Une demande claire en production locale pour l’aubergine
Exigeante en chaleur, l’aubergine est cultivée chez nous sous serre maraîchère. Il y a une demande de ce fruit en production locale. Son cycle de végétation jusqu’aux premiers fruits est plus long que celui de la tomate, nous sèmerons donc plus tôt pour obtenir des plants forts et précoces. La production de plants exige de la chaleur et se fait en serre chauffée.

Le choix variétal est largement couvert par des hybrides, mieux adaptés aux cultures sous abris. Ces variétés sont généralement dépourvues d’épines. Des variétés lignées sont toujours disponibles dans les catalogues.
Nous trouvons des variétés aux fruits longs, demi-longs, demi-courts ou courts, les demi-longs et demi-courts étant les formes classiques.
La couleur classique est violet foncé, des alternatives existent, notamment de couleurs ivoire, rayées et jaune.
Lorsque la rotation dans la serre est plus courte que 4 ans, nous pouvons voir apparaître à la longue des nématodes, la verticilliose, des fusarioses et le Corky-root. La greffe sur sujet tolérant peut être une solution si la rotation ou le déplacement de la serre maraîchère ne peuvent pas être appliqués. Dans les fermes maraîchères diversifiées, ce problème reste limité.
La production des plants
Nous repiquons en mottes pressées ou en godets 10 jours après la levée, au stade cotylédons étalés – apparition de la première feuille. La lumière est importante pour garder de plants
La préparation du sol
L’enracinement de l’aubergine est puissant, mais il se développera d’autant mieux que le sol est décompacté sur une trentaine de cm.
Nous préparons le sol pour constituer de légers ados d’une largeur de 1,2 mètre et distants entre eux de 1,5 m à 1,8 m d’axe en axe. Nous plaçons les tuyaux d’irrigation et recouvrons du paillage (plastique double face, noir inférieur, blanc supérieur, de 1,4 m de large).
La plantation
La fertilisation
Nous pouvons fertiliser en plein terrain en nous basant sur l’analyse de sol. Les exportations seront importantes parce que constituées d’une part des fruits et d’autre part des charpentes aériennes qui seront évacuées en vue du compostage.
Les besoins sont de l’ordre de 260 unités de N, 70 unités de P2O5, 260 de K2O, et 40 de MgO. Pour les fermes maraîchères qui en disposent le fumier et le compost sont très bien valorisés par le puissant enracinement de l’aubergine.
Les besoins en eau sont importants pour le rendement final et la qualité. Le manque d’eau se traduit par des chutes de fleurs et un manque de coloration des fruits. Pour éviter l’asphyxie de la zone racinaire, l’emploi de goutte-à-goutte est préférable. Le pilotage par tensiomètres est recommandé, en visant 60 à 70 % de l’ETP (évapotranspiration) jusqu’au grossissement des premiers fruits et 80 à 100 % ensuite. Surtout lors des premières semaines de culture, mais idéalement tout au long de la saison de production, utilisons de l’eau d’arrosage tempérée.
Les soins à la culture
À la plantation, si la température du sol est plus basse que 18ºC, il peut être intéressant d’installer des mini-tunnels dans la serre ou un double voile sur les plantes pour gagner quelques degrés. Il n’y a guère de croissance racinaire sous 15ºC.
L’aération de la serre est réglée en se basant sur une température optimum de croissance de 25 à 30ºC (pas de croissance foliaire sous 12ºC) et une humidité relative de 50 à 65 %.
Le manque de lumière influence négativement la réussite de la culture.
La croissance de l’aubergine se fait d’abord sur une tige (croissance monopodiale) puis des tiges latérales produisent également (croissance sympodiale). La croissance et la floraison sont continues. En pratique, la production de fruits se fait par vagues.
Une autre méthode consiste à tendre
Les maladies et ravageurs
Le contrôle de la température et de l’humidité résout pas mal de problèmes de mildiou et de Botrytis. Le respect d’une rotation de 4 ans est une bonne technique pour les maladies et parasites liés au sol.
La pourriture du collet, due entre autres à Pythium, est réduite si le collet reste bien au-dessus du sol à la plantation.
Les aleurodes et les acariens sont favorisés par les températures élevées et l’humidité relative moyenne. Leur présence doit être surveillée de près pour pouvoir décider à temps de l’achat éventuel d’auxiliaires et les interventions sur l’humectation du feuillage.
Contre les acariens phytophages, le bassinage du feuillage diminue la pression des populations si nous commençons les interventions dès le début de leur développement. Nous bassinons quelques minutes seulement, deux fois par jour si possible. Nous laissons 4 heures sans bassinage entre le départ de la rosée matinale et le premier bassinage et autant entre le dernier bassinage et l’heure attendue de la rosée nocturne, pour ne pas favoriser Botrytis.
Contre les aleurodes, l’introduction d’auxiliaires (Encarsia formosa, Macrolophus pygmaeus…) est une solution. En effeuillant les 3 feuilles basales toutes les 4 semaines, nous enlevons les larves âgées.
Les doryphores ne sont pas souvent considérés comme des ravageurs importants chez nous., Cependant, des attaques ponctuellement importantes ont été repérées, notamment en 2017. Les cueillettes quand il ne s’agit que de quelques plantes atteintes ou le recours à un produit homologué (dont ceux à base de Bacillus thurengiensis tenebrionis) a pu être nécessaire.
Les thrips posent parfois des problèmes de surpopulation. Nous installons alors des panneaux bleus englués entre les plantes, à raison d’un panneau tous les 2 mètres.
La récolte
Nous pouvons faire nos calculs de rentabilité avec un rendement de l’ordre de 3 kg/m². Nous récoltons quand les fruits ont une coloration presque noire, uniforme, brillants.
La récolte se fait au sécateur ou à la serpette.