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A l’heure du choix,

pensez à la maîtrise des coûts de production

L’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave ausculte chaque année des dizaines de variétés, sous différents angles. Voici les principaux enseignements de l’expérimentation menée en 2018, avec un regard sur les résultats des années antérieures. Avec une attention particulière sur le comportement vis-à-vis des maladies et des nématodes.

Temps de lecture : 8 min

Après l’année 2017, exceptionnelle pour les rendements, nous voici à peine sorti d’une année qui restera dans nos mémoires comme exceptionnelle sur le plan climatique ! Caniculaire et sécheresse sont certainement des qualificatifs qui collent bien à 2018.

Le printemps 2018 avait bien démarré, relativement tard peut-être, mais avec une croissance continue des betteraves grâce à la chaleur et certaines pluies intermittentes. Pluies qui furent orageuses le 29 avril et le 1er juin (dans certaines régions) reproduisant les attaques d’Aphanomyces survenues en 2016. Cette humidité retrouvée et de fortes chaleur faisaient rapidement croître les betteraves – en tout cas le feuillage – produisant une masse foliaire luxuriante à la fin du mois de juin !

Cette abondante masse foliaire faisait alors craindre que la cercosporiose ne rencontre un microclimat favorable à une attaque précoce. Mais le climat sec qui s’installa (absence de pluie et humidité relative particulièrement basse) contredisait toutes les prévisions et ne permit pas à la maladie de s’installer et se répandre en été. Par contre, la forte masse foliaire disparaissait pratiquement en 1 mois et ne commença à se reformer que parfois tard dans la saison.

Retour sur les essais variétaux 2018, les observations...

Les essais portant sur l’étude des variétés ont été mis en place à Tongeren, Lauw, Limont, Gingelom, Villers-le-Peuplier, Perwez, Franc-Waret, Saint-Amand, Huldenberg, Nieuwenhove, Mévergnies, Braffe, Mopertingen, Wannegem, Huise, Ramskapelle. Huit de ces sites expérimentaux ont servi à l’évaluation des rendements.

Les températures clémentes et les faibles pluies après les semis ont permis des levées rapides et très bonnes, et fort homogènes. Un comportement variétal précoce, répétitif entre les sites, peut être constaté.

Peu de montées

Le nombre de montées est resté faible en général et est une conséquence des températures clémentes du printemps. Malgré cela, certaines variétés ont montré des montées précoces, supposant une pollution pollinique lors de la production des semences.

Maladies foliaires : attention à la cercosporiose !

On attendait une pression forte et précoce de cercosporiose, on a en effet pu l’observer dès la première moitié du mois de juillet. Par contre les conditions se sont montrées défavorables à son développement : humidité relative très faible et absence de pluie. Un premier traitement fongicide a souvent été appliqué entre mi et fin juillet, mais le redémarrage de la maladie dès le 20 août, a souvent nécessité un second traitement pour les arrachages après le 15 octobre !

Betteraves argentées

Un nouveau phénomène de «betterave argentée» est observé depuis 2011.

Des betteraves d’aspect «argenté, bleu-gris» sont attaquées par la bactérie «Curtobacterium fl. f.sp betae». Celle-ci provoque une croissance ralentie da la plante voire sa mort. Différents lots de semences présentaient ces types de betteraves en 2018.

Des betteraves hors sol

Les pluies parfois importantes de fin avril et début juin ont souvent entraîné une compaction du sol en surface. Par la suite, cette couche s’est totalement desséchée et est devenue compacte et dure. Les racines ayant une contrainte « mécanique » ont parfois eu tendance à pousser hors du sol. Ceci a parfois été accompagné d’une fissure horizontale au niveau du sol (sur une moitié de racine) accentuant la croissance hors-sol. Ceci ne semble pas avoir eu de conséquences négatives sur les rendements et les arrachages.

Nématodes

Malgré les semis plus tardifs, les premiers kystes de nématodes formés ont pu être observés sur les racines de betteraves dès les derniers jours du mois de mai. Les fortes chaleurs dès la fin du mois de juin ont entraîné des flétrissements importants, suivi d’une perte importante de feuillage. Les variétés tolérantes ont confirmé leurs résultats tant sur le potentiel de rendement qu’en revenu en faible et forte infestation. Ces variétés ont été semées sur 55% de la surface en 2018.

Rhizoctone brun

Les essais mis en place pour vérifier la résistance au rhizoctone brun ont permis de confirmer la bonne résistance des nouvelles variétés BTS4190Rhc et Tiaris.

Très peu de terre !

Les conditions d’arrachage n’ont pas toujours été très faciles à cause de la sécheresse perdurant pendant les mois de septembre et octobre. Les betteraves étaient par conséquence particulièrement propres pendant la période : moins de 1 t de terre/ha. Cette caractéristique variétale n’a pas pu être déterminée avec précision mais les tendances se vérifient cependant.

... et les résultats

Les arrachages ont démarré tard, soit le 22 septembre, dans de bonnes conditions, et se sont terminés le 9 novembre dans des conditions aussi bonnes. Les richesses étaient élevées dès le début et ont encore grimpé pour atteindre 21°S. Le tonnage était déjà élevé en septembre pour des racines très pivotantes. Le rendement en sucre variait entre de 18 et 21 tonnes de sucre/ha dans les parcelles les plus productives.

