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« Sortie Nives,

prendre la direction de Martelange »

Depuis mon départ de Bruxelles, mon cerveau s’est mis en pilote automatique, et semble se complaire dans ce sentiment de vertige qui l’emporte dans les nuages comme un ballon de fête foraine, lâché par un enfant consterné. Ma mère trop aimante m’a lâché aussi, dévorée vivante par ses démons d’Alzheimer. Elle ne me reconnaissait plus, m’invectivait durement et tenait des propos déments où revenait sans cesse le mot « bâtard »…

Temps de lecture : 16 min

Après son décès, j’ai découvert un secret qu’elle taisait jalousement. Enfant naturel, j’aurais passé les trois premières années de ma vie en Ardenne, dans une région sauvage et verte. L’endroit de ma naissance s’appelle « Moulin du Lairy ». À bientôt septante ans, je viens de découvrir des choses inimaginables.

Je m’arrête sur le bas-côté, au beau milieu de la campagne, ouvre la portière en grand et respire à fond en fermant les yeux. L’air d’ici est léger et gonfle vos poumons à vous mettre des étoiles plein la tête. J’appelle mes souvenirs les plus lointains. Seuls m’apparaissent des fantômes brumeux, une étendue noire et fluide, où dort une terreur sans nom. Mon dieu, Maman, où m’emmènes-tu ?

Je redémarre. Moulin du Lairy, me voici ! Je l’ai trouvé facilement sur Google ; ses occupants tiennent un gîte à la ferme. Parfait ! J’ai réservé toute une semaine.

La cour est macadamisée et scrupuleusement propre. La margelle du puits déborde de plantes grimpantes et, à ses pieds, un parterre de jonquilles déroule son tapis couleur de printemps. Je descends de voiture et frissonne. Bigre, la bise est glaciale ! Une pancarte flotte au vent, pendue à des chaînettes, et ses lettres en arabesques annoncent joliment : « Gîte des Mille et Une Sources ».

Mille et une sources

Une jeune dame trottine vers la porte vitrée. Son sourire m’étincelle, dents de nacre sur peau cannelle, et ses yeux sombres s’écarquillent de surprise tandis qu’elle m’ouvre en grand. Un minuscule visage duveteux repose contre son cou, lové au creux d’une écharpe porte-bébé rebondie.

« Meneer Alexander Van Beneden ? Florence Harzy. We zijn blij u te ontmoeten ! »

« Très heureux également. Pas de souci, vous pouvez me parler en français ! »

Elle semble interloquée. Son regard a perdu de son insistance, et papillonne entre moi et son bébé.

« Vous ne m’attendiez pas si tôt, je parie ? »

« Excusez-moi, je dois foncer rechercher mon aîné à l’école primaire. »

« Alors, tout va bien ! Venez, je vous emmène. Ma voiture est bien chauffée. Ainsi, vos enfants ne risqueront pas de prendre mal, avec cette bise glaciale qui balaye la campagne. »

« C’est le vent des fous, comme dit mon père. Ça peut durer des semaines en mars, et ça rend les gens nerveux, à la longue… »

« Le vent des fous » : j’ai reçu ces mots comme un coup de poing. Ma mère à l’agonie les a prononcés plusieurs fois. « C’est à cause du vent des fous ». La jeune femme se dandine quelques secondes, puis me suit et s’engouffre rapidement dans l’Audi. Nous faisons connaissance en roulant.

« Je ne m’attendais pas à rencontrer ici une jolie fleur exotique. Pardonnez-moi ma curiosité. Vous êtes d’origine Indienne, Malgache ? »

« Vous y êtes presque. Maman vient des Îles Maurice. Papa l’a connue via une agence matrimoniale, puis elle est venue l’épouser en Belgique. Je vais vous paraître effrontée, mais j’ai cru un instant que c’était lui, en vous voyant à la porte. Crinière de cheveux blancs et profil aquilin. J’ai eu un choc… »

Les routes sont tortueuses et étroites, comme mes pensées et ses tournants masqués. Je ris à ces paroles, et lui lance, attentif à ma conduite et à ma réponse.

