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Dérives…

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Les premiers résultats de l’étude Propulppp sur les dérives de produits phytopharmaceutiques ont été publiés récemment. Si pour d’aucuns ils jettent un pavé dans la mare, à mon humble avis, les chercheurs en charge de cette étude sont des enfonceurs de portes ouvertes, qui ne font que confirmer ce que l’on savait déjà.

En tant qu’ancien agriculteur et pour avoir pulvérisé pendant des dizaines d’années, j’ai pu de la sorte exercer ma mémoire olfactive ; il m’est ainsi possible de reconnaître à l’odeur un certain nombre de produits, ou familles de produits bien caractérisés de ce point de vue. Comme tout agriculteur qui se respecte, je connais plus ou moins les parcelles de mes voisins, et, sans quitter ma cour, je peux faire le rapprochement entre ce que perçoit mon odorat et ce qui se passe sur les coutures. Au cours de la saison et suivant l’humeur de la girouette, cela donne ce genre de réflexions.

En février : « Sûrement qu’André voit ses moutardes reverdir, voilà qu’il y passe un coup de Round-up ».

Début avril : « Joseph va être prêt à semer ses chicorées, il est en train de pulvériser du Bonalan. Bien vite qu’il l’ait incorporé, ça sent mauvais ! »

Un peu plus tard, alors que le temps se réchauffe : « Francis doit avoir des chardons dans son froment : il le pulvérise aux hormones. Tant pis pour Bernard, il a son potager juste à côté ! Bah, ça ne fait rien, il est en vacances… »

En mai-juin, les herbicides cèdent progressivement la place aux fongicides, préparés avec des adjuvants aux odeurs fortes. On peut retrouver ces doux parfums en se baladant par exemple dans les belles régions viticoles françaises, où s’étalent à perte de vue les vignes bien taillées et bien traitées qui produiront le bon St Emilion.

Il y a quelques années, je visitais mon troupeau par un soir de juin au temps très calme. Temps idéal pour pulvériser, dit-on, mais par le moindre souffle pour disperser les polluants. Près des prairies, mon voisin traitait son froment qui épiait. Le brouillard de pulvérisation stagnait au-dessus du vallon. À la longue, ces produits me tapent sur le système, et, sentant poindre un mal de tête, je me suis rapidement éloigné. Les vaches n’en avaient pas la possibilité, mais ce sont des braves bêtes, elles n’ont pas bronché.

A. Déhenne

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