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Petite leçon de choses à l’attention des Végans

Temps de lecture : 3 min

En lisant l’édito du Sillon du 5 octobre, on prend conscience d’une nouvelle dimension dans le radicalisme qui touche aujourd’hui les mouvements d’idées.

Jusqu’à présent, on se gaussait de tous ces donneurs de leçons qui prennent l’agriculture pour cible. On se disait qu’au moins, les intégristes de la verdure ne tuaient personne. J’avais souri devant un magasin de chaussures Vegan en me disant que tout fait farine au moulin quand il y a du pognon à gagner. Revient alors à l’esprit ce bon mot de Voltaire : « Tout ce qui est excessif est dérisoire ».

Mais là, on se pose la question : « Jusqu’où faut-il être tolérant avec l’intolérance ? »

Je peux comprendre qu’on soit végétarien pour soi-même. Il est peut-être fini le temps où on imposait aux enfants de manger toute leur viande, de finir leur assiette, par respect pour les malheureux du Tiers-Monde. Au moins, on apprenait aussi que la liberté s’arrête là où commence celle des autres.

Alors, agresser bouchers et éleveurs au nom d’une idéologie, quelle tristesse !

Faut-il rappeler ou expliquer à ces gens que l’ensemble du monde vivant descend d’un même ancêtre commun : quelques fragments d’ADN devenus bactéries, puis, au fil de diversifications, des végétaux ou des animaux ? C’est une évolution qui se mesure en milliards d’années. Nous partageons et échangeons tous les mêmes atomes, une bonne douzaine.

Si les musiciens peuvent écrire des chefs-d’œuvre à partir de 7 notes, les mathématiciens faire des calculs savants en partant de 10 chiffres, les écrivains écrire des romans avec seulement 26 lettres, le monde vivant s’est construit avec 4 éléments que tout le monde connaît : carbone, azote, oxygène, hydrogène. C’est l’ADN du monde vivant. On le retrouve de manière identique dans tous les organismes. Quelle merveille ! Ces quelques molécules donnent toutes les clés de l’hérédité. C’est leur placement, leur ordonnancement dans les chromosomes qui fait la différence et qui explique pourquoi, à partir d’une goutte de sang, on peut identifier un criminel.

Certes, la pression de sélection naturelle a entraîné, au fil de millions d’années, la biodiversité que nous défendons aujourd’hui. À quel prix ? Que tous les êtres vivants sont un jour prédateur pour d’autres. Les herbivores avalent des végétaux, qui, innocemment, s’épanouissent au soleil. Les carnivores, dont l’homme, croquent volontiers ces herbivores à pleines dents. Parfois, des petites bêtes, les bactéries, arrivent à terrasser les grandes bêtes que nous sommes. Elles ont aussi leurs ennemis, comme les bactériophages, 10 x plus petits qu’elles.

Au nom de quoi ces zoolâtres interdisent la viande et tolèrent qu’on récolte, donc détruise les végétaux. Sans végétaux, il n’y aurait plus de photosynthèse, plus d’oxygène et plus d’acides aminés indispensables à la survie des animaux. Sont-ils conscients qu’en mangeant du pain, c’est de la semence de blé qu’ils condamnent à mort, alors qu’elle était destinée, de point de vue de l’épi, à assurer sa descendance ?

La nature est à la fois merveilleuse et impitoyable. Chacun survit au détriment des autres. Les scientifiques appellent cela la chaîne trophique. Et là, je m’interroge : que se passe-t-il dans la tête des végans français quand ils chantent la Marseillaise avec « ce sang impur qui abreuve nos Sillons » ? Et les végans catholiques quand on les invite à manger « le corps et le sang du Christ » ?

Sans doute pouvons-nous paraphraser Voltaire en disant que tout ce qui est « excessif et dérisoire » devient totalement ridicule.

JMP

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