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Le Nepg

tire la sonnette d’alarme

Dans le nord-ouest de l’Europe, affecté par une sécheresse extrême et des températures records, de nombreux signaux indiquent que la récolte à venir sera beaucoup plus faible, et que les problèmes de qualité constitueront un défi majeur à relever.

Temps de lecture : 4 min

On estime qu’environ 50 % des surfaces de pommes de terre dans le nord-ouest européen sont irriguées, et malgré les coûts élevés, les pompes d’irrigation fonctionnent jour et nuit. Mais dans tous les pays concernés, des mesures de restriction de l’usage de l’eau ont été prises par les administrations régionales : l’irrigation peut être purement et simplement interdite, ou interdite pendant certaines heures de la journée, ou alors les volumes alloués à l’irrigation des pommes de terre peuvent êtres restreints. Les parcelles irriguées peuvent avoir encore du potentiel. Rappelons que seuls quelques pourcents des surfaces de pomme de terre sont irrigués en Belgique.

Pour beaucoup de parcelles non irriguées, la pluie est arrivée trop tard. Suite aux récentes averses, il faut craindre un éventuel rejet/repousses au champ, avec apparition d’une deuxième génération de tubercules : des cas sont déjà signalés en plaine. Les pommes de terre ont également des matières sèches très élevées, ce qui représente un risque supplémentaire d’endommagement des tubercules, si les conditions sèches perdurent en période de récolte.

Premiers prélèvements

Les premiers prélèvements réalisés dans les 5 pays producteurs du nord-ouest de l’Europe membres du Nepg (Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Pays-Bas), montrent une différence importante de rendement entre les parcelles irriguées et les parcelles non irriguées ; par exemple, en moyenne, en France, 13 t/ha brutes à ce stade, en faveur des parcelles irriguées. Compte tenu des informations actuelles, les experts tablent au minimum sur un niveau de rendement inférieur de 15 à 25 % à la moyenne pluriannuelle. Il est encore trop tôt pour estimer très précisément la récolte 2018. En raison des problèmes de qualité, rendements bruts et rendements nets pourraient en outre être bien différents.

Volumes contractualisés : une année test pour les relations dans la chaîne d’approvisionnement

Environ 70 % des pommes de terre de consommation, sur les pays continentaux du Nepg, peuvent être considérés, d’une manière ou d’une autre, contractualisés pour la filière de la pomme de terre transformée. De nombreux producteurs font état d’un risque élevé d’incapacité à fournir l’ensemble de leurs volumes contractualisés : la question est donc de savoir comment les acheteurs vont réagir et contraindre éventuellement les producteurs à fournir l’ensemble de la marchandise engagée sous contrat, dans un contexte de prix élevés sur le marché libre en cas de rachat de pommes de terre. D’autant que les pommes de terre disponibles sur le marché libre devraient être très rares sur le périmètre du Nepg. Les pertes financières seraient alors être majeures pour les producteurs, simplement pour devoir honorer leurs contrats…

Les événements météorologiques de 2018 sont tout simplement hors de contrôle pour les producteurs et il parait improbable que les acheteurs ne le reconnaissent pas », a déclaré un porte-parole des agriculteurs anglais (Nfu). Selon Ahdb, les surfaces de pommes de terre auraient diminué de 3 % en Grande-Bretagne, cette année, ce qui pourrait exacerber les problèmes si les rendements affichaient des baisses significatives. Le Nfu a été en contact avec un certain nombre de conditionneurs, de transformateurs et d’acteurs du commerce, au cours des deux derniers mois, pour savoir comment ils allaient gérer les problèmes de rendement et de qualité, et leur demander de faire preuve de souplesse, de flexibilité et d’équité avec les producteurs.

Force majeure

En Belgique, en France et en Allemagne, les syndicats agricoles sont ou vont entrer en discussions et demander des rencontres avec les acheteurs dans les jours et semaines à venir. Les pouvoirs publics sont également sollicités pour reconnaître une situation de « catastrophe naturelle », ce qui aiderait les producteurs à invoquer le cas de force majeure.

Approche européenne

Le Nepg souhaiterait que ces discussions et les échanges entre les représentants des producteurs et les représentants des acheteurs puissent avoir lieu dans le cadre d’une approche européenne ou nord-ouest européenne, et regretterait une approche individuelle entre chaque acheteur et ses producteurs fournisseurs. Cette campagne avec des conditions sèches et le changement climatique sont également des défis à relever pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, avec la nécessité de revoir les contrats et la gestion des risques dans un avenir proche. L’industrie de transformation a, chaque année, un besoin croissant en matière première et les risques à la production augmentent proportionnellement. Trop souvent, le risque pèse aujourd’hui systématiquement sur les producteurs !

Le groupement suggère au groupe de travail Pomme de terre du Copa d’entamer des discussions, dans les meilleurs délais, avec Europata, l’Association européenne du commerce de la pomme de terre, et l’Euppal, l’Association européenne des transformateurs.

À noter que la production de plants pourrait aussi être impactée, mais dans quelle mesure ?

Plus d’informations : Fiwap, 081/61.06.56, pierre.lebrun@fiwap.be.

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