Accueil Archive

Entamer la saison d’épandage

avec un matériel pleinement opérationnel

Qui veut aller loin ménage sa monture. Cet adage populaire s’applique également dans le domaine du machinisme agricole et s’y concrétise par des opérations de maintenance et d’entretien effectuées correctement et dans les délais impartis. Ceci est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de tonnes à lisier, matériels en contact fréquent avec des matières pouvant s’avérer particulièrement agressives et pouvant mettre à mal la longévité de certains composants. Passons en revue les différents points à prendre en considération lors de l’entretien d’un tonneau à lisier.

Temps de lecture : 10 min

Si l’entretien de routine de la machine peut être effectué à l’exploitation en respectant les prescriptions du constructeur, certaines tâches, plus sensibles ou délicates, doivent rester l’apanage des concessionnaires qui bénéficient à la fois de la compétence, de la main-d’œuvre qualifiée, de l’outillage et des ressources documentaires ad hoc. Sont notamment visées, à titre d’exemple, les opérations sur le train roulant, sur les éléments de sécurité (réglage de la soupape de sécurité…), ou encore sur des organes sous tension (ressorts…) ou sous pression (accumulateurs de pression…).

Sécurité avant tout

Pour la sécurité de l’opérateur, il est important de rappeler que les interventions sur une tonne à lisier ne sont pas sans risques. Outre les dangers en lien avec les phénomènes de dépression ou de surpression, des gaz nocifs ou inflammables, tels que le méthane, peuvent se concentrer ou se former dans la cuve. Il est à cet égard interdit de dételer la tonne lorsqu’elle est sous pression, ou de la laisser complètement ou partiellement remplie de lisier. La fermentation de celui-ci conduirait à une augmentation dangereuse de la pression à l’intérieur de la cuve. Il est impératif de veiller à ce que cette dernière soit dépressurisée avant d’entamer toute manipulation (serrage ou desserrage des trous d’homme et autres ouvertures…).

Dans la mesure du possible, les interventions sur ou dans la cuve doivent se faire de l’extérieur. L’extraction des pierres et autres corps étrangers peut ainsi se faire à l’aide d’une pelle ou d’un manche.

Si un travail à l’intérieur de la cuve s’impose, il faut veiller à ce que celle-ci ait été intégralement nettoyée et soit pourvue d’une aération maximale. L’entrée dans la cuve ne peut se faire que lorsque l’opérateur s’est équipé d’un masque respiratoire et, si possible, en présence d’une seconde personne.

Le risque d’embrasement étant par ailleurs élevé, il faut éviter d’approcher des corps incandescents ou des sources de combustion, qu’il s’agisse de matériel d’atelier ou d’une cigarette.

Lubrifier la pompe

La pompe constitue le cœur du tonneau. Il en existe plusieurs types sur le marché ; nous nous limiterons ici à la pompe vacuum à palettes, qui reste à l’heure actuelle la pompe la plus répandue. Pour les autres types de pompes, nous vous renvoyons aux instructions du constructeur.

La pompe à palettes nécessite une lubrification. Le niveau d’huile est donc à vérifier et l’appoint à réaliser si nécessaire. Le niveau d’huile minimal doit à tout prix être respecté. Dans le cas contraire, la pompe à engrenages assurant la lubrification de la pompe vacuum risque d’injecter de l’air dans le système, perturbant alors le fonctionnement de cette pompe.

En cas d’appoint, il est évident qu’il faut avoir recours à l’huile recommandée par le fabricant. Certains constructeurs préconisent également de nettoyer, en se référant à une procédure adaptée, la pompe à engrenages et le réservoir d’huile chaque année. Le pot d’échappement de la pompe peut, le cas échéant, être vidangé.

Il existe des supports à inclinaison réglable permettant de maintenir la pompe horizontale en toutes circonstances, quelles que soient la géométrie de l’attelage au tracteur et la dimension des pneumatiques. Cette position est la plus favorable pour une lubrification optimale de la pompe et mérite donc d’être ajustée.

