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Roquette : une commercialisation

possible 10 mois par an

Les roquettes font partie de l’assortiment alternatif et complémentaire des salades depuis une trentaine d’années. L’aspect fraîcheur est déterminant. Elles trouvent leur place dans la 4e gamme, les restaurant et catering et le circuit court.

Temps de lecture : 6 min

Nous pouvons la semer en place ou planter des mottes portant des plantules au stade 3 vraies feuilles environ. Le choix se fait en tenant compte des surfaces disponibles et leur durée d’occupation et en fonction du niveau d’enherbement de la parcelle.

Des apports faibles en fumure

Les exportations minérales ne sont pas très élevées. Pour la conduite de la culture avec semis en place, nous tenons compte des racines pivotantes qui explorent assez profondément le profil de sol. Les reliquats d’azote dans le profil suffisent souvent à la culture.

Les racines produites sous les mottes plantées ne sont plus pivotantes, elles explorent quelques 30 cm de profondeur de sol. Nous restons attentifs à disposer de suffisamment d‘azote disponible. Nous devons tenir compte des reliquats, des risques de lessivages dus aux irrigations récentes, de la consommation par la culture précédente, de l’éventuelle incorporation de matières carbonées comme de la paille par exemple. Pour une récolte estivale, les besoins sont de 160 unités et les exportations sont d’environ 100 unités d’azote par ha.

Les apports sont donc faibles, les disponibilités des cultures précédentes et la minéralisation apportant une large part des besoins.

Les exportations en P2O5, K2O, MgO, S et autres éléments ne sont pas élevées. Les restitutions se feront dans un contexte de rotation.

Issues de deux espèces

Dans les catalogues des semenciers, nous pouvons trouver des variétés de roquettes issues de deux espèces différentes, Eruca sativa (synonyme de Eruca vesicaria) et Diplotaxis tenuifolia.

Eruca sativa pousse naturellement dans le bassin méditerranéen, elle a un goût de noisette, ses feuilles sont vert-foncé et découpées.

Diploraxis tenuifolia, appelée aussi roquette sauvage, pousse naturellement en Allemagne, nous l’y trouvons le long des voies de chemin de fer, de murs, de rivières ; son goût de noix est épicé, ses feuilles sont très découpées.

Le goût est influencé par la technique de culture, rapide ou plus lent, et par l’âge de la plante au moment de la récolte.

Les cultures qui poussent rapidement et sans manque d’eau ont une saveur plus douce. Celles qui ont manqué d’eau ou ont eu une croissance peu soutenu ont un goût plus épicé.

Semer en place ou planter des plants

La culture peut être menée sur une large gamme de textures de sol. Nous pouvons semer en place ou planter des plants élevés en mottes pressées.

Le semis en place

La culture dure 5 à 7 semaines en été avec un semis en place, le double de temps en début de printemps et en automne. Nous pouvons semer en plein air d’avril (sous voile) à fin août. La culture sous serres maraîchères complète prend le relais pour disposer d’une production presque toute l’année. En été, la première coupe est possible 3 à 4 semaines après la plantation.

La gestion de l’enherbement est plus compliquée après les semis en place, la culture étant plus longue.

Le lit de semis doit être impeccable, vu la petitesse des graines.

Les semences de la roquette sauvage (Diplotaxis tenuifolia) sont très fines, elles pèsent 0,25 g/1.000 graines et la faculté germinative est parfois un problème. Eruca sativa a des graines moins fines qui pèsent 2,0 g/1.000 graines.

Nous prévoyons 10 à 20 graines par motte pressée suivant le débouché (feuilles récoltées jeunes ou plus longues). Pour les semis en place, nous prévoyons 150 g/are pour Eruca sativa et 20 à 100 g/are pour Diplotaxis tenuifolia en fonction du débouché. Dépendante de la taille des feuilles souhaitée pour la récolte, la densité de plantation sera modulée au départ d’une densité standard de 20 mottes pressées par m².

