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Abattage sans étourdissement: accord politique en Flandre pour une interdiction dès 2019

Un accord politique s'est dégagé en Flandre pour interdire l'abattage d'animaux sans étourdissement préalable à partir de 2019, dans un dossier sensible confrontant le bien-être animal à des considérations religieuses et économiques.

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Le soutien politique à une interdiction croît en Flandre depuis plusieurs années, mais les propositions de décret avancées jusqu'ici ont buté sur des avis critiques du Conseil d'État.

La haute instance considère qu'une interdiction généralisée de l'abattage sans étourdissement, qui supprimerait donc la dérogation accordée pour l'abattage rituel, constituerait une restriction disproportionnée et incompatible avec la liberté de religion. Le Conseil d'État recommandait à mi-mot une solution concertée avec les communautés religieuses, musulmanes et juives notamment.

Le secteur de la viande et des abattoirs faisait quant à lui discrètement valoir le risque de perdre une partie non négligeable de ses rentrées, d'autant que la viande abattue sans étourdissement, selon les prescrits rituels, pourrait toujours être importée de l'étranger. L'organisation de défense des animaux Gaia se faisait quant à elle de plus en plus pressante, organisant manifestations et campagnes médiatiques.

Mais le ministre flamand du Bien-Être animal, Ben Weyts, ne parvenait pas à obtenir l'accord de ses partenaires de gouvernement, et du CD&V en particulier. Il avait donc désigné un médiateur en la personne de Piet Vanthemsche, ancien patron du Boerenbond, la puissante alliance agricole flamande, et ex-administrateur-délégué de l'Agence fédérale de sécurité alimentaire (AFSCA), estampillé CD&V. Celui-ci a mené à bien les concertations et a présenté mercredi ses recommandations en commission du parlement flamand.

C'est sur base de ces recommandations que les partis de la majorité gouvernementale (N-VA, CD&V, Open Vld) se sont accordés sur une interdiction de l'abattage sans étourdissement préalable, à partir de 2019.

Pour les ovins, petits ruminants et autres, l'étourdissement réversible par électronarcose sera la règle avant tout abattage. Cette technique n'est pas encore au point pour les bovins. On recourra donc à celle du «post cut stunning», soit l'étourdissement juste après l'égorgement. L'objectif reste toutefois de rendre l'électronarcose efficace pour 2019, a relevé Ben Weyts.

Gaia s'est réjouie de la nouvelle. «Je ne parviens pas à y croire», a réagi Michel Vandenbosch, président de l'organisation animalière. Il accepte le délais de 2019, nécessaire pour la rédaction du décret (et l'adaptation des procédures dans les abattoirs, NDLR), ainsi que la solution intermédiaire du «post cut stunning». L'université de Bristol travaille d'ailleurs sur une meilleure méthode, souligne-t-il.

En Wallonie, le ministre du Bien-Être animal Carlo Di Antonio (cdH), favorable à une interdiction, poursuivait les concertations en vue d'intégrer l'interdiction dans le futur Code du bien-être animal, mais deux propositions de décret ont précipité dernièrement le débat devant le parlement wallon, à l'initiative de Christine Defraigne (MR) et Josy Arens (cdH).

Les principales formations politiques du parlement (PS, MR, cdH et Ecolo) sont favorables au principe de l'interdiction. Elles ont convenu de procéder à des auditions à la mi-avril, de débattre et de voter dans la foulée.

(Belga)

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