et la Foire de Libramont
Natacha Perat, manager de la Foire, se souvient : « Lors du dernier concours organisé à Bruxelles, je me suis dit que nous devions l’accueillir chez nous. Mais à cette époque, nous n’avions pas encore le bâtiment en dur. Nous n’avions pas non plus conscience des impositions qu’un tel concours demande. Quinze ans plus tard, c’est un projet qui se concrétise enfin ! »
Mais c’est un travail de longue haleine ! Patrick Mayeres, directeur des services de l’Awé, « Nous avons présenté notre candidature auprès de la Fédération européenne Holstein en septembre 2014 en Espagne. »
Mme Perat : « S’il peut paraître long, ce délai est indispensable. On doit préparer le dossier en amont et avoir conscience de ses engagements. La participation à l’édition qui précède nous a permis de nous rendre compte du challenge mais aussi de créer l’engouement au sein de l’équipe organisationnelle. »
Deux équipes aux compétences complémentaires
Perpétuer des souvenirs mémorables
L’organisation d’une telle vitrine de l’élevage est avant tout une volonté d‘éleveurs. « On a un Herd-book avec un noyau d’éleveurs fort motivé par les dynamiques de promotion autour de l’élevage, des concours… Ils participent depuis toujours aux confrontations européennes à travers un lot belge. Ils ont gardé des souvenirs de leurs voyages et ils veulent les perpétuer auprès de la jeune génération », explique Patrick.
Natacha enchérit : « Dans notre mission Groupe Libramont, nous nous devons de connecter les professionnels, d’être au service du monde agricole. Organiser une telle confrontation avec l’Awé rentre à plein dans nos missions. »
« Le fait d’être Belge, de ne pas être une grosse nation nous donne une certaine neutralité qui doit aussi être appréciée par la Fédération européenne, dit-elle.
Et M. Mayeres d’ajouter : « Quand on voit la taille du cheptel Holstein belge comparativement à celle des autres grandes nations, on est sur un facteur 10. Nous ne sommes donc pas dans des jeux d’influence entre Herd-book. On y va décomplexé. On sait qu’on va le faire bien et qu’on n’a rien à perdre. On veut ainsi mettre l’image de la Wallonie en avant tout en proposant une édition au moins aussi bonne, si pas meilleure, que les précédentes. Et ce, grâce à notre volonté et notre passion ! Il faut savoir qu’on est déjà au-delà de ce qui s’est fait à Colmar en termes de participation de pays et d’animaux… La criée d’élite s’annonce aussi d’un excellent niveau »
En outre, les concours de jeunes seront un événement à part entière. Une vingtaine de pays seront représentés pour le Showmanship.
L’expérience la plus agréable possible
Le sanitaire avant le coût
Si le coût pour les fédérations à faire venir les délégations reste un frein, c’est la question du sanitaire qui s’avère la plus compliquée.
Patrick Mayeres : « C’est clairement un challenge. Amener des animaux de 16 pays qui ont tous des statuts sanitaires différents pour une maladie et pour une autre… Et c’est particulièrement compliqué dans des événements de type Holstein.»
Pour ce faire, une discussion a dû être engagée avec l’Afsca pour s’accorder sur les conditions d’accès de toutes ces fédérations. Patrick Mayeres a d’ailleurs bien été soutenu par l’Arsia et l’Afsca. « Sans eux, un tel événement n’aurait pas été possible chez nous. Il faut à la fois satisfaire les pays qui ont un haut niveau sanitaire et qui ne veulent pas prendre de risque de contamination de leurs animaux tout en ne décourageant ceux qui ont un plus faible ! »
Une équipe belge majoritairement wallonne
La Crv, le pendant flamand de l’Awé, n’a pas souhaité s’inscrire dans le mouvement. L’événement est donc 100 % wallon. « On reste toutefois en contact étroit avec la Flandre car la Fédération européenne ne reconnaît que les pays et non les régions », explique Patrick Mayeres.
La sélection de l’équipe belge sera réalisée par un groupe d’experts qui va sélectionner les meilleures bêtes. Quinze jours avant le concours, elles seront amenées dans une ferme en province de Liège où elles seront préparées. La sélection nationale s’opérera quelques jours avant la joute. A priori, un quota pour l’équipe belge sera respecté : 4 vaches flamandes et 12 wallonnes…
Un engouement « colossal »
Sur le papier, les organisateurs s’attendent à un minimum de 15.000 personnes. « On sera peut-être au-delà des 20.000 visiteurs. Pour un événement très « secteur », l’engouement est énorme. On peut le mesurer par le biais des réseaux sociaux et ce qu’il s’y passe est très réjouissant », explique Mme Perat.
M. Mayeres : « Il y a encore 10 ans La Fédération Holstein n’y croyait plus. Mais édition après édition, on a senti cet engouement renaître. Les professionnels en Europe attendent véritablement cet événement. »
Pour le manager de la Foire, c’est un concours qui marque physiquement une communauté d’éleveurs. « Nous Foire de Libramont, voulons être des acteurs, des animateurs de ces communautés. Raison pour laquelle nous nous investissons dans une initiative comme celle-ci. Et si on n’en fait plus, il faudra en créer d’autres. Car cet engouement est un moteur pour les élevages. C’est aussi cela qui crée un vent d’optimisme dans un secteur ! »
Une Wallonie dynamique
De bons résultats attendus
Côté résultats Patrick Mayeres s’attend à voir des vaches belges bien classées même si un championnat semble difficile à atteindre ! « Pour les éleveurs, la première fierté est déjà de participer à un championnat européen ! Je suis certain qu’on réalisera de bonnes performances. On en a fait lors des deux dernières confrontations avec une délégation de 8 animaux. Cette année, elle en comptera 16. On met les bouchées doubles pour que nos meilleurs animaux soient dans les conditions optimales pour pouvoir venir et exprimer pleinement leur potentiel. »
Une édition qui en appelle une autre ?
Natacha Perat : « Dans mes rêves les plus fous, c’est un événement que l’on voudrait récurrent ici. Après, ces organisations sont très risquées au niveau sanitaire… et on ne sait pas comment les concours vont évoluer par la suite. Réussissons d’abord cette édition avant de voir plus loin ».
Et de conclure : « Si on sait collaborer sur le dossier Holstein avec l’Awé, on peut aller loin ensemble et inventer des choses qui n’existent pas ! On doit davantage se focaliser sur le « comment fait on les choses demain ? » au lieu de faire ce qu’on a toujours fait ! Le monde n’est-il pas tant en changement qu’il faille aussi réfléchir à comment présenter nos animaux, nos élevages demain. Sans doute que des opportunités devraient s’en dégager ! »