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Une année de croissance ténue pour le bio wallon

L’année 2022 a été marquée par les crises, et cela se ressent dans l’évolution des filières bio wallonnes. En effet, celles-ci ne progressent que très faiblement, comparativement aux années précédentes. Aucune spéculation ne semble toutefois être en difficulté, ce qui est rassurant.

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Au 31 décembre 2022, la Wallonie recensait 2.010 fermes sous contrôle bio (100 % bio ou mixte bio-conventionnel), soit 16 % des fermes wallonnes. En 2022, 41 fermes ont fait le choix du bio, ce qui représente une augmentation de 2,1 % par rapport à 2021 (+3,6 % en 2021), souligne Biowallonie, la structure d’encadrement du bio, dans son bilan annuel dédié à la production agricole bio publié début juin.

En 10 ans, 920 nouvelles exploitations ont opté pour ce mode de production (figure 1).

Figure 1: évolution de la superficie et du nombre de ferme bio en Wallonie. (Biowallonie)
Figure 1: évolution de la superficie et du nombre de ferme bio en Wallonie. (Biowallonie)

La surface agricole utile (SAU) consacrée au bio progresse, elle, de 1,7 % (+2,3 % en 2021). La SAU sous contrôle bio atteint 93.526 ha (+ 1.518 ha), soit 12,7 % de la SAU totale wallonne (figure 1). Sur ce total, 6.524 ha sont en cours de conversion. Depuis fin 2010, les surfaces bio ont été multipliées par deux dans notre région.

Ajoutons encore que la surface agricole moyenne d’une ferme bio est de 46,5 ha, soit environ 12 ha de moins que la moyenne wallonne.

Une première depuis 2011 : les grandes cultures ne progressent pas

Bien que plus importante que l’évolution négative du nombre d’herbivores bio (-0,6 %), la surface dédiée aux prairies ne progresse que faiblement. 1.152 ha de prairies sont passés sous contrôle bio en 2022, soit un sursaut de 1,7 %. Trois quarts de ces surfaces sont situés dans les provinces de Luxembourg et de Liège. 87 % des prairies bio ou en conversion sont permanentes ; le solde se composant de prairies temporaires.

Même si les prairies représentent trois quarts (73 % précisément) du paysage agricole bio wallon, leur proportion diminue d’année en année au profit des grandes cultures nécessaires pour alimenter le bétail et répondre à la demande grandissante du marché alimentaire bio, précise Biowallonie. Cette proportion reste toutefois élevée en raison du grand nombre d’élevages bovins certifiés bio mais aussi par la spécificité de la filière qui requiert une surface prairiale importante pour assurer une autonomie fourragère maximale des fermes.

Les grandes cultures (céréales, cultures fourragères, pommes de terre, oléagineux et protéagineux) n’ont pas progressé en 2022 et ce, pour la première fois depuis 2011. Entre 2013 et 2021, plus de 1.000 ha de grandes cultures étaient pourtant convertis au bio chaque année. Cette situation s’explique par une demande stable ou en baisse par rapport à 2021.

34 % des grandes cultures bio sont situés en province de Luxembourg. Suivent la province de Namur (25 %), le Hainaut (17 %), la province de Liège (14 %) et le Brabant wallon (9 %).

En 2022, 55 % des grandes cultures bio sont des céréales et assimilés, dont les plus courantes sont l’épeautre, le froment, l’avoine, l’orge et le maïs grain (par ordre d’importance). Ces cinq céréales représentent 87 % des céréales cultivées en bio en 2022. Les mélanges céréales-légumineuses, et autres, s’adjugent 29 % du total ; les cultures fourragères suivent avec 9 %. Enfin, les pommes de terre, oléagineux, protéagineux et autres cultures industrielles occupent 10 % des terres bio wallonnes.

Les cultures légumières ont progressé de 1 % seulement en 2022. Cela représente 39 nouveaux ha, pour un total de 2.698 ha. Les surfaces légumières bio wallonnes se répartissent comme suit : province de Liège (28 %), Brabant wallon (25 %), province de Namur (21 %), Hainaut (21 %) et province de Luxembourg (5 %).

Du côté des cultures fruitières, on relève un bond important de 19 %. 124 nouveaux ha bio ont été répertoriés, suite à la demande importante des consommateurs. Les vergers et vignobles bio se trouvent principalement en province de Namur (44 %). Derrière, on retrouve la province de Liège (21 %), le Brabant wallon (14,5 %), le Hainaut (14,5 %) et la province de Luxembourg (7 %).

La production de raisins bio se développe bien, avec 27 nouveaux ha en 2022, pour un total de 193 ha. En l’espace de trois ans, cette superficie a doublé !

