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La difficile cohabitation

entre arboriculture et apiculture

La commercialisation des fruits à pépins passe avant tout par la vente de gros calibres bien formés. Ce qui n’est possible que si les pommiers et poiriers ne sont pas trop chargés en fruits. Les arboriculteurs fruitiers ont finalement peu d’intérêt à une fécondation très élevée de leurs arbres fruitiers. Une bonne part de la fécondation est déjà assurée par les abeilles sauvages et par le vent.

Temps de lecture : 4 min

Dans l’entité de Waremme, le plateau d’Oleye, avec ses plantations et cultures fruitières, constitue mon terrain favori pour les observations en fruiticulture et arboriculture fruitière.

Après la lecture d’écrits sur ce qui s’observe ailleurs, que ce soit outre-mer ou dans les pays voisins, mon premier réflexe est de vérifier s’il en est de même sur le terrain ! Cela m’a valu régulièrement des volées de bois vert de la part de certains scientifiques du monde apicole, trop prompts, à mon avis, à vouloir transférer à nos conditions les conclusions trouvées ailleurs. Reconnaissons que les conditions pédoclimatiques sont généralement différentes, il en est de même pour l’environnement humain. Je m’efforce toujours d’observer en toute indépendance d’esprit ! Comparaison n’est pas raison.

L’influence commerciale

Les fruiticulteurs veulent de gros fruits, d’un calibre constant, bien formés au prix de vente plus élevé. Moins de volume à transporter, meilleure conservation, moins de tri et de manutentions. Coincé par les quotas sous-jacents pour maintenir les prix, refroidi par les restrictions des ventes vers la Russie, le marché des fruits à pépins a bien changé.

C’est pourquoi les fruiticulteurs ont peu intérêt à une forte fécondation par les abeilles sur la plupart des variétés commerciales, à l’exception de certaines variétés qui paraissent inféodées aux abeilles domestiques ou sauvages.

Variétés bonnes pollinisatrices

On s’oriente plutôt vers la contre-plantation de variétés réputées bonnes pollinisatrices (James Grieve, Granny Smith…). Le pollen est transporté par le vent, ou par les pollinisateurs quand ils sont actifs, et ce n’est pas le cas chaque année ! La tendance actuelle est d’aller vers les variétés auto-fertiles.

Voilà pourquoi on se détourne des fécondations par les abeilles domestiques et la fécondation assistée ! En juin, on observe une première « éclaircie » spontanée, chute physiologique due à une mauvaise pollinisation lors des années pluvieuses avec coulure du pollen, sécheresse, gel ou parfois avec une éclaircie manuelle ou chimique laissant au sol quantité de pommes ou de poires de 2 ou 3 cm de diamètre au pied des arbres.

Une nouvelle sélection a eu lieu vers le 5-10 septembre. Ainsi, dans un bouquet de trois grosses pommes, toutes bonnes à manger, une au moins sera sacrifiée.

Certains producteurs fruitiers ne veulent plus la présence de ruches. Ils l’expliquent par diverses raisons : le prix des locations, les risques d’impacts sanitaires ou de pesticides appliqués avant la floraison sur les ruches louées, les manutentions pour le transport, la date de pose difficile à fixer, les conditions météo, la densité souhaitée, mais aussi les garanties d’efficacité exigées pour la pose des ruches dans les contrats.

Les primes (50 euros par ruche) que les arboriculteurs versent pour le service rendu par les abeilles représentent un complément non négligeable à une miellée, parfois aux activités d’un centre de recherche, d’un loueur ou vendeur de ruches. Le resserrement des marges de commercialisation des fruits passe par là.

Autre voie

Un confrère vient de m’envoyer les résultats d’une recherche sur l’importance des abeilles sauvages sur pommier et myrtillier en Hollande. Les chiffres portent sur la variété Elstar. Ces chiffres seront à vérifier chez nous au printemps prochain ! Personnellement, je soutiens sans réserve la suggestion suivante, à savoir maintenir des espaces adjacents avec de la flore spontanée entre les lignes, sur les lisières, les bordures de circulation pour attirer, dès avant la floraison, les pollinisateurs. Ces espaces sont également attractifs pour les abeilles domestiques.

Mais ce concept est à nuancer. Selon les producteurs, si on dépose les ruches avant la floraison ou si les abeilles domestiques viennent des environs, ou si les abeilles sauvages sont actives, les dernières pulvérisations d’insecticides avant l’ouverture des boutons floraux peuvent nuire aux pollinisateurs butinant les interlignes fleuris au sol.

J’ai à présent la justification des tontes entre les lignes peu avant la floraison des fruitiers !

Petite réserve, la concurrence peut jouer : en cas de vents, de températures limites de sortie au moment de la floraison des fruitiers, les abeilles ont tendance à butiner les fleurs des adventices au sol, plutôt que d’aller butiner en hauteur.

Camille Thirion

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