les nerfs des patatiers
ont été mis à rude épreuve
Du jamais-vu, dès la plantation
Et Daniel Ryckmans de détailler : « Par rapport à la moyenne des cinq dernières années, les pommes de terre ont été plantées avec environ trois semaines de retard ». Le calendrier parle de lui-même : la majeure partie des plantations a été effectuée vers le 15-20 mai, plutôt que vers le 20-25 avril habituellement, en raison des conditions météorologiques particulières de ce printemps qui ont retardé l’ensemble des travaux des champs.
Certains agriculteurs, qui avaient eu l’opportunité d’effectuer les plantations avant les fortes pluies de début mai, ont fait face à des problèmes de mauvaises levées voire, dans certains cas, de non levées. Au point de se questionner : faut-il casser les buttes pour permettre aux plants de lever, quitte à perdre les bénéfices qu’elles procurent ? « Devoir intervenir sur les buttes, c’est du jamais-vu ! »
Autre spécificité de cette saison, dont il n’y a pas lieu de se réjouir : certaines parcelles ont été replantées, voire retournées et dédiées à une autre culture.
Des arrachages tardifs… et risqués ?
À ce sujet, la Fiwap s’attend à ce que les parcelles soient arrachées plus tardivement, en vue de prolonger la période de croissance de la culture. « Cependant, en septembre, la durée du jour et les températures diminuent… Cela ne permettra sans doute pas d’égaler les records de production. »
« Certains agriculteurs prendront certainement des risques et s’orienteront vers des opérations tardives de défanage et d’arrachage », complète Daniel Ryckmans. Avec les dangers que cela représente (arrachages compliqués, éventuels problèmes de conservation) en cas d’automne pluvieux, voire de gelées précoces. « Si le pari est réussi, cela prouvera que la pomme de terre est résiliente et extraordinaire. »
Sous la menace des doryphores
Sur le plan sanitaire, la culture a été épargnée jusque fin juillet. Depuis début août, la pression en mildiou est très importante. Dans certaines parcelles, la situation s’est avérée être complexe : les pluies estivales ont compliqué l’accès aux terres et, par conséquent, les interventions phytosanitaires.
« On observe ponctuellement la présence du pathogène. Pour l’instant, son développement est maîtrisé, mais à coup de traitements répétés. » Les périodes de chaleur, mais aussi les pluies, de fin août détermineront comment évolue l’infection.
La fin de saison sera marquée, en toute logique, par l’apparition des habituelles maladies de faiblesse sur les plants en sénescence.
Cette campagne a également été ponctuée par la présence d’un autre ravageur : « Nous n’avons jamais observé autant de doryphores aussi tôt en saison », explique-t-on du côté de la Fiwap. L’insecte était déjà présent sur des plantes à peine levées. « C’est, ici aussi, du jamais-vu ! »
Cela ne réjouit guère Pierre Lebrun et Daniel Ryckmans : « Les doryphores constituent une menace pour l’avenir… Et ce, d’autant que le Centre wallon de recherches agronomiques a mis en évidence qu’ils se montrent résistants à certains insecticides ».
Jusqu’à 600 €/t
Si elle est atypique sur le plan cultural, cette saison l’est également sur le pl
Les pommes de terre ont atteint des prix allant jusqu’à 600 €/t. L’industrie, face au manque de disponibilité, a été contrainte d’acheter des tubercules sur le marché égyptien. « C’est bien une conjonction d’éléments qui a mené à une telle situation, qui n’est pas destinée à se reproduire. Le retour des hâtives ramène de la normalité sur les marchés. »
Deux marchés en souffrance
Pierre Lebrun constate encore que deux marchés sont en souffrance, celui du frais et celui des variétés à chips.
« Même si l’industrie capte l’attention, le marché du frais ne doit pas être délaissé. C’est un secteur qui doit être soutenu, car des agriculteurs s’y intéressent et contribuent à préserver une économie locale. »