La matière à pomper peut avoir une influence sur la longévité de la pompe. Un lisier plus épais requiert un temps de fonctionnement de la pompe plus long. Or, il est généralement considéré que le fonctionnement continu de la pompe vacuum ne doit pas excéder quelques minutes. Au-delà, il existe un risque de surchauffe, avec des conséquences néfastes pour certains organes de la pompe. Dans pareil cas de figure, il est conseillé de mélanger, homogénéiser le lisier et le rendre plus fluide.

Contrôler les palettes

Le contrôle de l’état des palettes de la pompe doit se faire régulièrement. La pompe comporte à cette fin une lumière permettant d’observer chaque palette, et ainsi d’y repérer de possibles dommages ou d’en estimer l’usure.

Plusieurs facteurs peuvent affecter les palettes : surchauffe, mauvaise lubrification, vide trop important… L’introduction de lisier dans la pompe peut aussi provoquer des dégâts importants. Si un tel incident devait survenir, il faut cesser le travail et nettoyer la pompe conformément au modus operandi imposé par le constructeur.

La rouille et le gel sont deux autres paramètres susceptibles de compromettre l’intégrité des palettes. Par temps froid ou après un arrêt prolongé de la machine, il est ainsi vivement conseillé de faire tourner la pompe manuellement avant de la solidariser à la prise de force du tracteur. Dans le cas contraire, les palettes pourraient voler en éclat sous l’action conjuguée de la rouille ou du gel les immobilisant et de la transmission faisant tourner le rotor.

L’apparition de rouille dans le corps de la pompe peut notamment survenir par la formation de gaz dans la cuve, remontant ensuite le circuit jusqu’à la pompe. Pour éviter ce phénomène, d’aucuns n’hésitent pas à conseiller d’isoler la pompe du reste du circuit lors du remisage de la machine en déconnectant la conduite vers la cuve et en plaçant un bouchon hermétique à la sortie de la pompe.

Minimiser l’usure de l’œillet d’attelage

Après la pompe, un coup d’œil peut être porté à l’arbre à cardans assurant son entraînement. Il sera contrôlé que les dispositifs de sécurité sont bien présents et en bon état avant de procéder à son graissage complet.

Restons à l’avant de la machine pour observer l’œillet d’attelage. Ce dernier est une pièce d’usure qui, assurant la liaison tracteur-machine, subit des contraintes importantes. Il ne faut pas hésiter à le graisser abondamment (au pinceau ou via les points de graissage, en fonction du type d’œillet) et très régulièrement afin d’en minimiser l’usure.

Dans le même but, le réglage de la géométrie de l’attelage avec le tracteur est important : l’usure prématurée de l’œillet risque d’autant moins de survenir que celui-ci est posé à plat sur le point d’attelage du tracteur.

Accorder le plus grand soin à la cuve

La cuve est le second élément primordial sur un tonneau. Comme signalé en préambule, elle subit au travail des contraintes de pression positive et négative importantes et doit absolument être dépressurisée avant toute intervention. Une inspection minutieuse de celle-ci doit être menée périodiquement dans le but de déceler toute anomalie.

La cuve doit faire l’objet d’un nettoyage régulier à grande eau, tant intérieur qu’extérieur, et a fortiori avant le remisage de la tonne. Cette opération permet d’offrir les meilleures conditions pour garantir la pérennité de l’acier galvanisé. Si la tonne est utilisée en hiver, ce nettoyage doit être plus méticuleux encore car le sel utilisé sur les routes est néfaste pour la galvanisation.

Il en est d’ailleurs de même pour certains liquides à épandre, raison pour laquelle il est judicieux de se renseigner à ce sujet avant d’épandre autre chose que du lisier ou de l’eau.

Les différents orifices de la cuve (trou d’homme…) doivent être refermés en respectant des couples de serrage précis et il est indispensable d’en garantir l’étanchéité. Pour ce faire, il est conseillé de pratiquer un vide d’air dans la cuve après en avoir refermé l’accès. Ceci aura pour conséquence de comprimer les couvercles sur leur logement respectif et en facilitera le serrage au couple préconisé. Après cette opération, la cuve doit être dépressurisée.

Sans négliger les équipements

Après la cuve en elle-même, l’attention se porte sur les équipements et accessoires de remplissage, de refoulement et de sécurité.

