La biosécurité, une stratégie pour relever les défis en matière de santé animale
Normes, défis, menaces, mise en œuvre… Où en est la biosécurité en Europe ? Brûlante d’actualité, la question a été au cœur du symposium organisé début mars à Bruxelles par la Fédération européenne pour la Santé animale et la Sécurité sanitaire (Fesass) sous l’égide de la présidence belge.

Pierre angulaire de toute stratégie de prévention, de lutte et de contrôle des maladies animales, la biosécurité est l’un des fondements de la Loi de santé animale européenne (LSA).
La biosécurité dans la législation européenne
Un enjeu européen de taille
Sur le terrain, la biosécurité est un outil indispensable pour protéger les élevages. Si la marge de progression est toutefois encore importante dans l’UE, il faut qu’elle soit « adaptée à chaque élevage et adoptée par tous les éleveurs » a insisté le président de la Fesass, Didier Delmotte, lors de son allocution.
Pour y arriver, vaste tâche s’il en est, il est utile de rappeler les menaces qui pèsent actuellement sur les élevages européens avant de se pencher sur la manière dont la biosécurité peut aider à les en éloigner.
Ces maladies qui frappent l’Europe
Ce sont, tout d’abord, les maladies de catégorie A normalement absentes de l’UE et soumises à éradication immédiate, telles que la grippe aviaire hautement pathogène, la peste porcine africaine, la variole ovine et caprine, la dermatose nodulaire contagieuse.
Grippe aviaire et peste porcine africaine
Parmi toutes ces épizooties, certaines ont marqué le secteur européen de l’élevage au fer rouge. C’est le cas de la grippe aviaire hautement pathogène qui a occupé le devant de la scène entre 2020 et 2023. Propagée en Europe par des oiseaux migrateurs, elle a malheureusement touché de nombreuses zones à forte densité avicole.
L’impact est moindre en 2024, et c’est une embellie que la représentante de la commission attribue aux mesures de biosécurité adoptées par les États membres.
Le secteur de l’élevage porcin a, quant à lui, payé un lourd tribut à la peste porcine africaine, laquelle a été enregistrée pour la première fois en 2014 dans l’UE en provenance de l’est.
Mme Logar a souligné l’efficacité de la Belgique qui a réussi à éradiquer la maladie sur son territoire grâce à une bonne collaboration entre les différents acteurs et des normes de biosécurité strictes dans les élevages porcins. C’est ainsi que notre pays a pu retrouver, le 21 décembre 2020, son statut indemne chez tous les suidés (porcs domestiques, sangliers sauvages et en captivité).
Retour de la clavelée en Espagne fin 2022
Il n’y a pas de répit sur le front sanitaire en Europe. D’autres maladies ont fait irruption sur notre continent au cours de ces dernières années.
Ainsi, alors que la maladie était considérée comme éradiquée depuis 1968, l’Espagne (en Andalousie et dans la région de Castille-la-Manche) a rencontré en 2022 un épisode de clavelée dont l’origine de l’émergence reste inconnue. Il s’agissait de la première déclaration de la maladie dans l’UE et en Europe géographique (hors Turquie) depuis 2018.
Les autorités sanitaires andalouses ont immédiatement adopté les mesures de contrôle prévues dans le règlement délégué 2020/687 de la commission : zonage de 3 et 10km, dépeuplement des élevages foyers sur place, élimination des cadavres par équarrissage, élimination des litières, fumiers et aliments présents, investigation des liens épidémiologiques. Il aura fallu un an pour éradiquer la maladie dans la péninsule ibérique.
En 2023, quelques foyers de clavelée ont été signalés en Grèce (sur l’île de Lesbos et en Phthiotide) et en Bulgarie où la situation est redevenue normale en décembre dernier. Quant à la Grèce, elle n’a plus enregistré le moindre foyer depuis le 24 janvier de cette année.
La stratégie vaccinale au secours des troupeaux
La vaccination a permis de circonscrire des maladies. La dermatose nodulaire contagieuse fait partie de celles-ci.
Cette maladie virale enzootique qui sévit en Afrique sub-saharienne a été détectée pour la première fois en Turquie en novembre 2013. Elle s’est ensuite étendue à l’Europe, tout d’abord à la partie européenne de la Turquie en mai 2015, puis dans les Balkans en 2016.
En 2016, la mise en œuvre par l’UE d’une stratégie vaccinale a eu un effet protecteur pour les pays qui ont bénéficié d’une forte couverture et a permis d’arrêter la progression vers d’autres.
Aujourd’hui, seules la Bulgarie et la Grèce continuent à vacciner leurs troupeaux.
Qu’en est-il des maladies résiduelles ?
L’Europe est sur le point de se débarrasser de la tuberculose et de la brucellose. Seuls quelques territoires en son sein mettent encore aujourd’hui en œuvre des programmes d’éradication.
Pour certaines maladies de catégorie C, l’éradication est optionnelle. Certains pays bénéficient déjà d’un statut indemne de rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) et de diarrhée virale bovine (BVD). C’est le cas de l’Allemagne, du Danemark, de la Finlande, de la Suède et de l’Autriche pour ces deux maladies.
La fièvre catarrhale ovine est quant à elle beaucoup plus difficile à maîtriser, notamment en matière de biosécurité. De bons vaccins existent néanmoins pour la majorité des sérotypes, ce qui rend l’éradication de la maladie possible. De nombreux États membres sont d’ailleurs indemnes de cette maladie.
Préservation d’un statut zoosanitaire élevé dans l’UE
Mise en œuvre de la biosécurité, mais encore ?
Le concept « One Health »