
Je ne vous apprendrai rien, celle-ci contient des nutriments spécifiques absents partout ailleurs : certaines protéines, du fer assimilable, et surtout cette fameuse vitamine B 12, appelée cobalamine, essentielle à la formation du sang, au bon fonctionnement du cerveau et du système nerveux. C’est pourquoi la purée « potiron-pomme de terre-carotte » de notre petite fée est enrichie d’un bon morceau de viande moulue, rouge ou blanche ! Et elle vous vide son assiettée sans en laisser une miette ! Bien entendu, ce menu a été conseillé par le pédiatre de l’ONE, lequel connaît son affaire sur le bout des doigts, je suppose. Si la vitamine B12 n’est pas présente dans l’alimentation des enfants, ceux-ci souffrent de malnutrition et sont parfois hospitalisés d’urgence, le plus souvent en raison d’un régime végétalien extrême !
Des photos prises dans des pays du Tiers-Monde montrent des enfants squelettiques, avec des ventres gonflés. C’est à présent le cas chez nous, en Belgique, en 2017 ! L’Association belge des Pédiatres s’inquiète de cette évolution. Des parents irresponsables, végétaliens ou végans, pensent bien faire en donnant du lait de riz et des purées sans gluten, mais les enfants de moins cinq ans ont impérativement besoin de B12, et de ces protéines qu’on trouve principalement dans les œufs et la viande. Les risques ne sont pas minces : lésions cérébrales, retard de croissance, problèmes cardiaques, anémie et sensibilité accrue aux infections et aux maladies. Ces parents « indignes », qui imposent à leurs enfants un régime végétalien, ont généralement une bonne formation intellectuelle. Selon eux, les pédiatres et diététiciens sont endoctrinés par un certain lobby alimentaire. Cela va trop loin : le végétalisme est devenu chez certains une idéologie, voire une religion ; ils sont dans le déni absolu, quant au côté omnivore de leur génétique humaine.
Le « scandale » des bébés mal nourris a le don de réveiller les consciences. Un timide retour en grâce semble se dessiner pour la viande. Ainsi, j’ai lu dans le dernier Science & Vie un article au titre provocant : « Environnement, santé, bien-être animal : faut-il encore manger de la viande ? ». Je craignais le pire ! S &V a la dent dure, quand il dissèque un sujet de société, et n’y va pas avec le dos de la cuillère à purée… Et bien, pas du tout ! L’article tord systématiquement le cou aux idées fausses.
Question santé, le magazine scientifique met surtout en garde contre la consommation excessive de charcuteries (saucisses, jambons, préparations, plats préparés) trop grasses et trop sucrées (!), beaucoup trop salées, bourrées de colorants, de conservateurs, etc. La viande rouge maigre et « nature » est bonne pour la santé, surtout pour les enfants, les mamans enceintes, les personnes âgées, les étudiants au moment des examens, les malades…, mais il est préférable de ne pas dépasser 500 grammes/semaine.
Question environnement et bien-être animal, S&V pose un sacré bémol sur les affirmations claironnées à tort et à travers. D’une manière générale, selon S&V, les animaux élevés à l’air libre ont un impact nul sur le réchauffement climatique, voire positif en ce qui concerne les ruminants nourris à l’herbe, dans un système lié au sol. Par contre, les porcs et les volailles élevés dans des bâtiments fermés, nourris industriellement aux céréales et au soya américain, présentent une empreinte écologique nettement plus pesante… De plus, craignent à raison les virologues, ces concentrations d’animaux risquent de produire un jour un virus mutant, du genre H5N1, susceptible de provoquer une pandémie dévastatrice parmi les humains. Globalement, l’article de S&V souligne le caractère indispensable de la viande dans notre alimentation, et dénonce plutôt les dérives de l’agro-industrie. À suivre donc…
Ce genre d’article me réconcilie avec mon métier, mais ma meilleure ambassadrice reste ma petite-fille, quand je la vois dévorer avec appétit sa purée au filet de veau, et me sourire de ses grands yeux bleus, la bouche toute « maquillée » de cette bonne nourriture, celle que mangent les fées…