« Vous m’en direz tant ! Je ressemble terriblement à ma mère, et confidence pour confidence, elle était la jeune sœur de votre grand-père paternel. »

Elle encaisse ces révélations bouche bée, en oublie de m’indiquer le petit chemin privé qui mène à l’école. Nous tournons autour du pâté de maisons pour retrouver l’accès. Un petit garçon se précipite dans ses jupes.

« Ouaw ! Quelle belle voiture rouge ! Bonjour Monsieur ! »

Sans façon, il s’installe sur la banquette arrière

« Dis Maman, pourquoi le monsieur il est venu me chercher avec toi ? »

« Euh, en fait, je crois, enfin je suis sûre, qu’il est cousin avec Papy. Il est de la famille tu vois, et c’est pourquoi je lui ai demandé, enfin, il m’a proposé… »

Florence bafouille des explications décousues, et le bambin n’insiste pas.

« Moi aussi, j’aime les voitures rouges. Papa a un tracteur vert et un bleu plus petit, mais son Schaeffer est rouge. Je vous le montrerai tantôt. »

Je me suis fait un nouvel ami ! Nous bavardons tout le long du retour, et je lui pose des questions sur leurs animaux, sur ses activités à l’école. Ma passagère berce le bébé dans un silence pensif, front plissé et regard dans le vague. De retour à la ferme, elle m’offre à goûter, dépose le tout-petit dans son berceau, installe Guido devant ses devoirs d’école, puis me propose de l’accompagner au gîte. Celui-ci est contigu aux bâtiments, et je remarque aussitôt une énorme meule en pierre maçonnée carrément dans le mur de façade. L’effet est original et indique sans équivoque l’ancienne fonction de la bâtisse. Mon hôtesse sort enfin de son mutisme.

« Mon instinct me dit que vous n’affabulez pas. Cette ressemblance ! Mais jamais, au grand jamais, mon grand-père ou mon père ne m’ont parlé d’une sœur ou d’une tante. Ils étaient enfants uniques tous les deux, à ma connaissance. Papa avait une sœur, mais elle est morte d’une pneumonie, vers dix ans. »

« Votre père s’appelle Joseph, n’est-ce pas ? Et la petite fille se nommait Alice, comme ma plus jeune sœur. Moi aussi, j’ignorais toutes ces choses jusqu’au décès de ma mère. Un détail va vous intéresser : elle s’appelait Flore Harzy… »

Un retour aux sources

Le gîte est accueillant et douillet. Florence a un goût sûr pour les choses simples et confortables. Je lui raconte ma découverte stupéfiante lors des derniers jours de vie de Maman. Elle m’écoute attentivement et me demande :

« Mais dites-moi, que cherchez-vous au juste en venant ici ? Découvrir sans doute l’identité de votre père ? »

« Je vais vous surprendre : pas du tout ! Mon père, c’est l’homme qui m’a adopté à l’âge de quatre ans. Non, je veux simplement retrouver l’endroit qui m’a vu naître, et aussi répondre à plusieurs questions qui me taraudent. »

« Le seul qui puisse vous aider, c’est Papa, mais il est loin. Parti en visite dans la famille de Maman. »

« Je n’ai pas débarqué dans votre vie pour vous gâcher l’existence, rassurez-vous ! Je vais tout d’abord m’imprégner des lieux, voir par moi-même. Votre gîte des « mille et une sources » me semble tout indiqué pour un retour aux sources ! »

« C’est fou ! Se découvrir des cousins proches. Notre famille est tellement minuscule ! »

« J’ai trois sœurs, huit neveux et nièces, qui ont eux-mêmes toute une flopée d’enfants. Ils voudront tous visiter la maison de la branche maternelle. Votre gîte risque fort de ne pas désemplir dans les années à venir… »

Le joli sourire de Florence fleurit à nouveau.

« Papa et Maman reviennent samedi, pour Pâques. Vous aurez bientôt en main la clef de tous vos mystères. Enfin, j’espère ! »

J’ai beau blaguer et jouer le rôle du mec bienveillant et sympa, une petite voix inquiète me met en garde : je risque fort de découvrir des vérités dérangeantes, de sortir du placard familial l’un ou l’autre squelette grimaçant.

