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En voie de rétablissement

La production laitière européenne a retrouvé de la vigueur dans presque tous les pays européens, grâce à un prix du lait redevenu stimulant. Elle se rétablit progressivement en Allemagne et en France.

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Après être repassée au-dessus de son niveau de 2016 en mars et avril, la collecte européenne a pratiquement retrouvé en juin et juillet son excellent niveau de 2015. À l’issue du 1er semestre, la collecte cumulée a ainsi presque égalé, à 0,5 %, près l’excellent niveau de 2016. Au 2nd semestre, elle pourrait dépasser de 2,5 à 3 % le niveau modéré de l’an dernier et ainsi s’approcher, voire égaler, le niveau record atteint en 2015. Auquel cas, la collecte européenne progresserait de 1 % d’une année sur l’autre. Presque tous les pays membres contribuent à son redressement. Seuls les pays scandinaves paraissent insensibles à la remontée du prix du lait.

Réveil de la collecte française

En France, la production laitière se rétablit lentement après avoir fortement reflué entre mi 2016 et mi 2017. En août, la collecte mensuelle n’était plus qu’à un fil de son niveau modéré de 2016, mais encore 4 % sous le très bon niveau de l’été 2015. Sur 8 mois, la collecte cumulée française accuse un retard de 3 % par rapport à 2016, avec des évolutions de plus en plus contrastées entre bassins laitiers.

La collecte française devrait normalement se redresser dans les prochains mois et connaître une hausse saisonnière prononcée, grâce à la conjonction de plusieurs facteurs favorables. Même si le cheptel laitier est moins étoffé, son potentiel laitier est loin d’être totalement utilisé, car les éleveurs ont nettement réduit la distribution de concentrés.

En premier lieu, le prix du lait à la production est redevenu stimulant, sous l’effet de l’envolée du cours du beurre et des indices de saisonnalité.

En outre, les laiteries desserrent les contraintes volumes. Les éleveurs peuvent désormais compter sur un prix de base (32 g MP et 38 g MG) supérieur à 330 €/1.000 l au 2e semestre 2017, en hausse de 10 % d’une année sur l’autre, et à mi-chemin entre le niveau moyen de 2015 et celui très bon de 2014 (365 €/1.000 l). Au 2nd semestre 2016, le prix de base était retombé à 300 €/1.000 l. Ensuite, au 1er semestre 2017, il est repassé légèrement au-dessus du niveau de 2015 (316 €/1.000 l).

Côté charges, le prix des intrants est relativement stationnaire, sans être bon marché.

De plus, les éleveurs semblent aussi disposer de réserves fourragères plus étoffées et de meilleure qualité que l’an dernier, même si les situations sont très contrastées d’une petite région naturelle à l’autre. La météo instable durant l’été a été source de précipitations très hétérogènes.

Reprise en Allemagne

En Allemagne, la production laitière se rétablit aussi, sous l’effet d’une baisse saisonnière retardée. En août elle a retrouvé le niveau de l’an dernier et en septembre celui de 2015. Après un net ralentissement entre mi 2016 et mi 2017, la production allemande devrait retrouver au 2nd semestre un très bon niveau, proche de celui de 2016, malgré un cheptel national en baisse de 60.000 têtes d’un printemps à l’autre (-1,4 %). La production reprend en premier lieu dans les Länder du Nord et du Sud où elle avait le moins fléchi, stimulé par un prix du lait (4,0 % MG et 3,4 % MP) remonté à 359 €/t en juillet (+55 % vis-à-vis de 2016). En revanche, la reprise est poussive dans les Länder de l’Est frappés par de nombreuses fermetures de grands élevages.

Relance au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, la reprise de production a débuté au printemps, après avoir nettement reflué en 2016, grâce à un cheptel stable. En juillet, la collecte a dépassé de 2 % son niveau de 2016, mais reste très en-deçà de son excellent niveau de 2015 (-7 %). Les éleveurs bénéficient désormais d’un prix du lait redevenu très stimulant (+35 % vis-à-vis de 2016 à 278 £/1.000 l en juillet), grâce notamment à la dépréciation de la livre. Converti en euro, le prix du lait s’est moins apprécié : +27 % par rapport à 2016 à 314 €/1.000 l.

Dynamisme en Pologne et en Irlande

La production laitière poursuit son expansion en Pologne et en Irlande, où la collecte nationale a progressé respectivement de +8 % et +5 % par rapport à 2016 au 1er semestre 2017. Dans ces deux pays, les éleveurs perçoivent les effets de la remontée des cours des ingrédients laitiers. En Pologne, à 1 318 zlotys/t en juillet, le prix du lait a presque retrouvé le très bon niveau de 2014, soit 311 €/1.000 l (+35 % par rapport à l’année précédente). En Irlande, le prix de base du lait est remonté à 335 €/1.000 l en juin (+100 € soit +43 % vis-à-vis de 2016). Au 1er semestre, le prix de base s’est ainsi établi à 326€/1.000 l (+80 € soit +33 % par rapport à 2016).

En Italie et en Espagne, la production progresse aussi, mais plus modérément, respectivement de +4 % et +3 % d’un printemps à l’autre. Le prix du lait a retrouvé de très bons niveaux en Italie (380€/1.000 l en Lombardie) sans égaler le record de 2014 (420 €). En Espagne, il a progressé plus modestement à 316 €/1.000 l.

Collecte bridée aux Pays-Bas

À l’inverse, la production laitière fléchit aux Pays-Bas depuis juillet (-2 % par rapport à 2016), après avoir marqué le pas au 1er semestre. La plupart des éleveurs doivent fortement réduire leur cheptel laitier pour se mettre en conformité avec la réglementation sur les déjections de phosphore. Au 1er semestre, ils ont davantage réformé (+70.000 vaches soit +30 % par rapport à l’année précédente), en premier lieu les vaches les plus âgées et les moins productives ce qui a mécaniquement accru la productivité du cheptel productif. Mais ils vont devoir poursuivre leurs efforts pour respecter l’engagement national.

À défaut de cheptel, la forte hausse du prix du lait (+50 % par rapport à 2016 à 362 €/t en juillet) incite les éleveurs à accroître la distribution de concentrés pour maximiser la productivité et tenter de maintenir leurs livraisons. En conséquence la production laitière nationale baissera modérément au 2nd semestre 2017.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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