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Bien connaître son sol,

primordial pour bien jardiner !

Nous pouvons nous y prendre de différentes façons pour bien travailler le sol de notre potager. Gardons en tête les objectifs à atteindre pour choisir celle qui convient le mieux à notre situation propre.

Temps de lecture : 7 min

Un sol de remblai à nette tendance argileuse ne se travaille pas comme un limon sur une pente de 10 % ou comme un sol à tendance sablonneuse et peut vite se dessécher. Par contre, nos objectifs sont les mêmes, tout comme le raisonnement, seule la méthode appliquée pour travailler le sol peut différer.

Aider l’eau à pénétrer dans le sol

Nous ne pouvons pas empêcher la pluie, l’arrivée d’eau venue du ciel. Par contre nous pouvons intervenir pour éviter que de l’eau s’écoulant en surface ne vienne s’y ajouter dans notre potager et éviter que l’eau du potager ne s’écoule vers les surfaces périphériques. En un mot, nous pouvons intervenir pour favoriser la pénétration de l’eau dans le sol. Nous nous y prenons en appliquant trois mesures :

– assurer une couverture végétale du sol, vivante (herbage, engrais vert, cultures) ou morte (paillis, mulching);

– ne pas perturber l’organisation naturelle du sol en respectant la porosité. Le passage de roto-fraises sur un sol encore humide est catastrophique à cet égard;

– ne pas piétiner le sol, surtout lorsqu’il est humide.

Les feuillages comme protection du sol

La couverture végétale protège la surface du sol des effets de la pluie. L’énergie de frappe des gouttes d’eau est absorbée par cette protection. Le sol ne se ferme pas, il garde sa porosité, les échanges gazeux restent possibles. Les racines et la vie dans le sol continuent à respirer normalement.

L’eau a le temps de s’infiltrer dans le sol. D’une part, elle ne s’écoule pas en surface en risquant d’emmener des particules de sol et la fertilité. D’autre part, l’eau emmagasinée dans le sol sera la réserve pour la croissance végétale et la vie du sol en cas de période sèche.

Le feuillage des végétaux joue ce rôle protecteur. Les cultures en place et les engrais verts sont les deux groupes les plus fréquents dans nos potagers.

Entre deux cultures successives ; le mulching de surface, constitué de matières végétales mortes, joue un rôle comparable. Le paillage, le terreautage de surface sont deux autres exemples de dépôts végétaux de surface.

Les engrais verts peuvent occuper le sol entre deux cultures de légumes, ils protègent les sols de l’érosion et favorisent l’activité biologique dans les sols.

Une réserve d’eau infiltrée dans le sol

L’eau de pluie pénètre dans le sol par la macroporosité. C’est le terme employé pour regrouper les interstices entre les mottes, les galeries des vers de terre, les anciennes traces des racines, les fissures apparues après le retrait des argiles. L’eau y circule essentiellement par gravité, du haut vers le bas. En occupant ces espaces, elle prend la place de l’air, qui s’échappe du sol. Un sol bien foisonné permet une descente rapide de l’eau de pluie, réduisant le ruissellement de surface. Pour le jardinier, c’est important de garder cette notion en mémoire au moment de décider s’il doit décompacter le sol ou pas. C’est l’observation sur place qui guide ses gestes.

Quand l’eau est descendue dans le profil du sol, jusqu’à la profondeur explorée par les racines des légumes, elle va progressivement imbiber la microporosité. L’eau y progresse comme dans un papier buvard, dans toutes les directions. La microporosité est créée essentiellement par les micro-organismes du sol. Tout ce qui favorise la vie dans le sol favorise la microporosité. C’est là qu’interviennent les apports de matières organiques végétales et les composts mais aussi l’importance de ne pas tasser le sol par des façons aratoires ou des passages sur un sol encore gorgés d’eau et qui n’a pas eu le temps de se ressuyer.

Le travail du jardinier

Le choix des gestes et travaux découle de ce qui est évoqué plus haut à propos de la protection contre l’érosion et la porosité du sol.

Si nous estimons qu’il y a très peu de macroporosité dans le sol de notre jardin, une décompaction est nécessaire. Elle se fera en profondeur si le sol est pris en masse, plutôt en surface s’il ne s’agit simplement que d’une battance de surface.

