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Un moment délicat

qu’il convient de maîtriser

Les beaux jours reviennent pour notre plus grand plaisir et celui de nos chevaux. Mettre ces derniers au pré c’est leur permettre de se défouler, de se nourrir et d’avoir des contacts sociaux. C’est ainsi le moment de faire le point sur les précautions à prendre en relâchant nos équidés en prairie.

Temps de lecture : 5 min

Avant de pouvoir remettre nos fidèles compagnons dehors pour la bonne saison, nous nous devons de refaire le tour de nos pâtures afin de vérifier les clôtures, les abris et les points d’eau.

Une clôture efficace doit empêcher le cheval de s’enfuir et assurer sa sécurité. Elle doit être bien visible, les fils ne doivent pas être abîmés et doivent permettre au courant de circuler correctement. Les fils barbelés sont à proscrire du point de vue de la sécurité. Le type de clôture est à adapter en fonction des chevaux qui seront présents dans la prairie (cheval de selle, cheval de trait, poney, jument poulinière, étalon…).

Un abri détérioré par les intempéries peut présenter un danger d’effondrement. Pensez à vérifier l’état du toit et des piquets, à s’assurer que le bois n’est pas pourri et à le traiter afin que ni les conditions climatiques, ni les chevaux ne puissent le dégrader. Ajouter de la paille pour former une litière qui les protège de l’humidité est à envisager. Si l’abri est naturel, constitué d’arbres et de haies, mieux vaut couper, tailler et ramasser les branches mortes.

Il est important de proposer aux animaux un point d’eau propre avec de l’eau claire non souillée.

L’herbe jeune

La mise au pré par bon temps, c’est l’occasion pour l’animal de consommer de l’herbe jeune, riche en énergie et protéines mais pauvre en fibres. Cet afflux massif affecte évidemment la flore de nos équidés. Les bonnes bactéries et les micro-organismes présents dans l’intestin ne sont pas prêts à recevoir ce type d’aliment du jour au lendemain. C’est ainsi que peut survenir le risque de coliques et de fourbures. Il est donc important de veiller à une bonne transition alimentaire, en laissant notamment du foin à disposition. Celui-ci peut être donné avant la mise au pré. Chez les chevaux sensibles, il aura un rôle tampon dans l’intestin. Notons que les valeurs en énergie et en protéines de l’herbe diminueront avec la montée en épis.

Une prairie pour assurer les besoins de nos chevaux

Pour que nos chevaux puissent pâturer, l’herbe doit avoir une bonne pousse. Mieux vaut donc qu’elle soit composée de variétés qui produisent beaucoup de feuilles. Et cela suppose également que l’accumulation et l’épuisement des réserves de la plante se fassent dans une juste mesure.

Si nous souhaitons que l’herbe comble les besoins d’entretien de nos équidés, il faut, entre autres, prendre en compte l’aspect racial de ceux-ci. Un poney shetland n’aura pas les mêmes besoins qu’une jument poulinière ou qu’un cheval de sport. Tout est toujours à adapter en fonction des animaux.

Nous nous devons de vérifier que la surface de pâturage est suffisante ainsi que la qualité de l’herbe. Celle-ci différera d’une région et d’une saison à l’autre. Quoi qu’il en soit, il faut compter pour une charge d’un cheval par 0,5 ha pour assurer ses besoins alimentaires d’avril à octobre, avec une pousse d’herbe correcte.

Engrais, pour ou contre ?

Un ajout d’engrais chimique n’a que peu d’utilité pour une prairie destinée aux chevaux. L’azote étant déjà présente dans les légumineuses (trèfles, luzerne…) qui fertilisent naturellement le sol. Une fertilisation azotée excessive entraîne alors une dérive de la flore au niveau du cæcum, soit la première partie du gros intestin du cheval. De plus, par manque de pluie, l’engrais en granulés n’est pas capté par le sol. Il n’a donc que peu d’intérêt sur une prairie sèche et compactée.

Il est préférable d’étendre un engrais organique de type « fumier ». Une fois composté et étendu, on observe une évolution de la matière organique, une élimination des œufs gastro-intestinaux, une élimination des graines de plantes indésirables (type rumex, orties, chardons…).

À noter que tout excès de fertilisation entraîne une diminution des variétés de la flore, ce qui peut être particulièrement nocif pour la qualité de nos terrains.

Tout est donc à adapter au cas par cas. Chaque prairie est différente, il n’y a pas de généralité à faire. Il est toujours intéressant de faire analyser le sol afin de connaître les éventuelles carences et de pouvoir y remédier.

Précautions à prendre

À la mise au pré, pensons donc à plusieurs choses. Il est important d’observer les prairies. S’y balader, prendre le temps de repérer ce qui pourrait être anormal, que ce soit au niveau des aménagements comme au niveau du développement de certaines plantes.

La période de transition alimentaire pour le cheval doit se faire sur une bonne dizaine de jours et en fonction de la pousse de l’herbe. Il faut sortir les chevaux progressivement, en les laissant tout au plus une demi-heure pour commencer.

Pour les équidés qui ont tendance à l’embonpoint, parceller et mettre au point des pâturages tournants s’avère nécessaire afin de contrôler ce qu’ils ingèrent.

Au printemps comme à l’automne, le risque de myopathie atypique est très présent. Les samares provenant des érables sycomores entraînent la mort de nombreux chevaux chaque année. Dans 70 % des cas, ces derniers décèdent dans les 24 heures. Si vous avez une prairie à risque, il faut limiter son temps d’accès, travailler avec un système de pâturages tournants, ne pas placer d’aliments comme le foin et les grains au sol, tenter de détruire les jeunes plants d’érables en tondant l’herbe. À noter qu’il faut dans ce cas exporter ensuite la tonte et que les plantules sont toxiques de mars/avril jusque fin juin.

Enfin, si nous devons estimer une date éventuelle pour la mise à l’herbe, pensons que plus celle-ci est tardive plus on élimine le risque de parasitisme du fait que les larves remontent sur l’herbe. Mais plus l’herbe va pousser plus elle risque d’être boudée par nos chevaux car elle est moins appétante. II n’y a donc pas de moment idéal. Le mieux ? Ne pas vouloir être trop pressé par le beau temps si les prairies ne sont pas prêtes à accueillir des animaux. Ayons à l’esprit qu’il faut répondre aux exigences de nos chevaux et aux exigences de l’herbe de nos prés.

Céline Mary

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