Mon hôtesse s’éclipse rapidement. Je m’installe devant mon ordinateur. Sur le geo-portail de Wallonie, une vue satellite m’offre une vue saisissante de la vallée du Lairy. Un ruisseau serpente tout le long, tel un chapelet où s’égrènent des coins humides, des bosquets, et quelques petites pièces d’eau.

L’étang du moulin

Le matin me voit émerger d’un sommeil agité, peuplé de rêves étranges, de sensations désagréables. J’ai revu cette étendue sombre et subi ce froid intense, cette oppression sur la poitrine. Pas très fringant, je passe boire une tasse de café auprès de ma charmante petite-cousine. Sur la table du salon s’étalent de volumineux albums photos.

Emmitouflé de pied en cap, je pars en randonnée. Les maîtres des lieux ont aménagé des sentiers destinés aux promeneurs, avec des fléchages adéquats. Je choisis la promenade dite « des Saules », plutôt que celle « du Héron » ou « des Écureuils ». Une sente étroite s’étire entre deux prairies solidement clôturées. Aucune vache n’y broute en cette froide journée de mars. Le chemin s’enfonce ensuite dans un bosquet de saules, puis débouche sur une très longue passerelle posée en travers d’un marécage. L’étang du moulin devrait être ici, d’après le geo-portail.

Je quitte la passerelle et m’aventure sur une sorte de gazon épais, émaillé de touffes de roseaux. Le sol est assez portant, et mes souliers de marches s’enfoncent à peine. À ma droite, je repère une sorte de long talus, haut d’un bon mètre : ce doit être la digue. Une végétation entrelacée la couvre par endroits, mais je peux apercevoir des poteaux et une grosse plaque rouillée. J’entreprends de la rejoindre, mais mon pied droit s’enfonce soudain et je glisse dans un trou d’eau. Me voilà pataugeant stupidement dans l’eau marécageuse. Une odeur nauséabonde me saisit les narines, et là, de manière incompréhensible, une peur panique s’empare de moi. Mon cœur s’emballe follement et je fonce vers la passerelle en bois.

Mes pieds sont trempés, et un froid intense me transit jusqu’aux os, comme dans mon rêve ; l’angoisse me broie la poitrine. Je peine à retrouver ma respiration. Piteusement, je rejoins mon gîte. La traversée de la prairie est très pénible ; une bise glaciale se glisse sous mes vêtements et me griffe le visage. J’entends ma mère hurler sa démence : « C’est à cause du vent des fous ! ». Je commence à comprendre. Que s’est-il passé dans mon enfance ?

Après m’être séché et un peu calmé, je vais frapper à la porte de Florence. Celle-ci m’attend, l’œil ahuri de me voir si défait. Elle me propose une tasse d’un café fort additionné d’une bonne rasade de rhum à 90º. Ouaw ! Ces Ardennais, ce sont des guerriers ! Puis d’un air satisfait, elle ouvre devant moi un vieux bouquin à la couverture toute défraîchie. De vieilles photos sont glissées sans ordre entre les feuilles. Je découvre en sépia des gens inconnus. La jeune femme donne sans façon le sein à son bébé, et commente les clichés.

Une jeune fille amoureuse

« Ce doit être votre mère, ici, elle pose aux côtés d’un soldat américain ; c’est un démineur, d’après l’insigne sur sa manche. Sur celle-ci, la petite fille aux grandes couettes qui lui tient la main, ce doit être Alice, ma tante, qui est décédée d’une pneumonie. Et voici une autre, la plus intéressante ! Elle date de mai 1946. On y voit votre mère assise, avec Alice qui porte fièrement un nourrisson ; je pense que c’est vous ! »

J’emporte les vieilles photos au gîte. Le mystère s’épaissit autour de ma naissance. Mon père biologique était-il cet Américain au sourire ravageur de star de cinéma ? Je retourne les clichés dans tous les sens, traque les détails. Une chose est certaine : il s’agit bien là de ma mère. Il me tarde de parler avec mon cousin, le père de Florence. Pourra-t-il, ou plutôt voudra-t-il m’aider ? Je vais me coucher avec toutes ces questions.

