Début juin, à l’occasion de la semaine bio, la Cellule transversale de recherches en agriculture biologique du Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w) organisait une visite de son verger bio. Celle-ci a été précédée d’une intervention de Damien Winandy, directeur de la direction de la qualité à la Dgo3 (direction générale opérationnelle Agriculture, Ressources naturelles et Environnement), sur les réglementations européennes et wallonnes s’appliquant à l’arboriculture fruitière bio.
Régie par l’Europe
« Afin d’encadrer l’agriculture bio, y compris la fruiticulture, l’Union européenne a adopté deux règlements en 2007 et 2008. Ceux-ci définissent les objectifs et principes généraux du mode de production biologique », explique M Winandy.
Selon ces principes généraux, une exploitation faisant le choix du bio ne peut se consacrer qu’à ce mode de production. « Toutefois, on accepte qu’une exploitation soit scindée en deux unités bien définies, l’une bio, l’autre conventionnelle. » Ceux-ci entérinent également l’interdiction d’introduire des organismes génétiquement modifiés dans une exploitation bio.
Ces deux textes définissent encore les obligations européennes en matière de certification des exploitations et d’étiquetage des produits issus de l’agriculture biologique. Les règles d’échanges commerciaux avec des pays tiers, notamment en matière d’équivalence, y sont également reprises.
Se prémunir des nuisibles
L’arboriculture fruitière bio est soumise aux règles applicables aux productions végétales. « Ainsi, pour n’en citer que quelques-unes, les effluents d’élevage ou les matières organiques épandus doivent provenir de la production biologique, les engrais organiques et les amendements du sol utilisés doivent être répertoriés sur une liste positive jointe aux textes européens, l’utilisation d’engrais minéraux azotés d’origine chimique est interdite et les semences et plants utilisés doivent, sauf dérogation, être bio. »
Les agriculteurs bio se heurtent néanmoins à une difficulté majeure : lutter contre les adventices, ravageurs et maladies. Celle-ci doit être préventive et combine plusieurs techniques : choix des espèces et des variétés, techniques culturales adaptées, procédés mécaniques ou thermiques, mesures favorisant les prédateurs naturels… « En cas de menace avérée pour une culture, certains produits phyto repris sur la liste positive restrictive peuvent être utilisés », complète Damien Winandy.
Convertir l’exploitation et l’exploitant
« Pour augmenter la surface sous contrôle bio, il faut convertir l’exploitation mais aussi l’exploitant. Celui-ci doit changer sa manière de travailler et être convaincu par ce mode de production. »
Selon la législation, la période de conversion de l’exploitation débute dès la notification d’activité à un organisme de contrôle et sa mise sous contrôle. Dès le début de cette période, l’ensemble des règles du cahier des charges est d’application. « Tout non-respect peut entraîner la prolongation de la durée de conversion », insiste M Winandy.
Cette période de conversion dure généralement 2 ans mais a été portée à 3 ans pour les cultures pérennes telles que les fruitiers.
Certifiées et contrôlées
Les règlements européens ont été transposés en droit wallon via un arrêté pris en 2010 par la Région wallonne. Celui-ci encadre de manière stricte le processus de certification des exploitations et décerne leur agrément aux organismes privés chargés de la mise en œuvre du régime de contrôle et eux-mêmes contrôlé annuellement par la Région.
« Chaque exploitant est contrôlé au minimum une fois par an et, en cas de non-respect du cahier des charges, un système de sanction allant de la simple remarque à la suspension de l’exploitation a été élaboré. »
À quel coût ?
Les frais de contrôle et de certification payés par les opérateurs (producteurs, entreprises de préparation de conditionnement et d’importation, points de vente) aux organismes de contrôle agréés sont encadrés par les autorités. Damien Winandy : « Des barèmes ont été établis afin d’éviter que les organismes ne pratiquent des prix trop faibles, pour lesquels le contrôle ne peut être de qualité, ou trop élevés ».
« Bien souvent, les aides octroyées via le Plan wallon de développement rural permettent de couvrir les frais de contrôle », ajoute-t-il.
210 ha sous contrôle bio
Si la part d’agriculteurs bio ne cesse d’augmenter depuis une dizaine d’années, il n’en va pas de même dans l’arboriculture fruitière où l’évolution se fait en dent de scie.
Ainsi, en 2015, 210 ha de vergers étaient sous contrôle bio, soit à peine plus qu’en 2008 (209 ha). « De 2009 à 2014, ce nombre a fortement diminué suite au changement du régime d’attribution des aides. Aujourd’hui, il est à nouveau en hausse et on estime que 14 % des vergers wallons sont bio », conclut-il.
J.V.