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Des stocks abondants au 1er février

Les stocks belges de pommes de terre de conservation sont estimés, début février, à quelque 2,83 millions de tonnes, dont environ 25 % de Bintje, 40 % de Fontane et 35 % d’autres variétés. Il y a 4 ans à peine, Bintje occupait encore la moitié des stocks.

Temps de lecture : 7 min

L’évaluation des stocks en cours de commercialisation reste un élément de première importance pour appréhender l’évolution des marchés. Pour la 20e année consécutive, une enquête est menée par la Fiwap, le Carah et Inagro/Pca auprès de 225 producteurs belges de pomme de terre. En Wallonie, 94 agriculteurs ont accepté de répondre à l’enquête, avec une proportion représentative de l’emblavement pour chaque province. En Flandre l’enquête téléphonique a permis de contacter 131 agriculteurs cultivant de la pomme de terre de consommation.

Évolution des stocks depuis la récolte jusqu’au 1er février

Le tableau 1 présente la situation au niveau de l’ensemble du pays. Au 1er février, il restait chez les producteurs belges environ 60 % de la récolte initiale de pommes de terre de conservation en stocks, toutes variétés. Une proportion un peu supérieure à l’an dernier (58 %), et plus élevée également que la moyenne des 3 dernières années (55 %). Depuis 2010 cette proportion augmente : 48 % en février 2011, 52 en février 2014 et 60 % aujourd’hui. La présente saison et la saison précédente ont toutes deux démarré avec environ 1 mois de retard (suite à la sécheresse en automne 2016, et suite au report des hâtives en été 2017).

Bintje est à 64 % encore en stocks actuellement, « en retard » par rapport à l’an dernier (58 %) et à la moyenne des 3 dernières saisons (58 % également). Même constat pour Fontane, avec 69 % encore en stock, contre 66 % l’an dernier et 63 % de moyenne pluriannuelle. Dans les autres variétés de conservation, on observe 49 % en stocks, soit moins que l’an dernier (53 %) et comparable à la moyenne des 3 dernières saisons (47 %). Faut-il y voir un déstockage précoce de Challenger dû à des problèmes de conservation (pourritures humides) cette année ?

Les proportions libres dans les stocks actuels sont élevées : 44 % toutes variétés confondues, contre 38 % sur les 3 dernières années. Les chiffres sont particulièrement élevés en Bintje (près de 60 % des stocks actuels sont libres) alors que Fontane est à 46 %, et les autres variétés à 40 %. Les gros rendements ont amené des tonnes supplémentaires qui émargent au marché libre.

Bintje : la commercialisation de Bintje cette saison est lente: 20 % de la récolte initiale ont été dégagés entre début novembre et début février, contre 23 à 25 % ces 3 dernières années. Ce sont les volumes libres qui traînent à dégager.

Fontane : le dégagement de Fontane n’a atteint que 22 % de la récolte initiale entre novembre et février (3 mois), comparable à l’an dernier, mais inférieur aux 5 années précédentes (27 à 30 %). Ce sont à la fois les enlèvements en libre et sous contrat qui ont été moins intenses.

Autres variétés de conservation : la période de novembre à février a permis d’écouler 25 % de la production initiale, soit bien plus que l’an dernier (17 %), comparable à la saison 2015-2016 (24 %) et moins qu’en 2014-2015 (30 %). C’est le commerce en libre qui semble le plus à la traîne.

Production record !

Selon les estimations de la Fiwap et du Pca basées sur Statbel et sur les chiffres pac régionaux, les surfaces totales de pommes de terre de conservation ont progressé de 4,8 % en 2017 (tableau 2). Bintje aurait régressé de près de 12 %, tandis que les surfaces de Fontane auraient bondi de 19 %. L’évolution variétale s’accélère donc clairement. Le très bon rendement moyen (55,5 t/ha) a mené la production totale belge à 4,74 millions de tonnes (hors hâtives), soit plus d’1,1 million de tonnes de plus qu’en 2016, et près de 500.000 tonnes de plus qu’en 2014 (dernière année à gros rendement). Fontane est devenue la principale variété.

Les stocks au début février et comparaison pluriannuelle

En Bintje : avec 740.000 t les stocks actuels de cette variété sont plus élevés que l’an dernier, mais plus faibles que la moyenne des 3 dernières saisons (tableau 3).