Un rêve nouveau vient me hanter. Je cours dans la prairie vide, avec un autre petit garçon ; une grande fille nous poursuit, ses longues couettes au vent. Elle crie d’une voix apeurée : « Tante Flore a dit de ne plus aller à l’étang, revenez, vous aurez la fessée ! ». L’autre petit garçon ralentit, mais moi je continue et je cours sur la digue. « Laisse-le tranquille, Joseph, tu vas le faire tomber ». À cet instant, je trébuche et bascule la tête la première dans l’eau noire et vaseuse.

Je me réveille en sursaut, trempé de sueur. J’ai dans le nez l’odeur putride de vase de ce matin. L’écran opaque de mes souvenirs vient de s’illuminer : toutes les réponses se trouvent dans cette vallée des sources, et précisément dans cet étang asséché.

Enfant posthume

Le lendemain, je continue mes prospections. Florence me conduit au cimetière, où je découvre les tombes de ma famille maternelle. La petite Alice avait dix ans lors de son décès en avril 1949. André, le frère de ma mère, est mort en 2005, âgé de quatre-vingts huit ans.

Nous nous rendons ensuite à la maison communale, où le registre de la population m’indique la date de naissance de ma mère. Tout ému, je trouve ma déclaration de naissance, faite par André Harzy, mon oncle : « Alexandre Harzy, né de père inconnu le 16 juin 1946 ». Joseph, le papa de Florence, est né deux mois plus tôt que moi.

Au Syndicat d’Initiative, une employée nous propose de consulter les documents et les publications consacrés à l’historique de la guerre 40-45. La plupart d’entre eux concernent l’Offensive des Ardennes. En toute fin du dernier bouquin, un chapitre relate le travail ingrat des démineurs, leur héroïsme. Un monument à leur souvenir est érigé sur la route vers Bastogne, là où deux des leurs ont trouvé la mort dans l’explosion d’une mine scélérate.

Mon Dieu, quel pays de sauvages ! Nous nous rendons sur place. Un marronnier d’Inde ombrage un petit tertre où une plaque rappelle les événements funestes. « À la mémoire de Darren Kyle et Alessio Cosimano, démineurs tués le 13 septembre 1945 ». J’ai retrouvé mon père biologique, sans l’ombre d’un doute ! Maman me surnommait affectueusement Alessio ; je viens de comprendre pourquoi. Ce beau soldat américain d’origine italienne, celui de la photo, l’avait séduite en août, puis hélas avait été tué en septembre. Je suis un enfant posthume…

Retrouvailles

Les jours suivants, j’attends le retour de Joseph avec impatience, et pour tuer le temps, je me balade partout dans le domaine, explore ses moindres recoins. Mes nuits sont peuplées de visions oniriques, de rêves décousus où le passé et le présent se mélangent. Un souvenir douloureux m’est revenu : je suis couché et des gens tout habillés en blanc me palpent le corps, m’enfoncent des aiguilles monstrueuses dans le thorax. Parmi ces personnes je remarque mon père nourricier, avec son doux sourire et son regard bienveillant de myope.

Samedi arrive enfin. Florence me demande de l’accompagner à Charleroi, où ses parents doivent atterrir dans l’après-midi. Je lui propose mes services de chauffeur, et elle accepte de bon cœur. Nous partons en balade, avec Guido et le bébé dans sa poche kangourou.

Les deux voyageurs nous attendent déjà dans le hall d’entrée. Le père de Florence est grand et voûté, avec des bras interminables ; son épouse est vive et colorée comme sa fille. Il me remarque à peine, et lance quelques mots en dialecte wallon. La jolie métisse me présente, et le vieil homme blêmit en me scrutant de la tête aux pieds. Vite, son épouse le prend par le bras et l’aide à s’asseoir sur un banc. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi stupéfait. Il bredouille des mots sans suite.

« Bonjour Monsieur. Pas possible ! Comment va votre mère ? »

Je lui prends les deux mains et le regarde dans les yeux avec mon sourire le plus engageant. « Le sourire 24 carats d’Alessio », disait Maman. Mais son regard me fuit. Nous rejoignons la voiture, et il reste muet durant tout le voyage, tandis que je devise gaiement avec son épouse. Sa voix roucoulante est absolument délicieuse ; elle ferait fondre la banquise mieux qu’un gaz à effet de serre super-puissant.