Si le sol du potager est en pente, travaillons dans le sens des courbes de niveau, c’est-à-dire perpendiculairement au sens de la pente. Cela permettra de ralentir les écoulements d’eau en surface et donc de favoriser la pénétration d’eau dans le sol.

En sol argileux ou en sol dont la couche sous-jacente (plus bas que 30 cm de profondeur) est argileuse, évitons d’irriguer systématiquement lors de périodes sèches. Les périodes sèches amènent une rétraction du volume des argiles et donc des crevasses. Celles-ci interviennent directement dans la macroporosité et les échanges d’air entre le sol et l’atmosphère.

Éviter la compaction des sols

Monsieur de La palisse aurait pu le dire : pour éviter la compaction des sols, ne les compactons pas. Mais quand risquons-nous de compacter le sol ?

La terre humide se comporte comme une pâte. En la compactant, nous chassons l’air qui s’y trouve dans les pores et favorisons la cohésion forte des particules. C’est comme cela qu’on s’y prend pour fabriquer des briques. Pour avoir un sol fertile, le jardinier doit donc éviter à tout prix de compacter le sol.

Le jardinier s’abstient de tout passage sur une terre humide. Par exemple, il protège le sol avec de la paille sur les passages d’accès à la dernière bande de poireaux à récolter en plein hiver. La couche de paille répartira le poids sur une surface plus large que les seules traces de pas. La pression au sol sera réduite.

Au printemps, le jardiner s’assure que le sol est bien ressuyé avant de mettre son motoculteur au travail, et ce jusqu’à la profondeur de travail prévue. Bien observer avant de décider.

La bonne organisation du potager permet de sacrifier des passages pour privilégier une très bonne structure du sol aux endroits cultivés. Le travail par bandes de 1,3 ou 1,5 m d’axe en axe le permet.

Le jardiner évite d’affiner fortement le sol, il diminuera la macroporosité et donc la fertilité générale de la parcelle.

Le remplacement du labour par une décompaction du sol sans retournement est intéressant à ce point de vue. Mais le non-labour favorise l’enherbement et augmente donc le temps à consacrer au désherbage. À moins que d’autres techniques soient appliquées, comme le paillage, par exemple.

Une organisation qui ne laisse rien au hasard

Le sol s’organise de la manière suivante :

1. une protection de surface, c’est la couverture végétale vive ou le mulch constitué de débris végétaux qui l’assurent;

2. une zone enrichie en matières organiques de quelques cm d’épaisseur. L’activité biologique y est intense parce que les échanges gazeux avec la surface permettent l’apport d’oxygène pour que les organismes vivants puissent dégrader les matières fraîches.

Dans un potager, cette zone peut aller jusqu’à 15 ou 18 cm d’épaisseur dans les parties des bandes laissées uniquement à la croissance végétale. Le jardiner reste autant que possible sur les sentiers qui séparent ces bandes.

La décompaction du sol peut se faire à la fourche à bêcher, enfoncée et manœuvrée pour créer une porosité verticale. La grelinette réalise un travail comparable;

3. une zone plus profonde. En retournant le sol par le chage, le jardiner favorise sa bonne décompaction, mais il perturbe la protection de surface. Cette opération peut n’être réalisée qu’une fois tous les 3 ou 4 ans, par exemple juste avant le semis ou la plantation de plantes qui nécessitent un fort ameublissement du sol (pommes de terre, carottes, scorsonères, etc.).

Ce bêchage se fera à une profondeur de 15 ou de 18 cm de profondeur, pour éviter d’enfouir trop profondément des matières organiques dont la dégradation exige de l’oxygène.

En résumé, c’est l’observation du profil du sol que permettra au jardinier de décider en connaissance de cause.

Comment observer le sol de son potager ?

Pour bien observer la porosité du sol, il faut échantillonner celui-ci en différents endroits et examiner le profil. Nous creusons une cavité d’une trentaine de centimètres de côté et apprécions la porosité du sol et sa compaction. C’est sur cette base que nous déciderons du type de technique que nous emploierons pour préparer le terrain avant le printemps

F.

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