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Liberté chérie: des jeunes y croient encore!

À travers ce texte, j’aimerais remercier Marc Assin pour son article paru dans le numéro du 20 avril et lui dire qu’il existe encore des jeunes pour croire en cette liberté chérie que nous offre l’agriculture !

Temps de lecture : 3 min

Certes, bon nombre d’obstacles se dressent face à elle aujourd’hui. La Pac et ses piliers, qui aliènent peu à peu celles et ceux qui en sont les victimes bénéficiaires, représentent sans doute l’une des atteintes les plus importantes au pilier initial et principal de l’agriculture qu’est la liberté. De nos jours, la manière dont nous élevons nos animaux, la tenue de nos terres, la gestion de l’environnement qui nous entoure, tout (ou presque) nous est imposé, dicté, exigé par des personnes qui semblent ne faire que peu de cas des réalités du terrain. À l’instar des serfs, qui devaient rendre des comptes aux seigneurs qui les payaient pour leur travail, nous devons rendre des comptes à ces gens qui décident de l’octroi ou non des précieuses primes. Il est vrai, cette servitude volontaire entache la liberté de l’agricultrice et de l’agriculteur.

Et pourtant, lorsqu’un de mes amis m’a demandé pour quelle raison je m’obstinais à suivre la voie difficile et peu reconnue de l’agriculture, la réponse m’est venue naturellement : pour être libre. Il m’a regardée bizarrement, ne comprenant pas comment un métier qui nous empêche de prendre des vacances, nous oblige à travailler tous les jours de l’année, nous demande de veiller les vaches certaines nuits, nous rend entièrement dépendants de la météo, comment un métier pareil peut offrir de la liberté à celles et ceux qui l’exercent.

Alors, je lui ai répondu : « à la ferme, je suis libre d’être qui je suis et qui je veux être, sans me soucier du regard des autres ». Je peux parler toute seule, chanter ou fredonner sans que cela ne dérange qui que ce soit, ou, à l’inverse, garder le silence aussi longtemps que je le souhaite. Je suis aussi libre de pouvoir marcher dans les champs en laissant vagabonder mon esprit au gré de mon imagination, rêvant de telle histoire, de tel héros, tout en allant rechercher mon troupeau qui achève de brouter l’herbe avant de venir se faire traire. Quel bonheur !

Ainsi, malgré toutes les entraves que l’on tente de nous imposer, je demeure persuadée que la liberté d’esprit de bien d’entre nous reste intacte. Cette liberté qui nous fait voir le monde différemment et nous permet de rêver et d’exercer notre passion malgré la difficulté et la rigueur qu’elle impose. Pour reprendre les paroles d’Oda dans One Piece : « La passion et les rêves sont comme le temps, rien ne peut les arrêter, et il en sera ainsi tant qu’il y aura des hommes prêts à donner un sens au mot « liberté » ».

Continuons donc de faire partie des personnes qui savent encore donner un sens au mot « liberté » et qui permettent ainsi aux rêves d’exister et de se réaliser !

Chloé Magein

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