Arrivés au domaine du Lairy, mes passagers sortent sans mot dire, dans un silence gênant. Pas terribles, ces retrouvailles…

Le vent des fous

Le lendemain, jour de Pâques, je pars très tôt me promener, traverse la prairie et rejoins l’étang envasé. Je ne suis pas pressé. J’arpente la digue et découvre l’ouvrage d’art qui réglait le débit d’eau du bief. Une sourde tristesse m’étreint le cœur et je m’assieds sur la margelle en pierre. Autour de moi, la nature chante sa chanson de brise et d’oiseaux. Soudain, un craquement me fait tourner la tête, et j’aperçois Joseph qui s’engage sur la passerelle posée sur le marécage. Il me hèle d’une voix cassée.

« Je savais que vous étiez ici. Il faut que nous parlions. Hier, j’ai failli avoir une attaque, à l’aéroport. J’ai cru voir un fantôme. »

Je le rejoins et nous devisons calmement en marchant. Je lui raconte l’agonie de Maman, ses révélations. Je lui parle des photos et de mes découvertes. Lui seul peut maintenant me donner les pièces manquantes du puzzle. Joseph respire un grand coup et se lance.

« Tout a été de ma faute. Je leur ai dit, mais personne ne m’a écouté. Tu étais le préféré d’Alice, et j’étais jaloux. Elle t’appelait « Joyeux », et moi « Grincheux ». Tout le temps, elle te serrait dans ses bras, te faisait des bises. Pourtant, c’était moi son frère, et toi, tu étais…, tu étais le bâtard. »

« Ce jour-là, il faisait très froid. Le vent des fous soufflait dans la vallée. Nous avions échappé à la vigilance d’Alice. On voulait aller aux jonquilles, sur la digue de l’étang. Mais elle nous a aperçus et s’est lancée à notre poursuite. Elle criait comme une folle après toi, me disait de ne pas te pousser. Mais je l’ai fait, je t’ai poussé dans l’eau, parce qu’elle m’avait dit de ne pas le faire. Tu es tombé la tête la première, et elle a sauté aussitôt avec toi dans l’étang. Il n’y avait qu’un mètre d’eau, et beaucoup de vase. Pendant une minute ou deux, elle a fouillé dans l’eau et a fini par te trouver. Elle t’a prise dans ses bras et t’a ramené à la maison. Au milieu de la prairie, tu as remué et elle s’est arrêtée dix bonnes minutes pour te frictionner. C’est là qu’elle a pris froid et attrapé la mort. »

« Tu crachais la vase par la bouche et par le nez. Par les oreilles aussi. Mais tu étais vivant. Le lendemain, vous étiez très malades, Alice et toi. Elle est morte une semaine plus tard, d’une double pneumonie. Et toi tu ne valais guère mieux. Mes parents étaient anéantis, et furieux contre toi, contre ce bâtard qui était tombé dans l’étang. Ta mère a loué une voiture, ou je ne sais quoi, pour t’emmener dans une clinique spécialisée, à Bruxelles. Elle n’est jamais revenue, n’a plus jamais, au grand jamais, donné signe de vie ! »

Il pleure comme un gosse éploré…

Je prends Joseph par les épaules et le console.

« Ne te mets pas dans un état pareil ! Tu n’étais qu’un enfant innocent. C’est le destin qui nous a joué un vilain tour à sa façon ! À Bruxelles, le médecin qui me soignait est tombé amoureux de Maman, elle était tellement belle ! Ils se sont mariés et il m’a adopté. Là-haut, je suis certain que la gentille Alice nous regarde et sourit. Crois-moi, elle t’aimait autant que moi, mais elle me prenait en pitié, moi qui n’avais pas de papa. Aujourd’hui, si tu veux, mon frère, une nouvelle vie commence pour nous deux ! »

Au loin, Guido nous appelle : « Venez, c’est la chasse aux œufs ! On vous attend ».

Marc Assin

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