
C’est que l’offre manque : la collecte est en recul et entre dans son creux saisonnier en Nouvelle-Zélande et les fabrications européennes ont reculé de 5 % sur novembre-janvier par rapport à la même période l’année dernière.
Faute de disponibilités les échanges mondiaux ont décroché cet hiver (-20 % sur novembre-janvier par rapport à la même période l’année précédente). Au sein de l’UE, les stocks aidés sont quasiment résorbés et les stocks totaux sont au plus bas, inférieurs à 80.000 t en janvier. Les stocks sont plus étoffés que les années précédentes aux États-Unis mais en lien avec une demande domestique prévue en hausse.
La hausse saisonnière de la collecte européenne devrait détendre quelque peu le marché au printemps, mais le manque d’offre pourrait de nouveau se faire sentir au 2nd semestre. Cela dépendra notamment du niveau de la collecte néo-zélandaise lors de la reprise de production à partir d’août et du rapport de prix entre le beurre et la poudre grasse qui guidera alors les choix de fabrication.
Nouvelle dépression sur le marché de la poudre maigre
Au contraire, les cours des protéines laitières replongent depuis février. La cotation française ATLA de la poudre maigre et le prix FOB départ Europe de l’Ouest ont perdu respectivement 355 et 400 €/t en deux mois et flirtent à présent avec le seuil d’intervention.
Les fabrications européennes de poudre maigre sont en retrait de 7 % d’un an sur l’autre sur novembre-janvier, mais la Commission européenne dispose toujours de 350.000 t en stock d’intervention.
La demande ne repart pas. Les échanges mondiaux ont reculé de 2 % par rapport à 2016 en janvier après une baisse de 11 % en regard à 2015 en décembre. En outre, l’Union européenne perd des parts de marché face aux États-Unis qui disposent de volumes accrus compte tenu de la hausse de collecte et peuvent commercialiser à prix encore plus compétitifs grâce à la très bonne valorisation de la matière grasse sur leur marché domestique.
Avec hausse saisonnière de la production, les stocks des industriels commencent à remonter. Sans un rebond -encore hypothétique- de la demande, la pression sur les cours de la poudre maigre ne peut donc que s’accentuer et le seuil de déclenchement de l’intervention devrait être atteint dans les prochaines semaines.
Les cours des fromages ingrédients marquent le pas
Malgré le recul de la collecte, les fabrications européennes de fromages se sont maintenues fin 2016 ainsi qu’en janvier 2017. Les échanges mondiaux de fromages sont restés dynamiques début 2017 : +3 % par rapport à 2016 en janvier après + 6 % vis-à-vis de 2015 au dernier trimestre 2016. Les exportations européennes, qui ont même progressé de 13 % en janvier, ont retrouvé leur niveau record de 2013 grâce à des envois en nette hausse vers le Japon, la Corée du Sud et les Émirats Arabes Unis.
Toutefois, les cours des fromages ingrédients, qui s’étaient vivement redressés à partir du printemps 2016, repartent à la baisse. Le cours du gouda allemand a perdu 300 €/t depuis novembre (3.080 €/t en mars) et celui de cheddar océanien, qui s’était stabilisé entre décembre et février, a perdu 140 €/t en mars, à 3.450 €/t. Même s’ils s’éloignent ainsi de leur pic de début 2014, ils restent supérieurs de respectivement 56 et 46 % à leurs bas niveaux de mars 2016.
Pour l’emmental, peu échangé sur le marché mondial, le cours qui se redressait plus lentement s’est stabilisé en mars à 4.160 €/t, soit 16 % au-dessus de son niveau 2016.
La hausse saisonnière de la collecte européenne peut expliquer une partie de la pression sur les cours des fromages qui devrait se poursuivre encore quelques mois. Mais les stocks de fromages européens étaient au plus bas en janvier et la détente pourrait donc rester passagère si la demande reste dynamique, à moins que la faible valorisation des protéines laitières ne se répercute indirectement sur celle des fromages.
