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Une intervention

en préémergence

demeure indispensable

Le traitement herbicide de préémergence est la deuxième étape en culture de pommes de terre. Il convient idéalement

de l’entreprendre au moins une semaine avant l’émergence, lorsque les conditions sont réunies. Voici les recommandations du Carah (Ath) pour lutter au mieux contre la présence

et la concurrence des adventices.

Temps de lecture : 5 min

En culture classique, il y a deux manières d’entreprendre cette lutte contre les mauvaises herbes : au moyen d’un désherbage chimique uniquement, ou en mettant en œuvre une stratégie faisant intervenir en complément des moyens mécaniques.

Concernant la lutte chimique, diverses substances actives permettent d’agir en préémergence ou en postémergence de la culture.

« Avant toute application herbicide, prenez connaissance des adventices à combattre », recommande le carah dans son avis du 3 mai dernier.

En préémergence

Le désherbage chimique de préémergence doit tenir compte de la flore attendue, du niveau d’infestation, des conditions d’humidité du sol, de la qualité du buttage et du choix variétal (sensibilité à la métribuzine). L’ajout d’un produit de contact au désherbage ajoute une efficacité sur les plantes déjà levées.

L’efficacité des produits herbicides de préémergence est meilleure sur buttes définitives stabilisées, humides, par temps calme. La rémanence des produits est longue, il ne faut pas retarder l’application quand les conditions sont réunies, le traitement doit avoir lieu au moins 1 semaine avant l’émergence. Veillez bien à ce que les germes de vos plants ne soient pas trop proches de la surface de la butte.

Différents paramètres influencent la réussite du désherbage :

– la complémentarité des matières actives ;

– la qualité de la préparation du sol et du buttage : plus la terre en surface est affinée, meilleure sera l’efficacité du désherbage chimique ;

– les conditions climatiques lors de l’application : éviter de traiter par temps venteux (évite la dérive et permet de traiter uniformément les deux flancs de butte) et traiter préférentiellement sur butte humide et temps frais (permet une bonne efficacité des produits à action racinaire). Les produits racinaires gagnent en efficacité si une pluie suit l’application ;

– le stade de la culture : certains produits, par exemple, le Centium (aclonife) et le Stomp (pendimethaline) doivent être appliqués bien avant l’émergence afin d’éviter toute phytotoxicité sur les pommes de terre ;

– lorsque l’application de préémergence se révèle peu efficace (spectre d’action, moment d’application inadéquat, conditions sèches telles qu’observées en 2017), il est nécessaire de réaliser un traitement de rattrapage en postémergence. Le désherbage de postlevée ne doit être considéré que comme une action corrective, le spectre d’efficacité des matières actives disponibles à un stade avancé n’étant pas complet.

Correction possible en postémergence

Pour le désherbage de postémergence, les antigraminées Agil, Centurion, Focus Plus, Pantera, Select Prim, Targa Prestige et Targa Megamax sont homologués. Une attention particulière est à porter sur le délai avant récolte qui varie de 28 à 60 jours selon les produits.

Contre les dicotylédones, les traitements de postémergence se feront (de préférence ou obligatoirement selon les produits) jusqu’au stade 10 cm de la culture, en recourant aux produits à base de metribuzine seule – sur variétés tolérantes uniquement –, de Centium 36 SC et de Titus accompagné d’un mouillant non-ionique (Trend 90).

Nous attirons votre attention sur le retrait prochain des produits à base de diquat de la liste des produits homologués. Leur utilisation est permise jusqu’au 4 novembre prochain. Le Stomp 400 SC sera, lui, autorisé jusqu’au 29 février 2020.

Le tableau ci-joint, issu du travail de Christian Ducattillon, est adapté chaque année grâce aux observations de terrain des équipes du Carah et de personnes externes, ainsi que via la concertation avec Inagro.

Le désherbage mécanique…

La maîtrise du contrôle des adventices passe par une logique de rotation (alternance de cultures d’hiver et de printemps), le faux semis, le labour et le déchaumage.

… et ses limites

Les buttages successifs et les passages de herse permettent une gestion des adventices, mais ne remplaceront pas complètement un désherbage chimique. Il est important d’adapter la vitesse de travail afin de ne pas détériorer les germes qui affleurent l’extrémité supérieure de la butte.

La flore à combattre

Parmi les adventices les plus difficiles à combattre, nous retrouvons les chénopodes, morelles, renouées, gaillets et mercuriales. Selon les situations, d’autres plantes peuvent être attendues également comme les vivaces, les repousses d’autres cultures (chicorées, céréales, ray-grass, luzerne…), etc.

Des plantes de datura sont de plus en plus souvent présentes dans les champs de pommes de terre et peuvent poser de graves problèmes vu leur toxicité. La gestion de cette adventice est rendue difficile par sa levée tardive. Pour la contrôler au mieux, la postémergence est recommandée. De plus, il est nécessaire d’associer plusieurs matières actives ayant une certaine efficacité telles que flufenacet, metribuzine, clomazone et métobromuron.

Attention : la metribuzine ne peut être employée que sur des variétés «tolérantes».

Le souchet comestible est une plante rhizomateuse vivace très difficile à contrôler. La lutte contre cette adventice est obligatoire ; les cultures de tubercules, racines ou rhizomes sont interdites sur les parcelles contaminées. Le souchet est de plus en plus présent en Flandre, mais également en Wallonie (Tournaisis, Geer…). Il est essentiel d’éviter sa dissémination via les outils de travail du sol en transportant les tubercules de cette espèce d’une parcelle à l’autre. La métribuzine montre une certaine efficacité contre le souchet, mais la lutte contre celui-ci doit se faire essentiellement dans la rotation.

En culture de maïs, il existe des stratégies de désherbage adaptées permettant une lutte satisfaisante. Pour plus d’informations sur le souchet comestible et la lutte en culture de maïs, nous vous invitons à consulter l’article du Cipf paru dans l’édition du Sillon belge du 22 mars dernier.

D’après B. Couvreur

, Carah

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