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Pour en savoir un peu plus sur ce volatile si familier

Le canard colvert, vous l’avez vraisemblablement déjà admiré sur un plan d’eau. Bien connu des chasseurs, ce canard est remarquablement coloré en plumage nuptial. Impossible de ne pas reconnaître le mâle avec sa tête et son cou vert bouteille. Mais à part cela, que connaissez-vous de ce beau volatile ? Nous vous proposons de faire plus ample connaissance avec lui.

Temps de lecture : 6 min

Le canard colvert est largement répandu dans l’hémisphère nord. Également connu sous le nom de canard malard, il est l’ancêtre de nombreuses races de canards domestiques, certaines ne s’en différenciant que par l’absence de couleurs vives et de plumes frisées à la queue.

Un canard aisément reconnaissable

Le colvert est sans conteste le plus connu et le plus reconnaissable de tous les canards. Cette affirmation vaut pour le mâle en plumage nuptial mais un peu moins pour la cane. En effet, les différences de plumage entre mâle et femelle sont importantes. Pendant la période prénuptiale, le mâle adulte des populations sauvages présente un plumage vert irisé sur la tête et le cou (d’où il tient son nom). Il est séparé du plumage brun de la poitrine par un collier blanc étroit et incomplet. Le dos, les épaules et l’abdomen sont gris et légèrement striés de marques plus sombres. Le dessus des ailes est gris et présente un miroir bleu vert bordé d’une bande noire suivie d’une blanche. La queue arrondie est noire au centre alors que les rectrices extérieures sont blanches. Au centre du croupion noir, à la partie supérieure, 2 petites plumes sont recourbées au bout de la queue. Le bec est vert olive à jaune. Les yeux sont brun foncé. Les pattes et les doigts palmés sont orangés. Après la période nuptiale, à l’approche de l’été, le canard mue et perd sa livrée de parade. Son plumage brun moucheté est alors bien plus discret et semblable à celui des juvéniles et des femelles. Il perd aussi ses rémiges, ce qui l’empêche de voler durant cette période. Il se tient alors dans les roseaux et les hautes herbes. Deux mois plus tard environ, il reprend son plumage nuptial.

La cane a un plumage plus terne, beige brunâtre tacheté de sombre partout sauf sous la gorge. Les ailes sont semblables à celles du mâle, la queue est brune tendant vers le gris et ne présente pas de plumes retroussées. La femelle est ainsi beaucoup moins voyante sur le nid, lorsqu‘elle couve, ce qui lui permet d’éviter les attaques de certains prédateurs comme les renards. Son bec est brun olivâtre.

En parade dés septembre pour une conclusion en février

Le colvert est monogame mais change de partenaire à chaque saison de reproduction. Les parades nuptiales débutent dès septembre et culminent en octobre. Les couples se forment à la fin de l’automne. Au début de l’hiver, l’activité diminue notablement pour reprendre en intensité en janvier et durant les mois suivants. Plusieurs mâles tentent de séduire une femelle. Pour ce faire, le mâle tourne autour de la femelle en tendant le cou et en le rejetant en arrière sur son dos. Il se redresse en gonflant la poitrine et en sifflant. Puis il dresse rapidement sa queue deux ou trois fois. Il place enfin sa tête à plat au ras de l’eau en tournant en tous sens. Les femelles se trouvant à proximité observent la parade puis choisissent chacune un partenaire en plongeant plusieurs fois le bec dans l’eau. Le couple s’éloigne un bref moment avent de rejoindre le reste du groupe. L’union se concrétise en février et les oiseaux volent ensemble vers les zones de reproduction. Certaines femelles retournent au même endroit chaque année. L’accouplement a généralement lieu dans l’eau.

