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Une progression rapide des plans de prévention grâce au professionnalisme des éleveurs

Le 27 mars, Le Soir expliquait dans ses colonnes que « Les jeunes médecins ont levé le pied sur les antibiotiques ». Après avoir lu avec attention l’article et son encadré « Les élevages concernés aussi » (voir encadré ci-dessous), les administrateurs de l’Union professionnelle vétérinaire (UPV), MM. Théron et Vandaele, ont tenu à compléter l’information afin de pousser l’analyse au-delà des apparences.

Temps de lecture : 4 min

Les deux administrateurs de l’UPV soulignent quelques faits qui complètent l’analyse exprimée dans l’article du Soir de ce 27 mars 2018 « les jeunes médecins ont levé le pied sur les antibiotiques » et en infirment une conclusion, à savoir que « la consommation d’antibiotiques en milieu vétérinaire est un gros facteur de risque. Elle y est nettement supérieure à ce qu’on connaît en médecine humaine et également moins contrôlée. »

« Nous ne préjugeons nullement des pratiques d’élevage en Amérique latine ou en Asie, où nous savons pertinemment combien l’usage de certains produits est peu encadré. Ce qui plaide d’ailleurs pour la promotion de circuits courts. Mais voici quelques éléments propres à objectiver l’opinion sur l’usage des antibiotiques en Belgique », expliquent-ils tous deux.

  « One Health » est un concept développé par la Commission européenne depuis 6 ans. Il devrait être commun à la médecine humaine et médecine vétérinaire. Les médecins vétérinaires l’ont bien intégré dès ses débuts. En effet, dans notre secteur, les consommations d’antibiotiques ont été réduites sur base d’une initiative du secteur (AMCRA, Antimicrobials Consumption and Resistance in Animals). En moins de 5 ans, les vétérinaires ont déjà réduit l’usage des antibiotiques de 20 % en élevage et des antibiotiques dits « critiques » de 56 %. Les aliments médicamenteux ont diminué de plus de 50 % (selon le dernier rapport BelVetSAC). Alors qu’en médecine humaine, le rapport ECDC démontre une diminution en Belgique sur 5 ans de 8 % (26ème pays sur 31 les plus consommateurs).

  Le rapport EFSA-ECDC-EMA Joint Interagency Antimicrobial Consumption and Resistance Analysis publié en 2017 annonce clairement : « L’utilisation des antibiotiques dans le secteur vétérinaire était inférieure à celle en médecine humaine dans 18 pays parmi les 28 répertoriés. » En Belgique, dans ce rapport présentant des données de 2014, les consommations d’antibiotiques étaient identiques dans les deux secteurs.

En outre, il y est mis en évidence que la résistance aux antibiotiques à de rares exceptions (tétracyclines), n’est le fait que de l’utilisation des antibiotiques dans une espèce donnée : les humains pour les humains, les animaux pour les animaux. Les rapports de surveillance des résistances dans les espèces cibles démontrent également la différence totale des souches résistantes, il n’y a donc que peu de liens entre la résistance chez les animaux et celle rencontrée chez les humains.

  En matière de compliance (observance des prescriptions médicales), le rapport COMPLy démontre une déviance de presque 40 % par rapport à la prescription des médecins. La Faculté de Médecine vétérinaire de l’université de Liège démontre une compliance de 90 % avec le respect de la notice en secteur bovin. Les éleveurs sont avant tout des professionnels, ce qui permet une progression rapide des plans de prévention et le respect des prescriptions.

  Madame De Blok s’est félicitée en 2015 de constater que 70 % des institutions hospitalières disposaient d’un plan sanitaire. Tous les élevages, toutes espèces confondues, disposent de contrats d’épidémiosurveillance vétérinaire depuis plus de 20 ans.

Et de conclure : « Nous serions ravis de voir nos Consoeurs et Confrères de médecine humaine adhérer en masse au concept « one health ». Nous souhaitons partager avec eux les progrès réalisés en médecine vétérinaire, par la lutte contre les zoonoses, par notre action permanente dans la protection de la santé humaine, dans la surveillance des pathologies animales, dans la qualité de notre alimentation et la promotion du bien-être de nos animaux. En maîtrisant la diffusion de résidus de médicaments dans l’alimentation et dans l’environnement, nous combattons l’antimicrobiorésistance mais ce challenge ne sera clairement rencontré que lorsque les médecins et les vétérinaires collaboreront en toute confraternité. »

D’après Dr. Bill Vandaele

et Dr. Léonard Théron

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