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Le virus s’en va, le vil Russe s’en vient

Avant -mais c’était avant…-la guerre déclenchée par Poutine, le mot « Ukraine » était indissociablement lié à ses « terres noires » les plus fertiles du monde. Voir ce paradis agricole labouré par les chars russes et rougi par le sang des victimes est un vrai crève-cœur. Les conflits guerriers n’amènent jamais rien de bon : des souffrances incommensurables, des destructions, des pollutions, un gaspillage insensé de ressources et d’énergie, à l’heure où le dérèglement climatique menace l’humanité toute entière.

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Voici deux ans, le Covid-19 lançait son offensive sournoise sur l’Europe et le monde. Au début, personne n’y croyait réellement et s’en souciait comme d’une simple grippe, puis il fallut rapidement déchanter et subir les affres d’une pandémie absolument inattendue autant que cauchemardesque. Aujourd’hui, le coronavirus semble battre en retraite, remplacé hélas par une menace d’une toute autre nature : le vil Russe Poutine ! Zut, on pensait la hache de la Guerre Froide enterrée bien profond, sous un épais labour de traités internationaux… Que nenni ! Jusqu’à ce jeudi 24 février, la plupart des Européens imaginaient tous les scénarios, sauf un déclenchement aussi brutal des hostilités ; mais il faut bien se rendre à l’évidence, c’est reparti comme en ’14 et en ’39 ! Nous vivons réellement des années stupéfiantes, inimaginables, même dans nos pires cauchemars ! Cette guerre ukrainienne tombe au plus mauvais moment. Tout était gris depuis deux ans ; tout devient opaque aujourd’hui, noir comme les terres de ce magnifique pays agricole tiraillé entre Europe et Russie…

Notre cœur d’agriculteur saigne à la vue de ces plaines céréalières, de ces millions d’Ukrainiens pris en otages dans un immense jeu d’échecs géopolitique. Les qualités agronomiques du « tchernoziom » de la Steppe Pontique ne sont plus à démontrer : les agriculteurs du monde entier salivent d’envie à son évocation. On parle ici d’un limon argileux quasi noir d’humus, profond de plusieurs mètres (6 m en Ukraine), et qui s’étend sur des millions d’hectares ! Ce paradis pour cultivateurs a été créé par la nature au cours de centaines de milliers d’années, dans des conditions climatiques et biologiques bien précises, sur des alluvions glaciaires étalées sur une immensité qui défie notre imagination de petits fermiers Wallons. Les céréales n’y ont quasi-pas besoin d’engrais, dans l’absolu, et les méthodes sans labour apporteraient des résultats inégalables chez nous, même dans les meilleurs terroirs de la Hesbaye.

Voici 3.000 ans déjà, les Grecs de l’Antiquité venaient s’approvisionner en céréales dans leur colonie d’Olbia (= l’heureuse) du Pont-Euxin (mer Noire), cité portuaire située au sud de l’Ukraine. On dit de ce pays qu’il constitue le « grenier à blé de l’Europe », grenier guerrier aujourd’hui, qui risque à coup sûr d’être gravement pollué si des combats s’y déroulent comme en ’40-’45. En effet, parmi toutes les activités humaines, la guerre moderne est sans conteste la plus polluante ! Savez-vous combien d’essence consommait un « bête » tank Sherman en 1944 ? Plus de 500 litres/cent kilomètres ! Imaginez les millions de litres de carburant fossile brûlés chaque jour par les monstrueux blindés de l’armée russe ! Combien de millions de tonnes de CO2 seront dégagées au cours de ce conflit ? C’est tout bonnement effroyable en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de polluants volatils, de résidus de métaux lourds présents dans les munitions enrichies aussi bien au Cadmium, Uranium, Cobalt et autres joyeusetés ! En Belgique, nous sommes de vrais clowns, à nous amuser avec nos éoliennes, nos biométhaniseurs, nos panneaux photovoltaïques, nos énergies vertes, tandis que Poutine recourt sans état d’âme aux énergies noires… Pendant très longtemps, les pauvres Ukrainiens payeront fort cher leur résistance à l’ogre russe. Leurs terres noires seront-elles empoisonnées à jamais ? Probablement pas, car Poutine veillera sans doute à préserver pour lui ce trésor inestimable.

Ceci dit, au cours des années 1930, un autre vil Russe XXXL, Joseph Staline, s’en prit lui-aussi à la paysannerie ukrainienne, en assassinant par des exécutions de masse, en faisant mourir par la faim et la déportation quatre millions de « koulaks » (petits fermiers propriétaires), lors de l’« Holodomor » (= extermination par la famine). Le « Petit Père des Peuples » avait décidé de collectiviser les terres agricoles et d’éliminer les paysans récalcitrants. On comprend mieux pourquoi les Ukrainiens se méfient des Russes comme de la peste, pourquoi ils désiraient tellement rejoindre le giron protecteur de l’Union Européenne et de l’OTAN.

Trop tard… L’Histoire bégaye sans fin, et la guerre est aux portes de l’Europe des œuvres de Poutine, Tsar machiavélique et vil Russe mortel pour la Paix dans le monde.

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