forestiers. La seule possibilité est d’aller chercher les bois scolytés. Cela cause de gros soucis financiers et de trésorerie. Certaines entreprises du secteur ont déjà dû arrêter leurs activités», a exposé François De Meersman, de la Confédération belge du bois, au cours d’une table ronde présidée par le bourgmestre de Bertrix.

Quelque 250 emplois sont menacés dans l’ensemble de la filière forêt-bois, alerte-t-on. Les forestiers, qui font valoir leur gestion de bon père de famille et leur expertise de terrain, déplorent de n’avoir pu réaliser, depuis 10 mois maintenant, aucun des travaux «pourtant indispensables» au maintien et au renouvellement de la forêt, d’autant, et cela leur reste en travers de la gorge, que les promeneurs peuvent à nouveau, depuis avril, accéder aux chemins et sentiers sur plus de 16.000 ha situés en zone noyau et zone tampon. Les forestiers et propriétaires de parcelles se sentent dès lors «oubliés» du ministre, comme ils ont pu le lui montrer, mardi à Bertrix, en arborant des tee-shirts oranges au message explicite. Les forestiers demandent également que la dérogation leur permettant de sortir des zones concernées par la PPA des épicéas attaqués par des scolytes soit élargie, car d’autres essences, comme le mélèze, sont également attaquées par les coléoptères. Ils réclament également une indemnisation qui aille au-delà des quatre millions d’euros déjà débloqués par le gouvernement wallon pour les pertes d’activité et d’investissements. Les prix des bois risquent en effet de chuter, ce qui entraînera un manque à gagner pour les exploitants.

En réponse à ces interpellations, le ministre Collin a rappelé que «la priorité est de se débarrasser du virus de la PPA» et de «continuer le plan mis en œuvre», lequel a été salué par les experts. Le ministre a également dit «assumer» ses décisions, disant se fonder sur l’avis unanime des experts et notamment du conseil scientifique de l’Afsca qui lui a recommandé de ne pas assouplir les mesures prises. Le ministre sortant a proposé la tenue d’une réunion à la fin de la semaine entre le conseil scientifique de l’Afsca et des représentants des forestiers pour que ces derniers fassent valoir leurs arguments. «J’espère que l’on va finir le travail et que l’on sera débarrassé de la PPA d’ici la fin de l’année», a-t-il encore appelé de ses vœux, renvoyant au prochain gouvernement wallon le soin de finaliser la question de l’indemnisation pour le manque à gagner subi par le secteur forestier en raison de la PPA.

Autre motif d’inquiétude, sans doute plus grave encore, pour le monde forestier: les attaques de scolytes qui déciment des pans entiers de la forêt wallonne et, plus largement, les conséquences du réchauffement climatique qui se font déjà ressentir. «A côté de la PPA, nous vivons une crise sanitaire sans précédent», s’est alarmé Frédéric Petit, expert forestier, rappelant les «attaques massives de scolytes sur les épicéas» mais aussi les pathogènes attaquant les mélèzes, douglas et autres résineux, ainsi que le hêtre, le chêne, le frêne... L’expert a plaidé pour la généralisation à la Wallonie d’une prime au reboisement accordée actuellement en province de Luxembourg. Une idée soutenue par un ministre Collin, en fin de parcours gouvernemental, qui a rappelé la priorité du moment, à savoir «sortir les bois scolytés» pour freiner l’épidémie. Le problème est que la présence de la PPA a justement ralenti les interventions en ce sens dans le sud de la province de Luxembourg, aggravant dès lors le problème des scolytes. Tous les intervenants autour de la table, parmis lesquels des responsables politiques MR, Ecolo, PS et cdH, ont convenu de la nécessité de poursuivre et d’amplifier les efforts d’adaptation de la forêt wallonne aux changements climatiques, ce qui passera inévitablement par la plantation d’essences forestières différentes et qui étaient jusqu’ici davantage implantées dans des régions plus méridionales que la Wallonie.

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