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Et pourquoi par opter

pour une conduite en formes palissées ?

Bien qu’elle ne soit plus utilisée dans les vergers commerciaux, la conduite en formes palissées – en espalier et contre-espalier – peut-être conseillée dans les jardins d’amateurs. Outre l’indéniable intérêt ornemental, ce mode de culture est également favorable à la végétation et à la fructification des fruitiers.

Temps de lecture : 6 min

Avoir une maison commode, propre et belle, un jardin tapissé d’espaliers odoran(t)s » Les deux premiers vers du sonnet « Le bonheur de ce Monde » composé par l’éditeur anversois (d’origine française) Christophe Plantin dans la seconde moitié du 16e siècle attestent bien de la vogue que connaissaient les plants fruitiers palissés dans les jardins de la Renaissance.

Par la suite, des cultures fruitières adossées à des murs édifiés spécialement pour elles ont connu un développement important. On cite le chiffre de 1.000 km de murs à Montreuil-sous-Bois (Est de Paris) et de 300 km à Thomery (Est de Fontainebleau). En Belgique, jusqu’en 1980, le verger commercial du château de Meez (Dinant) comptait des poiriers en palmette Verrier et des pommiers en contre-espalier.

Si ce mode de culture n’est plus utilisé dans des vergers commerciaux, il subsiste dans quelques jardins historiques, comme par exemple au château de Gaasbeek, et il peut être conseillé dans les jardins d’amateurs.

De quoi s’agit-il ?

Les fruitiers en formes palissées présentent une couronne qui se développe dans un plan vertical de faible épaisseur. On appelle « espalier » un arbre cultivé palissé contre un mur, dont la charpente est conduite selon différentes formes géométriques. Ce mur va induire un microclimat plus favorable à la végétation et à la fructification : moins de vent, moins de gel, moins de pluie et davantage de chaleur, avec comme conséquence moins d’infections de tavelure. La production est plus abondante et de meilleure qualité ; et le microclimat plus favorable permet de cultiver des espèces plus exigeantes, comme le pêcher à Montreuil-sous-Bois ou la vigne ‘Chasselas blanc’ à Thomery.

La conduite de tels arbres demande une certaine expérience qui s’acquiert au fil des années et à la lecture de différents ouvrages spécialisés.

Un « contre-espalier » est un rideau vertical d’arbres fruitiers conduits de la même manière et palissés à une série de fils métalliques portés par des pieux. Selon les espèces fruitières et la hauteur du rideau, un contre-espalier est un élément qui peut cloisonner différentes parties du jardin.

Quelles espèces et quelles orientations ?

Un très grand nombre de possibilités de garnissage de murs par des espaliers existent selon le type de fruits souhaités, l’exposition et la hauteur disponible. On considère en général que pour toutes les espèces, une hauteur de 2,5 à 3 m est un minimum.

Pour les pommiers et poiriers, on préférera des variétés de vigueur moyenne, qui se ramifient fortement et forment de nombreuses pousses terminées par un bouton, plutôt que des variétés à forte vigueur, qui ont tendance à former des rameaux longs et peu ramifiés. Toutes les orientations leur conviennent, sauf Nord, Nord-Est et Nord-Ouest.

Parmi les espèces à noyau, seuls les griottiers et les pêchers peuvent, à la rigueur, être conduits en espaliers, et selon des formes géométriques moins strictes que les espèces à pépins. Ces systèmes conviennent mal aux cerisiers à fruits doux et moins encore aux pruniers. Les pêchers demandent une exposition très favorable (Sud, Sud-Est, Sud-Ouest) tandis que les griottiers peuvent être installés eu Nord-Est ou au Nord-Ouest.

Les vignes, les figuiers et les kiwis demandent une exposition Sud, Sud-Est ou Sud-Ouest.

Les contre-espaliers auront de préférence une orientation Nord-Sud qui leur assurera un bon éclairement sur les deux faces, l’une le matin et l’autre l’après-midi. Outre les espèces déjà citées, on peut cultiver en contre-espalier des groseilliers, des ronces fruitières, des muroisiers et des framboisiers.

Quelles formes pour les arbres ?