Les pièces mobiles des vannes sont ainsi graissées. La prise d’air présente sur la vanne d’aspiration est inspectée de manière à s’assurer qu’elle est propre et libre. Si une vanne est bloquée, il faut la débloquer en l’actionnant à plusieurs reprises. La débloquer en pénétrant dans la cuve ou en introduisant la main dans la vanne alors que la cuve contient encore du lisier est prohibé, vu le risque élevé de blessure.

Les tuyaux utilisés pour le pompage doivent bien entendu faire l’objet d’un nettoyage à l’eau après chaque épandage. Ce nettoyage se fait préférentiellement au-dessus de la fosse, pour ne pas salir les environs. L’état de ceux-ci doit être fréquemment passé en revue de façon à déceler d’éventuels dommages, à vérifier l’état des joints d’étanchéité et les colliers de serrage des raccords. Pour leur remisage, il convient de les stocker dans un endroit frais, sec et ventilé (éviter l’exposition directe et prolongée au soleil).

Lorsque la machine est pourvue d’un bras de pompage, les articulations de ce dernier font l’objet d’un graissage en règle.

La soupape de surpression est un organe de sécurité important ; elle doit être réglée de manière à se déclencher à une pression bien précise (voir manuel d’utilisation du tonneau). Ce réglage ne sert aucunement à ajuster le débit, mais bien de sécurité.

Pour vérifier la pression de fonctionnement de cette soupape, il suffit de mettre la cuve sous pression et d’observer sa pression de déclenchement. Si cette valeur ne correspond pas à la pression théorique requise, il y a lieu de faire procéder au réglage de la soupape de surpression.

Le fonctionnement de la soupape anti-débordement (soupape à boules) doit également être surveillé : cette soupape évite que du lisier entre dans le corps de la pompe vacuum.

Lors de l’utilisation de la tonne à lisier en période hivernale, cette soupape peut rester bloquée par le gel. Le risque d’intrusion de lisier dans la pompe est alors élevé. C’est pourquoi, en de pareilles circonstances, il est recommandé de ne remplir la première cuve qu’aux deux tiers de sa contenance. La vidange de cette première cuve provoquera ensuite le déblocage de cette soupape.

L’état général de l’éparpilleur est à observer. Le cas échéant, le réglage de la nappe d’épandage se fait par modification de l’inclinaison de la palette déflectrice (éparpilleurs droit et exact), par modification de l’angle de rotation (éparpilleur pendulaire) ou par modification de l’angle de l’éparpilleur (éparpilleur latéral à hélice). Il faut bien entendu s’assurer de la fermeture hermétique de la vanne d’alimentation avant toute intervention sur l’éparpilleur.

Vérifier les freins et le train roulant

Il est temps à présent de passer au train roulant. Outre le contrôle de l’état et de la pression des pneus, le serrage des écrous des jantes est à vérifier. Il convient, si nécessaire, de remplacer les bouchons de valve manquants. Les jeux, usures et serrages de différents éléments du train roulant peuvent eux aussi être vérifiés.

Si la tonne est munie d’un essieu suiveur ou directionnel, il est utile d’en graisser les articulations. Il est aussi de bon ton de s’assurer du bon fonctionnement et de la bonne étanchéité du (des) vérin(s) de blocage de l’essieu suiveur.

Les freins sont testés et leur état d’usure évalué. Les paliers d’axe de commande des freins sont à graisser. Les mêmes vérifications sont opérées au niveau du frein de stationnement, dont la tension du câble de commande est éventuellement ajustée. Pour les systèmes de freinage pneumatiques, il est nécessaire de se tourner vers le manuel d’utilisation de la machine (purge du réservoir d’air…).

Terminer par l’hydraulique et l’électricité

Enfin, l’attention doit se concentrer sur l’hydraulique et l’électricité : l’ensemble des circuits hydrauliques (bras de pompage, vannes hydrauliques…) est parcouru pour détecter toute fuite ou anomalie, avec les précautions requises (l’huile sous pression peut transpercer la peau et causer de graves blessures). Les flexibles usés ou endommagés sont à remplacer par leurs équivalents neufs, répondant aux mêmes critères de dimensions et de qualité que ceux définis par le constructeur.

Le fonctionnement du circuit électrique de travail, mais aussi la signalisation et l’éclairage, sont vérifiés au terme de cet entretien.

N.H.

La Une

Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs