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Sécuriser la fin de gestation, une bonne base pour le veau

Bien que la gestion des pathologies et le logement soient deux paramètres importants encore oubliés par les éleveurs, l’alimentation a, elle, un impact énorme sur la croissance et la santé des veaux. Mais pour donner toutes les chances au nouveau né, il est primordial de sécuriser la période de fin de gestation de la mère. Emilie Knapp, vétérinaire, fait le point sur cette période délicate.

Temps de lecture : 4 min

La fin de gestation est importante à plusieurs égards pour la santé du veau, tant au niveau des apports énergétiques, protéiques qu’en minéraux et oligo-éléments.

Des apports énergétique et protéique essentiels !

À travers l’alimentation de la vache gestante, les apports énergétiques ont tout d’abord un impact sur la quantité mais également la qualité du colostrum. Si cela joue peu sur l’apport d’immunoglobulines (Igg – les anticorps spécifiques du lait) dans le colostrum, cela impacte surtout sur la présence des « autres immunoglobulines » (IgM/IgA) – celles qui vont permettre une immunité locale au niveau de l’intestin du veau.

Ensuite, le poids du veau et le développement de ses organes sont liés à ces apports. Ces derniers jouent donc sur la capacité du nouveau-né à s’adapter à la vie. « Car 75 % de sa croissance survient avant 190 jours, et dans le dernier mois, il va faire entre 600 et 650 g de GQM », explique la vétérinaire.

D’autant qu’une baisse d’énergie qui survient dans les deux derniers mois de la gestation occasionne une diminution de la production laitière. Et vu que le Blanc-bleu est très maigre, la vache ne peut se permettre une perte d’état à ce stade. Le rumen doit tourner pour amener les nutriments nécessaires au petit.

Quant à l’impact de la protéine (PBT), il est encore plus évident. D’autant que 60 % de l’immunité du veau à la naissance, est liée à la protéine du sang de la mère. Le taux d’Igg dans le sang du veau est 10 % plus important si le statut protéique de la mère est correct.

Il est encore question de survie du veau quand le colostrum est carencé en protéines. En découle une diminution de l’absorption des Igg. Peut s’ensuivre un souci au niveau de la maturité du poumon, sur la vascularisation. « On a observé énormément de diarrhées néonatales chez des veaux nés de mères carencées, avec, en outre, de moins bonnes réponses aux traitements », explique E. Knapp.

Le Blanc-bleu, une race particulière

Véritable bête de compétition pour la production viandeuse, le Blanc-bleu présente moins d’os, moins de gras et donc plus de muscles. « Rien que pour se tenir debout et porter sa musculature, un veau a besoin de 25 % d’énergie en plus qu’un veau laitier au même poids. En cas de carence énergétique il mobilisera du muscle, les protéines iront alors dans le foie pour produire de l’énergie mais aussi de l’urée ».

Autre difficulté liée à la génétique : la diminution de l’ingestion de la mère, surtout à la fin de la gestation.

En début de saison, les vaches B-BB en prairie travaillent extrêmement bien. Si les fourrages sont trop grossiers (pas assez de sucre ou trop d’amidon), la diminution de l’ingestion peut être de l’ordre de 20 % par rapport à un individu qui a une ration normale.

Et d’étayer son propos : « Les études ont montré que les niveaux de protéines dans la ration ont un impact très fort sur l’ingestion. Un groupe de mères B-BB de 650 kg recevant une ration à 12 % PBT étaient entre 8,2 et 9,5 kg MS/jour. Une fois que ces mêmes vaches étaient sur une ration à 16 % PBT, elles montaient jusqu’à 12 voire 14 kg MS. »

Et de prendre un autre exemple (Cf. tableau 1) : « Une vache pleine dont la capacité d’ingestion se situe entre 8 et 12 kg MS, en fonction de la qualité des fourrages, peut recevoir une ration relativement basse en énergie si elle est à 12 kg MS/jour,. Si elle est à 8 kg MS/jour, elle aura besoin d’une ration dont la valeur énergétique est proche de celles données aux vaches laitières afin qu’elle s’en sorte au niveau de l’énergie. Le taux de protéines doit être maintenu relativement haut, même en fin de gestation, pour tenir ces ingestions au maximum. »

Notons que l’on travaille sur les protéines solubles mais il faut de la bonne protéine pour n’avoir qu’au maximum 100 g d’urée dans la ration.

Les besoins en minéraux

Les apports en calcium, phosphore et magnésium ne sont pas à négliger. Ils ont un impact sur le colostrum et la santé de la mère. « Comme on a moins d’os, on a parfois des problèmes de rétention d’arrière-faix, des métrites ou des problèmes de cicatrisation de la césarienne qui peuvent être liés à des problèmes d’hypocalcémie. Les plus gros soucis : l’hypomagnésémie, une carence en calcium en fin de gestation. Notons que si on apporte du calcium ou du magnésium lorsque l’animal est en carence protéique, ces apports seront tout simplement urinés car non transportés.

Il en va de même pour les oligo-éléments. « Si l’animal n’a pas assez de protéines, les cures ne servent à rien. Je vous invite donc à vérifier les niveaux énergie et protéines avant tout », conclut-elle.

P-Y L.

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