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Les tracteurs dans Namur contre le plan Érosion

Ces dernières années, beaucoup de travailleurs manifestent facilement leur mécontentement en se rassemblant dans la rue. Ensuite, s’ils ne sont pas entendus, ils font grève.

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Sous l’égide de la Fwa, les agriculteurs ont manifesté, ce 21 mars à Namur, contre le « Plan érosion ». Mais ces derniers ne font jamais grève car, étant responsables, ils ont à cœur d’approvisionner la population en aliments de qualité, en quantité suffisante et à bon prix. Malgré cette bonne volonté, les agriculteurs sont écœurés d’apprendre que des petits enfants belges arrivent à l’école avec une boîte à tartines vide. L’alimentation deviendrait-elle trop chère pour les moins nantis de chez nous ?

Nos dirigeants devraient savoir que diminuer la production agricole, en empêchant de protéger ou de fertiliser les cultures, va encore augmenter le prix de la tartine. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les technocrates ont encore trouvé quelques autres moyens d’augmenter le prix de revient des cultures : ils nous obligent maintenant à encercler ou ceinturer les terres en pente d’une bande enherbée de 9 mètres de large. Faites le compte : dans le cas d’une terre de 2 hectares, cela fait une perte d’un quart de cette surface à cultiver !

Les bureaucrates proposent aussi de diviser les parcelles en pente. Nous aimerions les aider à réfléchir, par exemple, sur le travail que nécessite une petite parcelle de 1 hectare. Celle-ci fait bien 100 m sur 100 m et, aux deux bouts, le tracteur fait demi-tour, soit une manœuvre de 35 m tout en compactant le sol qui n’absorbera plus l’eau. Celle-ci ruissellera et érodera donc plus loin. La division des parcelles a également d’autres effets négatifs sur le bilan carbone, donc sur le climat. Voici un exemple pour étayer cette affirmation : deux fermiers voisins partent préparer leur champ de bon matin, l’un a une parcelle de 10 hectares et l’autre a trois parcelles de 1 hectare. Le soir, ils termineront leur travail respectif en même temps et les tracteurs afficheront le même nombre d’heures au compteur.

Autre exemple de règlement absurde : un fermier cultive un terrain en pente se trouvant en contrebas du chemin d’accès ; cette parcelle, étant voisine de prairie sur trois côtés, devrait théoriquement avoir une bande enherbée uniquement sur le dessus !

Bien évidemment, il faut protéger les habitations qui sont en contrebas de terrains, mais il est aberrant de faire cela en pleine campagne. Ne faudrait-il pas d’abord revoir les plans d’urbanisation et ne pas laisser construire n’importe où ?

On diminue toujours les surfaces cultivées : bâtiments administratifs, zonings, panneaux agrivoltaïques… alors que la population ne cesse d’augmenter. Demain, il sera trop tard pour se rendre compte des erreurs du passé et nous nous retrouverons dans la même situation que celle que l’on connaît avec l’énergie et le nucléaire.

Si l’érosion était majeure, il y a longtemps que la terre serait plate. Si ce problème est plus d’actualité aujourd’hui qu’hier, qui en est responsable ? C’est bien sûr le changement climatique causé par les émissions de CO2 qui nous amènent les orages, tornades, inondations…

Quel est le cascadeur politique qui oserait proposer de réduire d’un quart les voyages en avion des vacanciers pour protéger le climat et ainsi limiter l’érosion ?

Ce n’est certes pas mon habitude mais je profite de l’occasion pour remercier les fonctionnaires du SPW Agriculture de Wavre que j’ai admiré : à huit heure du matin, à peine ai-je eu le temps de terminer leur numéro de téléphone que l’on m’a répondu et donné très aimablement un rendez-vous pour m’aider à rédiger ma déclaration PAC. Dès treize heures, j’ai été reçu tout aussi agréablement par une personne qui devait supporter les doléances des agriculteurs face à cet imbroglio de mesures qui étaient, peut-être même pour lui, difficile à appréhender. Merci à eux qui ne font qu’appliquer le règlement alors qu’au fond d’eux-mêmes, ils peuvent sans doute nous comprendre.

A. Jadin,

  Agriculteur à Meux

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