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BIO-mimétisme

Temps de lecture : 3 min

Dans le jargon des nouveaux mots créés par les nouvelles modes, on commence à entendre parler de bio-mimétisme. Pour comprendre ce dont il s’agit, un livre, édité l’an passé chez Albin Michel, fait le tour de la question. Il est « écologiquement » au-dessus de tout soupçon, doublement préfacé, donc adoubé, par 2 chantres de l’écologie radicale : Nicolas Hulot et Jean-Marie Pelt.

L’auteur, Gauthier Chapelle, plaide « le vivant comme modèle ». Le biologiste, spécialiste des fonds marins de l’Antarctique, fait le tour de la planète en y distribuant bons points et mauvais points selon sa verte conscience.

Il y a plein d’idées intéressantes, parfois surprenantes, souvent pertinentes. Ainsi, les avions sont un bel exemple de biomimétisme. Cette invention de l’homme s’inspire des oiseaux, et l’observation des oiseaux permet d’en améliorer l’aérodynamisme.

Autres exemples : les crochets des capitules de bardane ont inspiré le velcro et les nageoires des baleines à bosse les pales d’éolienne.

Au chapitre des bilans « Carbone », il signale que l’homme moderne consomme, en termes d’équivalent énergétique, la dépense en travail physique de 400 esclaves de l’antiquité. Impressionnant !

L’affaire se corse quand il aborde, en un seul paragraphe, l’agriculture moderne. Chassez le naturel, les clichés reviennent au galop. « Il faut, dit-il, 10 calories fossiles pour produire une calorie de nourriture. Seuls, les légumes du jardin échappent à la dictature poisseuse (…) ».

Voltaire, lui, disait que ce qui est excessif devient dérisoire. Revenons donc sur terre et observons : Combien faut-il de jardineries autour de nos villes pour aider les jardiniers amateurs à faire pousser quelques légumes dans leurs jardinets ?

Quant à l’agriculture, elle n’a pas attendu qu’on invente le terme de biomimétisme pour le pratiquer. Quand on fabrique de l’azote, on fait comme les rhizobiums des légumineuses, on fixe l’azote de l’air (qui en contient 78 %) en le faisant passer de l’état gazeux à l’état solide. C’est une réaction endothermique, qui, certes, consomme de l’énergie, mais pour une tonne d’énergie fossile consommée, l’agriculture produit ensuite, en net, 5 tonnes d’énergie renouvelable.

Pour le phosphore, pareil. La transformation industrielle est une attaque acide de la roche phosphatée pour la rendre soluble, donc disponible dans la solution du sol. On ne fait qu’imiter l’acidification des exsudats racinaire. Utiliser directement le phosphate à l’état naturel reviendrait à déplacer les gisements. Un gaspillage monstre.

On entend souvent le terme d’engrais de synthèse. Archi- faux ! On n’invente pas, on ne synthétise pas de nouvelles molécules. On ne fait que de la transformation. Les matières minérales changent de forme, comme il se fait dans toutes les cuisines du monde. Lavoisier avait compris que rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. C’est exactement ce qui se fait en agriculture, et avec quelle efficacité !

Ce qui se crée, ce sont les nouveaux mots : Bio-inspiration, Bio-marketing, Bio-pesticide. Puissions-nous ne jamais avoir à inventer la Bio-désinformation.

JMP

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