Un nid au sol

C’est la femelle qui bâtit le nid très souvent à une certaine distance de l’eau. Normalement construit au sol, le nid est une petite dépression tapissée d’herbe ou d’autres matériaux trouvés aux alentours et de duvet provenant du ventre de la femelle. La femelle pond en général 8 à 12 œufs dont la couleur peut varier, d’une femelle à l’autre, d’un vert terne à presque blanc. Elle pond un œuf par jour. Si le nid est détruit, elle recommence la nidification. Elle peut s’y reprendre jusqu’à trois ou quatre fois mais le nombre d’œuf diminue à chaque reprise. Le Colvert n’élève cependant qu’une seule nichée par année. La majorité des pontes a lieu entre mars-avril et mi-juin.

Une mère vigilante

L’incubation commence lorsque tous les œufs sont pondus. Elle ne dépasse jamais 28 jours et est entièrement assurée par la femelle. Les œufs éclosent ainsi plus ou moins en même temps. Dès que les canetons sont secs, leur mère les conduit à l’eau. La femelle est une excellente mère qui surveille continuellement ses petits. Pour les défendre, elle pratique le subterfuge de l’aile blessée : elle attire les intrus menaçants en feignant d’être blessée, battant des ailes et poussant des cris rauques. Elle se déplace au dernier moment de manière à rester hors de portée, incitant l’ennemi à la suivre. Elle arrive ainsi à éloigner les prédateurs de ses canetons qu’elle rejoint une fois le danger écarté. Dans l’eau, la cane conduit les canetons vers les aires d’alimentation où ils trouvent eux-mêmes leur nourriture, insectes et végétaux de petite taille. Les jeunes perdent progressivement leur duvet au profit de plumes. Ils commencent à voler à 7 semaines environ et quittent le nid pour se regrouper avec d’autres jeunes nés la même année. Ils acquièrent le plumage caractéristique de leur sexe à la fin de l’automne.

Quant aux mâles, ils ne demeurent auprès des femelles que durant les 10 premiers jours d’incubation, pour assurer la défense du territoire. Ils quittent ensuite leur partenaire et se rassemblent dans des marais où ils muent, perdant ainsi leur capacité de voler durant un mois environ.

Une fois séparées des canetons, les femelles se rassemblent à leur tour dans des zones humides pour muer.

Un canard barboteur

Le colvert est un canard barboteur. Il s’alimente en surface ou à faible profondeur d’eau (maximum 45 cm) en y plongeant la tête ou la moitié du corps, ne laissant émerger que la partie postérieure de son corps. Le sédiment est collecté puis filtré à travers les lamelles du bec jouant le rôle de tamis et retenant les particules alimentaires. S’il consomme davantage d’invertébrés, têtards ou même des petits poissons durant l’été, le colvert fréquente également les champs relativement éloignés des zones humaines. Il se nourrit alors de graines, pousses de l’herbe, d’insectes, vers ou autres mollusques. Il consomme de l’ordre de 100 grammes (poids sec) d’aliments par jour. En automne et en hiver, il est essentiellement granivore.

Migrant ou sédentaire

À l’état sauvage, le canard colvert est un oiseau migrateur. La migration est essentiellement nocturne et peut être assez limitée. D’août septembre à novembre décembre, les oiseaux rejoignent les quartiers d’hivernage. Le retour vers les zones de reproduction débute en janvier février et se poursuit jusqu’en mai. À côté de ces migrateurs, il existe également une population sédentaire de colverts importante. Ces individus sont en général plus gros que les oiseaux migrants et sont vraisemblablement issus d’hybridations avec d’autres espèces de canards ou de lâchers cynégétiques destinés aux chasseurs. De nombreux canards d’élevage sont en effet relâchés chaque année depuis les années ‘70 et ont entraîné des croisements avec les populations sauvages. Enfin, avec la disparition des zones humides et la pollution des eaux, le canard s’est adapté aux milieux créés par l’homme. C’est ainsi qu’on en rencontre de plus en plus dans des parcs en ville et en zone urbanisée où ils profitent de la présence humaine pour se nourrir.

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