Produire ses pommes de terre: rien ne sert de courir, il faut partir à point!
Cet adage extrait d’une fable de Jean de La Fontaine peut aussi inspirer le jardinier au moment d’installer ses cultures au printemps. C’est le cas de la pomme de terre.

De nombreux jardiniers tentent de planter leurs premières pommes de terre hâtives le 19 mars, le jour de la saint-Joseph. Si c’est très probablement une bonne période pour planter des pommes de terre hâtives date dans les régions de Paris ou de Versailles, ce n’est pas nécessairement le cas chez nous. C’est vrai que cela réussit parfois. Mais reconnaissons que cela rate souvent aussi.
Pour planter, il faut au moins 3 conditions :
– attendre le printemps météorologique, c’est une question de probabilité plus réduite de subir du gel ;
– attendre que le sol ait au moins 10ºC à 5 cm de profondeur ;
Une rotation de 4 ans
Il est recommandé de respecter une rotation de quatre années. En plantant plus fréquemment des pommes de terre au même endroit, nous augmentons plusieurs risques. Nous parlons de « fatigue du sol ». Elle englobe plusieurs aspects :
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– l’augmentation du risque d’apparition de nématodes dans le sol ;
– la survie des maladies liées au sol diminue avec le temps. En raccourcissant le délai entre deux cultures semblables, nous augmentons les risques du maintien des germes infectieux vivants dans le sol.
Ces risques augmentent si la structure du sol est dégradée, si la vie du sol est appauvrie.
Certains jardiniers plantent des poireaux après les premières récoltes de pomme de terre. C’est possible, mais le plus souvent, la date de plantation de cette culture est alors trop tardive et les poireaux restent à faible développement.
Une fertilisation disponible pour le début de croissance de la plante
Il faut que le sol et sa fertilisation soient propices au maintien des caractères variétaux. Un sol bien pourvu en potassium est idéal. L’analyse de sol pourra orienter nos choix. Comme ordre de grandeur, une teneur de 18 à 20 mg de K par 100 g de sol est une bonne teneur pour un sol limoneux.
Choisir sa variété de pomme de terre ?
Plusieurs critères nous permettent d’orienter notre choix.
La précocité de chaque variété est la synthèse de deux caractères : l’aptitude à former des tubercules alors que la longueur du jour n’est pas encore maximum et un développement rapide. En pratique, nous comptons qu’il faut 3 mois pour permettre une récolte de tubercules savoureux. Les variétés mi-hâtives ont besoin de 3 mois et demi, les mi-tardives de 4 mois ou plus. Pour consommer rapidement après la récolte, il n’est pas nécessaire de faire se mûrir la peau des tubercules. Au contraire, les productions destinées à être conservées, il est préférable d’attendre les signes de mûrissement du feuillage (jaunissement, brunissement) puis de défaner en coupant les tiges au ras du sol avec un sécateur ou une serpette. En laissant les tubercules encore en terre au moins deux semaines avant de récolter, leur peau s’affermit et la conservation de la récolte sera meilleure.
Une structure de sol impeccable
Le sol doit être décompacté sur au moins 18 cm de profondeur et affiné. C’est principalement pour cette raison qu’il ne faut pas se presser pour planter nos pommes de terre.
La structure doit être impeccable sur une grande profondeur de sol, il faut attendre que le sol soit bien ressuyé.
de 3 à 4 plants/m², selon les calibres
Défaner au jaunissement
Les variétés hâtives sont récoltées après 90 jours de culture, les mi-hâtives après 110 jours et les mi-tardives après 120 jours. En pratique, nous défanons lorsque les fanes commencent à jaunir, puis nous laissons les tubercules destinés à la conservation encore en terre 2 semaines de plus.
La protection contre le mildiou est une préoccupation. Les traitements dépendent de la variété et des conditions météo. Les services d’avertissements lancent des messages d’alerte:
https ://agriculture.wallonie.be/
Le goût en relation avec la concentration en matière sèche
Les variétés mises en évidence par la recherche sont intéressantes de manière générale. Dans chaque essai, toutes les variétés sont mises dans des conditions rigoureusement identiques. Les comparaisons de goût ont alors tout leur sens. Mais le goût est aussi en relation avec la concentration en matière sèche dans le tubercule. À teneurs basses, les tubercules expriment moins fortement leur goût mais restent très fermes à la cuisson. Pour des pommes de terre destinées à la cuisson vapeur, la teneur en matière sèche devrait au moins atteindre 18,5 %.
La teneur en matière sèche tend à augmenter régulièrement, du moins à ces stades jeunes de la culture. N’hésitons à pas à goûter un échantillon avent de récolter un lot.
Les conserver
Les tubercules récoltés sont mis à l’abri de la lumière à 15ºC durant 2 semaines avant d’être mis en conservation à 8ºC environ.
Si la température est supérieure à 18ºC au moment de la récolte, les tubercules ne se conservent que difficilement. Le moindre choc amène des blessures et des contaminations par des bactéries présentes dans le sol.