La production de semences et de plants progresse fortement (+42 %) pour atteindre 536 ha. Selon Biowallonie, 87 % de ces surfaces sont utilisées pour la multiplication de semences et plants, 9 % pour la production de plants de pommes de terre et 4 % sont des pépinières (de plants fruitiers, ornementaux ou forestiers).

Enfin, les jachères, engrais verts et parcours extérieurs enregistrent une croissance de 19 % et culminent à 594 ha.

Le tableau fournit un récapitulatif de l’évolution de la superficie sous contrôle bio depuis 2012.

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Légère progression du cheptel viandeux

Au cours de l’année 2022, le nombre d’animaux bio a progressé de 1 % seulement, toutes espèces confondues. Selon Biowallonie, il s’agit de la plus faible progression depuis 2003.

Après avoir connu une légère baisse en 2021, le nombre de bovins bio est resté globalement stable, pour atteindre 103.565 têtes (figure 2). Trois quarts des bovins bio sont élevés dans les provinces de Luxembourg et de Liège.

Figure 2: évolution de la filière bovine wallonne (nombre d’animaux) entre 2003 et 2022. (Biowallonie)
Figure 2: évolution de la filière bovine wallonne (nombre d’animaux) entre 2003 et 2022. (Biowallonie)

Stable entre 2017 et 2022, mais en baisse en 2021, le nombre de vaches allaitantes a progressé de 4 % en 2022, par rapport à 2021. Les prix payés aux producteurs, meilleurs en 2022 que les années précédentes, expliquent cette situation.

La filière laitière poursuit, elle, son expansion. 780 vaches laitières supplémentaires sont traites en bio en Wallonie, soit une hausse de 4 %.

Le porc bio se montre stable

Alors que le secteur porcin bio wallon avait progressé en 2020 et 2021, il s’est sensiblement tassé en 2022 (-1 %). 14.815 porcs gras ont été commercialisés l’année dernière. Cette tendance s’explique par le fait que la rentabilité de la spéculation a reculé, principalement à cause de l’augmentation des prix des aliments, mais aussi par la baisse de la demande et la diminution du prix de vente.

En 2022, le nombre de truies a augmenté de 3 %, avec un total de 1.150 truies bio recensées.

Les porcs bio wallons sont élevés majoritairement en province de Luxembourg (48 %) et en Hainaut (22 %).

Les poules pondeuses poursuivent leur croissance

Les poulaillers de petite taille (200-250 animaux) ainsi que les poulaillers mobiles se développent beaucoup ces trois dernières années.

Après des années de forte croissance, le nombre de poulets de chair (commercialisés) se montre stable : -0,4 % entre 2021 et 2022. 17.000 poulets de moins ont été commercialisés l’année dernière, pour un total de 4.065.209 unités. Au total, 137 fermes ont élevé des poulets bio.

La moitié des poulets bio a été élevée dans la province de Namur. Suivent les provinces de Luxembourg (25 %) et de Liège (16 %).

Alors que la filière poulet de chair suit une croissance relativement linéaire, la filière poules pondeuses a connu un véritable « boom » entre 2010 et 2020. Cependant, sa croissance ralentit depuis. En 2022, on recensait 22.054 poules pondeuses supplémentaires (+6 %). La filière comptait, fin de l’année dernière, près de 383.317 animaux. Les 110 élevages concernés sont répartis sur l’ensemble de la Région mais sont principalement présents en provinces de Namur (42 %), de Luxembourg (23 %) et dans le Hainaut (20 %).

Le nombre de poulettes futures pondeuses s’élevait à 162.000 (+27 %). Les cinq élevages de poulettes sont situés exclusivement dans la province de Namur (66 %) et en Hainaut (34 %).

La filière ovine n’évolue plus

La filière ovine, en constante évolution depuis 2009, est restée stable en 2022. Elle compte un peu de moins 26.000 animaux, dont les trois quarts sont élevés dans les provinces de Luxembourg et Namur.

De son côté, la filière caprine affiche un léger repli (-6 %) après avoir connu une confortable progression en 2020 et 2021. Elle totalise 2.694 têtes. C’est la province de Liège qui accueille le plus de chèvre bio, avec 43 % du cheptel wallon.

En 2022, la Wallonie comptait également, au sein de filières de niche, 2.306 autres volailles (canards et pintades), 1.560 équidés (chevaux, juments laitières et ânes), 500 escargots, 266 cervidés (cerfs et daims) et 40 lapins.

Enfin, l’aquaculture bio wallonne représente un peu plus de 1 t de poissons commercialisée en 2022 et se montre en diminution par rapport à 2021. Le total de ruches certifiées est, quant à lui, de 25, soit trois de moins qu’en 2021.

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