Pour les semis en place, notamment pour ceux destinés aux récoltes de feuilles jeunes, nous semons finement en rangs espacés de 12,5 cm.

Pour les récoltes en feuilles plus longues, les rangs sont espacés de 25 cm pour laisser de l’espace de développement et permettre plus facilement des binages.

La plantation

Nous plantons à partir de mars ou avril. La croissance est très lente sous les 7°C. Les voiles de forçage sont les bienvenus, même s’ils favorisent les maladies foliaires. Les premières cultures sont sensibles à la montée prématurée à graines. La durée de la culture entre la plantation et la récolte est de 3 à 4 semaines en été, 5 à 6 semaines en automne et au printemps.

L’irrigation est nécessaire pour avoir une culture qui pousse sans à-coups.

Une commercialisation possible 10 mois sur 12

Pour la récolte de feuilles jeunes, nous pouvons semer en place ou planter des mottes semées à densité élevée.

Il y a aussi une demande pour des plantes épanouies récoltées entières, avec le collet ; nous choisissons alors une densité de semis ou de plantation plus faible.

Les feuilles jeunes sont récoltées en 2 ou 3 passages.

La récolte peut aussi être unique, concernant la plante entière.

La récolte peut être mécanique dans les exploitations spécialisées et qui travaillent sur de grandes surfaces.

Dès la récolte, les feuilles sont lavées, triées, emballées et refroidies.

Le refroidissement rapide dès la récolte et le maintien de la chaîne du froid permet de conserver la fraîcheur un peu plus d’une dizaine de jours. La récolte se fait en feuilles très jeunes (5 cm de long, babyleaf) à jeune (12 ou 15 cm de long). Nous tenons compte de ce débouché pour les distances d’installation de la culture.

En combinant les cultures de plein air et sous serre maraîchère, nous pouvons commercialiser les roquettes environ 10 mois par an.

Maladies et ravageurs

Le faux-mildiou, les altises, les pucerons et la mouche mineuse préoccupent les maraîchers.

Les altises

Plusieurs espèces d’altises dont l’altise des crucifères (Phyllotreta nemorum) peuvent pulluler et provoquer d’importants dégâts en creusant des trous dans les feuilles. Il est facile de les repérer. Les altises sautent et se laissent tomber sur le sol dès qu’elles sont dérangées.

Elles prolifèrent également sur d’autres crucifères parmi lesquelles le radis, le navet, les choux et des adventices. Les plus gros dégâts sont constatés d’avril (sous abris) ou de juillet (plein air) à septembre. Les températures élevées et l’air sec leur sont favorables.

Les adultes se réfugient dans le sol. Les œufs sont déposés sur le sol, à proximité des collets de plantes hôtes. Les larves se nourrissent de feuilles. Quand leur développement est terminé, après environ 4 semaines, elles descendent dans le sol pour la nymphose. Il y a une génération par an.

La lutte contre la prolifération des altises commence par une bonne rotation.

Comme la sécheresse et les températures élevées leur sont favorables, nous pouvons arroser chaque jour, très tôt le matin ou en début d’après-midi, pour maintenir le sol humide.

La pose de bandes collante permet une certaine limitation des populations.

L’aspiration a déjà été éprouvée pour son efficacité, avec la limite que les auxiliaires sont aspirés également.

Encarsia formosa peut être introduite dans les serres maraîchères au printemps.

Enfin, plusieurs produits sont homologués en culture conventionnelle, consulter https://fytoweb.be/fr

Les pucerons

Les pucerons peuvent s’installer en colonies en cultures sous abris précoces. C’est plus rarement le cas dès que les auxiliaires s’installent, en mai ou début juin.

Maladies

Plusieurs maladies peuvent s’installer sur les roquettes, comme le faux-mildiou ou la sclerotiniose. Une bonne aération des serres maraîchères et le respect d’une rotation sont la base de la prévention.

F.

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