Cette surpopulation entraîne également des difficultés pour les agriculteurs wallons. « Certains connaissent des pertes atteignant jusqu’à 10 % des surfaces cultivées », constate Willy Borsus « Diverses solutions pourraient être étudiées pour modifier la législation (étendre les périodes de chasse, encourager les plans de tirs…). »
Le ministre demande aussi à la Région wallonne d’encourager des actions permettant d’éviter tous contacts entre la faune domestique et les abats d’animaux sauvages, qui représentent le risque le plus important de transmission de pathogènes.
« Je soutiens bien entendu la chasse ainsi que les importants efforts déjà réalisés par les chasseurs. Mais sans actions concrètes supplémentaires pour réduire le nombre de sangliers, ce sont encore une fois les agriculteurs qui vont subir dramatiquement les conséquences d’une situation qu’ils n’ont pas souhaitée. Alors que le secteur agricole traverse déjà une crise sans précédent, il est complètement anormal de faire peser sur eux des pertes supplémentaires », commente le ministre fédéral.
Ce dernier exhorte en outre le ministre Collin à rétablir rapidement un équilibre « agro-sylvo-cynégétique » sur le terrain.
Des populations déjà régulées
En réponse à Willy Borsus, le ministre wallon de l’Agriculture et de la Nature, René Collin, a tenu à rappeler que les populations de sangliers sont régulées par l’exercice de la chasse. Dans le même but, l’application de mesures de destruction visant certaines espèces de gibiers a été significativement renforcée.
Le ministre Collin constate également que les forêts ont connu des fructifications exceptionnelles favorisant la reproduction des sangliers. Il a donc requis de son Administration, le 12 janvier dernier, de répondre dans les meilleurs délais à toutes les demandes d’autorisation de battues de destruction de suidés (famille de mammifères à laquelle appartient le sanglier). Objectif annoncé : éviter les dommages causés aux cultures, à l’élevage ainsi qu’à la flore en général.
Les chasses à l’approche et à l’affût sont quant à elles possibles tout au long de l’année tandis que la chasse en battue et au chien courant est ouverte du 1er août au 31 décembre en plaine et du 1er octobre au 31 décembre au bois.
Avec des possibilités d’indemnisation
Quant à la protection des parties lésées, et donc des agriculteurs, celle-ci est assurée par la loi du 14 juillet 1961 visant à assurer la réparation des dégâts causés par le gros gibier. En 2015, les agriculteurs wallons ont été indemnisés à hauteur de 337.612 € suite à des dégâts de sangliers. Un chiffre en diminution de 23 % par rapport à 2010, selon le ministre.
Afin de faciliter l’indemnisation des dégâts de la faune sauvage, le ministre soutient également, à concurrence de 83.000 €, un logiciel informatique « dégâts de gibier ». Celui-ci permet d’objectiver et d’harmoniser l’estimation des dégâts de façon à faciliter les arrangements à l’amiable et le paiement rapide des dommages tout en permettant une récolte statistique des dégâts agricoles. Les barèmes intégrés à ce logiciel sont le fruit d’un consensus issu d’une plateforme regroupant la Fédération wallonne de l’agriculture, la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs, la Fédération des chasseurs au grand gibier de Belgique, l’Union nationale des agrobiologistes belges ainsi que le Département de la Nature et des Forêts.
« L’extension des périodes de chasse, comme le préconise Willy Borsus, ne paraît pas opportune à la fois au regard du complexe équilibre forgée dans cette législation, et surtout de l’impératif de sécurité des personnes. Autoriser, par exemple, la chasse en battue systématique toute l’année se heurte aux principes élémentaires de précaution à l’égard des personnes et de la conservation de la nature », conclut René Collin.