La tolérance aux maladies foliaires: essentiel pour maintenir un feuillage sain !

Les dernières années nous ont servi de leçon : tenir compte de la sensibilité des variétés aux maladies tient du bon sens. Cette « santé du feuillage » s’est avérée très utile depuis quelques années, et même en 2018, tout en combinant cette caractéristique avec l’application fongicide.

Associée à la protection fongicide, la résistance variétale cadre dans la lutte intégrée (IPM) doit assurer un feuillage sain, tout en réduisant le risque d’apparition de résistance aux fongicides. Plus l’arrachage sera tardif, plus la résistance des variétés aux maladies doit être prise en compte pour garantir le maintien du potentiel de production de la parcelle jusqu’en fin de saison.

Tolérance à la cercosporiose

Parmi les maladies foliaires, la cercosporiose est certainement la plus dommageable. Choisir une variété plus résistante, principalement à la cercosporiose est d’autant plus important que :

–· la rotation en betterave est courte;

–· la parcelle semée est voisine d’une parcelle contaminée par la cercosporiose;

–· la récolte est tardive.

L’an dernier, c’est l’oïdium qui s’est déclaré brusquement dans beaucoup de champs après le 15 août. En 2015 et 2017, c’était la rouille qui montrait qu’elle pouvait détruire le feuillage en fin de saison.

Pour cette raison, un appréciation « globale de la santé du feuillage » est reprise dans la description variétale, où la sensibilité à la cercosporiose reste l’appréciation dominante (voir tableaux).

La figure 3 exprime les différences de « santé du feuillage » des variétés. Ces différences s’observent maladie par maladie, les variétés les plus intéressantes combinent une moindre sensibilité à l’ensemble des maladies.

Résistance au rhizoctone brun

Avant de faire le choix pour une variété résistante au rhizoctone brun, on s’assurera d’avoir étudié les facteurs de risque présents sur la parcelle, à savoir :

–· une rotation (fréquente) avec du maïs, surtout maïs grain. L’incorporation de matière non digérée est un facteur aggravant;

–· défaut de structure du sol, suite aux récoltes effectuées dans des conditions humides, même au cours des 5 dernières années;

–· présence de rhizoctone brun identifié sur la parcelle.

L’utilisation d’une variété résistante n’exclut pas la présence de betteraves pourries mais l’atténue fortement. Potentiel de rendement et résistance sont souvent inversément liés, il s’agira de choisir le bon niveau de résistance. « Les variétés résistantes n’offrent pas de solution si elles ne s’accompagnent pas de mesures agronomiques adéquates : rotation, respect de la structure du sol, pH optimal et fumure raisonnée ».

Chaque année, l’Irbab étudie le potentiel des variétés ensemble avec les variétés classiques. La résistance au rhizoctone brun est étudiée dans des essais spécifiques infectés. L’observation et la cotation de la pourriture de toutes les betteraves récoltées de l’essai permet de déterminer la résistance à cette maladie (figure 4).

Performances des variétés tolérantes au nématode en situation nématode

Le choix pour une variété tolérante au nématode à kyste Heterodera schachtii est impératif dans toute parcelle infestée par celui-ci (tableau 5). Au-delà de 150 œufs + larves par 100 g de sol, les pertes de rendement peuvent être de plusieurs pourcents, perte limitée par l’utilisation des variétés tolérantes au nématode. L’effet des variétés tolérantes est d’autant plus intéressant que l’infestation est forte, même si cette infestation se situe dans les couches plus profondes (en dessous de 30 cm). Plusieurs variétés tolérantes au nématode possèdent déjà un potentiel de rendement qui permet de les recommander en situation classique.

La détection de nématodes se fait par des analyses de sol, mais encore mieux par des observations réalisées lors de la culture de betterave précédente. Certains symptômes sont indicateurs de cette présence : jaunissement du feuillage avec une carence en magnésie, flétrissement par ronds, kystes (blancs) sur les radicelles de betteraves, rendements racines faibles.

Les variétés tolérantes au nématode à kyste peuvent toujours multiplier le nématode pendant la culture, et d’autant plus que l’infestation au semis est faible. Mais cette multiplication restera réduite par rapport à la multiplication mesurée avec des variétés de type rhizomanie !

Performances de toutes les variétés en situation classique

Toutes les variétés ont été testées dans des situations classiques sans problème particulier connu afin de comparer le potentiel de rendement et d’établir les caractéristiques variétales. Dans cette situation, le choix de la variété s’orientera préférentiellement vers les caractéristiques intrinsèques qui forment le rendement plutôt que vers le type de variété « rhizomanie », « tolérante au nématode » ou « résistante au rhizoctone brun ».

En plus du potentiel financier de la variété, la tolérance aux maladies, la levée au champ, la sensibilité à la montaison sont des facteurs pouvant guider dans le choix de l’une ou l’autre variété.

Le regroupement pluriannuel des essais donne toujours une meilleure idée du comportement global de la variété sous l’influence des années différentes par leur climat, pression des maladies et autres.

D’après André Wauters

, Irbab

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