par un champignon. Une avancée majeure dans
la compréhension de cette maladie et des interactions
complexes avec la plante, le pathogène et le climat.

Un dispositif expérimental inédit
Les mécanismes de l’esca de la vigne sont mal connus car c’est une maladie difficile à étudier en conditions de laboratoire. En effet, elle ne touche que les pieds de vigne de plus de 7 ans et n’est observable que sur les parcelles en pleine terre. Pour pouvoir parfaitement contrôler les conditions de sécheresse, les scientifiques ont d’abord développé une méthode de transplantation de pieds de vigne en pot en s’inspirant des méthodes de culture des bonzaïs. Ils ont ainsi transplanté 51 ceps du cépage Sauvignon blanc âgés de 30 ans issus du domaine expérimental Inrae de la Grande Ferrade dans la région de Bordeaux, qui étaient déjà suivis depuis six ans pour l’esca. Puis, durant deux ans ils ont suivi pour la première fois l’apparition des symptômes de l’esca en conditions contrôlées et analysé précisément l’état physiologique des plantes dont la moitié était en condition de sécheresse.
La sécheresse inhibe les symptômes de l’esca
Une des hypothèses avancées pour expliquer l’augmentation du dépérissement des vignes de ces dernières années : une synergie entre les facteurs environnementaux comme l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et les maladies comme l’esca. Cette étude montre le contraire. Aucun pied de vigne en condition de sécheresse, d’une intensité modérée à sévère, n’a montré de symptômes de l’esca sur les feuilles. La sécheresse a inhibé la maladie au cours de chacune des deux saisons étudiées, démontrant le rôle central de l’état hydrique de la vigne dans le développement de ladite maladie. Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ce résultat inattendu. Le manque d’eau causé par la sécheresse pourrait directement inhiber l’activité des champignons parasites, ou la sécheresse pourrait aussi avoir des effets sur les réponses de défense de la plante. Une autre hypothèse serait que la forte réduction du transport d’eau dans la plante causée par la sécheresse supprimerait également le transport de molécules toxiques produites par les champignons. Si la sécheresse appliquée a eu un effet positif en supprimant les symptômes de l’esca, il ne faut bien sûr pas oublier que la disponibilité en eau est un des facteurs principaux limitant la productivité et le rendement des cultures.
Cette étude est un apport majeur dans la compréhension de l’esca et de l’influence du climat sur cette maladie de la vigne. Des travaux vont se poursuivre pour mieux comprendre le rôle que joue le climat (pluviométrie, température…) sur l’expression de l’esca à l’échelle nationale. Ils pourraient permettre, à terme, de mieux prédire l’apparition des symptômes de l’esca en surveillant les indices de sécheresse et l’état physiologique des ceps dans les vignobles.
