Raisonner la fertilisation

sur la base d’analyses de sol

En matière d’apports nutritifs, deux types de situations se rencontrent au quotidien dans les fermes maraîchères.

Dans la première d’entre elles, les cultures légumières ou maraîchères installées sur des parcelles en rotation avec les grandes cultures ou avec d’autres cultures de légumes sont facilement identifiables quant à leur historique récent. La prise d’échantillons de sol représentatifs de la parcelle a du sens. Les résultats servent alors d’indicateurs précis pour piloter la fertilisation de fond et les ajustements en cours de culture.

Le second cas de figure s’applique aux fermes maraîchères de petite taille aux cultures très diversifiées. Celles-ci se heurtent rapidement à un nombre très élevé de parcelles historiquement très différentes qu’il devient malaisé d’identifier individuellement. Les maraîchers sont alors amenés à les globaliser aussi bien pour les échantillonnages que pour les interprétations. Celles-ci seront forcément plus générales. Pour éviter l’apparition de trop grandes différences individuelles, nous pouvons compter sur des apports massifs de fumiers ou de composts préalablement homogénéisés. De telles interventions tous les 3 à 5 ans sont les bienvenues pour réduire les hétérogénéités apparentes.

Les interventions préalables

Fertiliser le sol inclut les améliorations foncières de base : le drainage, l’ameublissement de la couche arable (25 cm), l’éventuelle constitution d’ados permanents. L’objectif est de favoriser le développement des racines des cultures à développement rapide.

La correction du pH pour revenir à la zone de neutralité (entre un peu plus de 6,0 à un peu plus de 6,5 de pH KCl). Le but est d’obtenir un niveau d’acidité permettant une bonne mise à disponibilité des éléments minéraux y compris les oligo-éléments.

Les parcelles bien identifiables individuellement

Pour les parcelles dont l’historique récent est bien connu et uniforme sur toute la surface, nous sommes dans un cas de figure comparable à celui des grandes cultures. Une analyse de sol réalisée tous les 3 ou 4 années permet de suivre l’évolution des teneurs en éléments de fond et d’envisager des corrections au fil de la rotation. L’interprétation par les agronomes du labo peut être précise si les renseignements indiqués sur la fiche qui accompagne l’échantillon sont précis. Ils peuvent donner des avis pour les cultures prévues les 2 ou 3 années suivantes.

Les besoins et les exportations varient fortement avec les cultures concernées. Nous abordons ces points régulièrement dans cette page maraîchère du Sillon Belge.

La fertilisation apporte au sol ce qui est nécessaire pour maintenir ou améliorer sa fertilité.

Juste à titre indicatif, à moduler en fonction de chaque situation, le tableau ci-joint présente un aperçu des exportations en éléments minéraux. Les plantes prélèvent davantage d’éléments mais une quantité importante de ceux-ci n'est pas exportée, ils sont rendus au sol avec les résidus de culture.

Les parcelles regroupées

Dans les petites fermes maraîchères, il est très difficile d’envisager une analyse particulière de chaque microparcelle sur base de son historique récent tant elles sont nombreuses. Nous les groupons alors par zones et pouvons faire analyser des échantillons prélevés en un grand nombre de points (un strict minimum de 50 prélèvements par échantillon). Les enseignements seront interprétés sur la base de cette situation et resteront forcément plus généraux que dans le cas précédent. Le pH, les teneurs en matières organiques et en éléments minéraux n’en demeurent pas moins précieux.

L’interprétation de l’analyse se base sur la fiche de renseignements liée à l’échantillon. Forcément, les cultures précédentes et donc leurs résidus et leurs exportations ne sont pas déterminées avec précision puisque cela concerne un regroupement de microparcelles. De même, les conseils pour les années suivantes resteront généraux puisqu’il est pratiquement impossible de les préciser toutes.

Comme la fumure sera le plus souvent apportée également sur cet ensemble de parcelles, elle sera calculée sur base de ces résultats généraux.

En pratique, nous avons tout intérêt à apporter moins que ce que les conseils généraux prescrivent. Il nous est toujours possible de compléter quelque peu en cours de culture. Les éléments de fond (P2O5, K2O, CaO…) peuvent s’apporter pour une rotation, pour plusieurs années. Les éléments plus mobiles (N, MgO, SO3…) seront apportés pour chaque culture séparément, en cours d’implantation ou au début de la saison pour une base et complétés en cours de saison. Les apports de soufre sont aussi importants agronomiquement que les autres éléments. Les cultures de choux, d’Alliacées en sont plus dépendantes que d’autres encore.

Pour les apports de fond, le fumier mixte de ferme ou le compost ont bien leur place. Cependant, nous avons tout intérêt à homogénéiser leur composition avant l’épandage. Dans le cas contraire, nous risquerions d’apporter un amendement et une fumure hétérogène sur une parcelle elle-même marquée d’hétérogénéité.

Apports d’amendements

Comme pour les grandes cultures, une analyse chimique de sol nous renseigne sur quelques paramètres indicateurs de l’état du sol. En fonction de deux indicateurs de base que sont le pH et la teneur en carbone (C) du sol, nous pouvons orienter et prioriser les apports d’amendements.

Les laboratoires du réseau Requasud (http://www.requasud.be/) indiquent le conseil de correction du pH et du type d’amendement calcaire, calcaro-magnésien ou sulfo-calcaro-magnésien requis.

Pour la teneur en carbone, ce seront les apports de composts, de fumier, l’incorporation d’engrais verts et les techniques de travail du sol qui permettront des améliorations sur le long terme.

N’oublions pas les recommandations et obligations légales quant aux quantités d’apports organiques par ha et par an, ainsi que les périodes d’épandage autorisées : ces renseignements sont bien connus des agriculteurs, pas toujours des maraîchers. Le site de Protect’eau (https ://protecteau.be/fr) reprend ces indications.

Les fumiers sont apportés à raison de 30 à 50 tonnes par ha, soit l’équivalent à de forts apports en grandes cultures.

Les composts urbains sont apportés en fonction de leurs teneurs analysées. Les doses recommandées tiennent compte de la réglementation wallonne.

Notons encore que la réglementation azote interdit l’implantation de légumes au cours des deux années qui suivent le retournement d’une prairie permanente.

F.

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