Dans le stock actuel, on peut estimer la quantité libre (non encore vendue donc) à quelque 430.000 t, identique à février 2016, mais supérieure de 200.000 t à l’an passé.

Le marché libre a dégagé 190.000 t depuis le début des récoltes, c’est très peu. Ce chiffre baisse régulièrement depuis 2011.

Le stock actuel contracté (encore dans les hangars mais déjà vendu) est estimé à 310.000 t, le plus faible chiffre depuis février 2013. Depuis le début de saison, les contrats ont dégagé 230.000 t de Bintje, volume semblable à l’an dernier.

En Fontane, le stock belge début février est évalué à 1.120.000 t, soit 440.000 t de plus que l’an dernier, conséquence des rendements élevés en 2017 et faibles en 2016 (tableau 4). Dans le stock actuel, il reste plus de 500.000 t à vendre. C’est beaucoup, signe que Fontane constitue clairement la priorité des usines. Les volumes contractés sont également importants (de l’ordre de 600.000 t, soit le double d’il y a 2 à 3 ans). Pourtant, le dégagement de Fontane depuis la récolte dépasse 500.000 t, alors qu’il était de 340.000 à 420.000 t ces 3 dernières années.

Comparaison pluriannuelle pour les autres variétés

Pour les variétés de conservation autres que Bintje et Fontane, les données de l’enquête, doivent être appréciées avec prudence (voir tableau 5), compte tenu de l’échantillonnage plus faible et des nombreuses variétés concernées (Challenger, Lady Claire, Markies, Ramos, Magnum, Royal, variétés du marché du frais…).

Ces autres variétés sont, entre autres, Challenger, Innovator, Markies, Magnum, Royal… et ont produit près de 2,0 millions de tonnes (soit près de 40 % de la production initiale belge totale). L’enquête montrait un stock début février d’environ 970.000 t, soit 150.000 t de plus que l’an dernier, et 350.000 t de plus qu’en février 2016). Mais dans le stock actuel, à peine 30 % (soit 300.000 t) sont encore à vendre.

Depuis le début de la saison, les marchés ont dégagé 1 million de tonnes de ces variétés, chiffre supérieur aux 2 dernières années (720.000 et 750.000 t) et comparable à la saison 2014-2015.

Bon à retenir

Le stock actuel représente 720.000 t de plus que l’an dernier, et 690.000 t de plus que la moyenne des 3 dernières années. La hausse régulière de la demande industrielle fait progresser les surfaces, les productions initiales et les stocks intermédiaires.

Ces stocks peuvent être considérés comme élevés en proportion de la production initiale. Par rapport aux 2 dernières saisons, les volumes dégagés depuis la récolte ne sont pourtant pas mauvais puisque 2,32 millions de tonnes de la production belge 2017 ont déjà été dégagées. Et cela malgré le fait que la saison a démarré avec 1 mois de retard vu la non-disponibilité des hâtives en juillet (rendement et calibre insuffisants). Ce volume comprend les 410.000 t de hâtives, mais aussi les pertes (pourritures…) et les lots orientés vers la biométhanisation ou l’alimentation animale.

Par contre, la comparaison avec la saison 2014-2015 (basée elle aussi sur de très hauts rendements) montre que moins de pommes de terre ont été dégagées cette saison. Cela confirme l’absence des industriels à l’achat sur les marchés libres telle que constatée durant les mois d’octobre, novembre et décembre.

Ces stocks sont à mettre en parallèle avec les besoins des marchés : depuis 5 ans les besoins de la transformation industrielle belge ont augmenté de plus de 1 million de tonnes (les usines belges ont travaillé 3,46 millions de tonnes en 2011, et 4,6 millions en 2016). Mais la production belge a progressé rapidement en parallèle, dépassant la barre des 5 millions de tonnes en 2017. Une production qui a bien du mal à être dégagée, comme le montrent les stocks actuels, et en particulier la part libre estimée à près de 1.250.000 t, contre 600.000 à 1.120.000 t ces 3 dernières années. On peut supposer que les volumes contractés seront valorisés par les usines (les retards d’enlèvement sont quasi résorbés).

Par contre, peu d’achats libres ont eu lieu ces derniers mois, et en particulier en Bintje. Les acheteurs sont néanmoins davantage présents depuis quelques semaines, afin de compléter leur couverture de contrat. Plus que jamais la vente des produits finis et la période de plantation des hâtives 2018 seront déterminantes pour la fin de la saison.

D’après le Centre pilote pomme de terre

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