La charpente des arbres palissés est édifiée selon différentes formes géométriques qui doivent concilier le souci esthétique et le mode de croissance et de fructification de l’espèce.

Le poirier est incontestablement l’espèce qui se plie le mieux à toutes les formes régulières, même les plus fantaisistes, et le pommier est un peu moins docile. Pour les pêchers et surtout pour les griottiers, seules quelques formes peu structurées sont envisageables avec succès.

La liste qui suit n’est pas exhaustive puisque l’imagination humaine n’a pas de limites !

Formes à branches verticales :

– un seul axe : cordon vertical ;

– deux axes : forme en U ;

– trois axes et + : candélabres ;

– quatre axes : U double ;

– 4, 6 ou 8 axes : palmettes « Verrier ».

Formes à branches obliques :

– un seul axe : cordon oblique ;

– deux axes : forme en V et croisillons ;

– plusieurs axes : palmette oblique et « Drapeau Marchand ».

Formes à branches horizontales :

– cordon horizontal simple ou double ;

– palmette horizontale à plusieurs étages ;

– treille de Thomery.

Formes à branches à orientation différente :

– éventail et queue de paon ;

– haie « Lepage » ;

– palmette « à la diable ».

Le système « Cossonet » associe en alternance des palmettes horizontales et des palmettes obliques.

L’écartement entre deux branches parallèles est de 30 (à 40) cm ; les distances de plantation dépendent du nombre de branches et de la vigueur attendue.

La difficulté de former, équilibrer et entretenir les arbres dépend de la forme adoptée. La longévité des arbres sera quant à elle fonction de la qualité des soins prodigués : tailles d’hiver et d’été, fumure, protection sanitaire et éclaircissage manuel des fruits.

Et pour les arbustes et plantes sarmenteuses ?

Les kiwis et les kiwaïs sont plantés à 4-5 m, adossés à un mur bien exposé, afin de recevoir le maximum de chaleur. Les variétés hermaphrodites et les variétés femelles auront un tronc vertical et deux étages de branches horizontales implantés respectivement à 1 et 2 m du sol. Le plant mâle est planté à proximité du ou des plants femelles et formé en T au niveau de l’étage supérieur.

Les groseilliers à grappes et les groseilliers épineux peuvent être conduits en contre-espaliers, palissés à deux ou trois fils (à 0,6- 1,2 et 1,7 m du sol), avec un, deux ou trois axes verticaux (figure 1). Ce mode de conduite convient mal aux cassissiers et aux casseilles.

Pour les framboisiers d’été, on adopte le même système que pour les groseilliers (figure 2), et les « cannes » seront palissées verticalement, tandis que pour les ronces et les muroises, les trois fils doivent être un peu plus haut (figure 3).

Les vignes peuvent aussi être conduites en haie verticale à un réseau de quatre fils, et taillées soit en cordons de Royat, soit en système « Guyot » (figure 4).

Les figuiers adossés à un mur seront formés en éventail (figure 5).

Des soins (très) attentionnés

Outre les travaux classiques d’entretien : fumure minérale et organique, désherbage, lutte contre les phyto-agresseurs, éclaircissage des fruits…, la taille des arbres et arbustes en formes palissées se doit de donner aux plants un bel aspect puisqu’elles vont contribuer à la décoration du jardin, et à masquer éventuellement des murs disgracieux.

La formation de la charpente doit se faire avec précision, en suivant un gabarit de lattes ou de bambous installé au préalable. Les ligatures doivent être inspectées régulièrement afin d’éviter les étranglements et les bris de branches.

Les tailles fruitières dépendent de l’espèce et doivent être répétées plusieurs fois afin d’éviter la formation de pousses inutiles ou mal venues. De manière générale, elles doivent être courtes. C’est par exemple le cas de la taille « Lorette » et de la taille trigemme des espèces à pépins.

Une protection contre le gel hivernal doit être placée devant la ramure des figuiers, et sur les troncs des kiwis et des kiwaïs ; lors de leur floraison, tous les arbres adossés à un mur peuvent être protégés contre les gelées printanières par un rideau : toile de jute ou voile de polypropylène non tissé.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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