du choix variétal à la récolte
Depuis une quarantaine d’années, les exploitations qui la
pratiquent sont en forte évolution structurelle. Certaines sont des entreprises hautement spécialisées alors que d’autres sont des fermes maraîchères diversifiées où la culture reste une production saisonnière destinée à une vente locale.
Le succès d’une production de racines de chicons dépend avant tout de la réussite du semis. Si la levée est régulière, nous pouvons espérer l’obtention de racines d’un âge identique permettant un forçage homogène. Par ailleurs, la régularité de la population est très importante.
Au contraire, une mauvaise levée signifie des calibres hétérogènes des racines et de grandes difficultés pour forcer correctement le lot..
Plusieurs options possibles
Le choix variétal est large et de grande qualité. Nous pouvons grouper ces variétés selon la période de forçage prévue, sachant que les résultats obtenus par les centres de recherche belges et français peuvent dépendre des conditions culturales de l’année. Celles reprises ici ne sont que quelques exemples sans préjuger de la qualité des variétés involontairement non citées. Le centre de recherche appliquée du Brabant flamand met en ligne les résultats comparatifs très récents (https ://praktijkpuntlandbouw.be/) obtenus en collaboration avec Inagro de Rimbeke-Beitem, l’Association des Producteurs d’Endives de France à Arras et avec des compléments d’informations de plusieurs organismes actifs dans le secteur.
Forçage en octobre et novembre : Beguine, Bingo, Ecrine, Manoline, Mont Blanc.
Forçage en novembre et décembre : Darling, Topscore.
Forçage en novembre, décembre, janvier et février : Darling, Djine, Topscore.
Forçage en janvier, février et mars : Daufine, Déesse, Fakir, First Lady, Flexine, Laurine, Vintor, Sweet Lady.
Forçage en février, mars, avril : Flexine, Sweet Lady, Vintor.
Forçage en avril, mai, juin et été : Daufine, Flexine, (Galaxie), Lady Marie, Sweet Lady, Vintor.
La population
La densité de population souhaitée sera de l’ordre de 18 (sur buttes) à 28 racines (à plat) par m² pour ne pas avoir de racines trop grosses ni trop petites pour le forçage (diamètre idéal de 3,5 à 5,0 cm au galbe du collet). Notons que les racines ne seront pas toutes aptes au forçage, des pertes devant entrer en compte lors des opérations de récolte, de manutention et de triage. Pour des semences de bonne qualité, la densité de semis sera de 25 à 36 graines par m², soit 250.000 à 360.000 graines/ha.
Préparer son sol
Un profil de sol homogène et sans semelle de labour est favorable pour obtenir des racines pas ou très peu fourchues et surtout une alimentation correcte de celles-ci en eau et donc en sels minéraux. En cas de mauvais enracinement dû à une dégradation de la structure de sol, l’exploration du profil par les radicelles sera limitée, ce qui est défavorable à l’alimentation en calcium de la plante au champ. La conséquence sera une teneur insuffisante des racines et des problèmes importants au forçage (différentes altérations physiologiques touchant, entre autres, la coloration excessive de l’axe du chicon et la nécrose marginale des feuilles). Il faut donc un profil de sol sans zone compactée et sans zone creuse pour favoriser un bon développement des racines. Ces dernières devraient avoir une longueur de l’ordre de 17 cm à l’arrachage, base des pétioles non comprise.
L’importance de la fertilisation
Le choix variétal est influencé par la mise à disposition attendue d’azote par le sol. Les variétés dites « sensibles » dans les catalogues des semenciers ont besoin de 110 à 140 kg d’azote incluant évidemment les reliquats, l’effet de la culture précédente et la minéralisation des matières organiques du sol. L’analyse du profil par un laboratoire permettra de s’assurer du respect de cette contrainte.
Pour les variétés dites « tolérantes », le besoin est de 140 à 160 kg d’azote libéré et est de 160 à 180 kg pour les variétés « préférantes ».
L’analyse classique de sol est également précieuse pour tendre vers un bon équilibre nutritif entre le potassium, le magnésium et le sodium. De manière générale, une bonne fumure potassique et magnésienne équilibrée permet de limiter les excès d’amertume au chicon lors du forçage. Cette analyse permet ainsi de déterminer les besoins en phosphore, potassium, magnésium.
De plus, la fourniture d’azote à la culture est un élément clé de la réussite. C’est la minéralisation des matières organiques du sol qui apporte l’essentiel de ce qui sera consommé par la plante. Or, cette minéralisation dépend de l’état de fertilité du sol et des conditions météo qui l’influencent.
La réussite du semis, une des clés du succès
La préparation du lit de semis, le réglage du semoir, la qualité des semences joueront un rôle fondamental. Le sol doit être bien rassis, la semence est positionnée à 5 à 7 mm de profondeur et est bien plombée (importance de ce facteur de réglage du semoir).
La levée est constatée après 6 à 8 jours ; idéalement elle devrait atteindre au moins 80 %. Pour cela, le plombage de la graine au semis est important, mais aussi la température du sol. Il ne faut jamais semer à moins de 8ºC (mauvaises levées, vernalisation), mais plutôt commencer à partir de 10ºC au sol, et attendre 12ºC dans le sol au moins pour le plus gros des semis.
Le désherbage : un point délicat
Plusieurs opérations concourent à la réussite du désherbage : une bonne maîtrise de l’enherbement au fil de la rotation et les faux semis. Les faux semis sont bien adaptés pour cette culture qui n’est pas semée tôt et qui a besoin d’un sol bien rassis. Il permet de diminuer significativement la présence de matricaire camomille et de galinsoges.
En culture biologique, les binages, complétés par le désherbage thermique (assez bien supporté du stade 1 vraie feuille à 5 vraies feuilles de la culture), permettent de limiter les interventions à 100 à 150 heures/ha.
En culture conventionnelle, le désherbage des développements récents en culture de chicorée produite à des fins industrielles. Les doses totales annuelles des matières actives utilisables en désherbage chimique des racines de chicons sont limitées. On peut consulter phytoweb pour s’informer des actualisations. Les interventions sont souvent comparables à celles préconisées en chicorées. De plus, le site de l’IRBAB présente une fiche pour la chicorée industrielle présentant des similitudes avec la culture des racines de chicons (https ://www.irbab-kbivb.be/fr/).
La liste des produits homologués sont disponibles sur fytoweb : https ://fytoweb.be/welcome. Quelques-uns ne seront plus autorisés dans quelques mois. Nous retrouvons notamment, sauf omission involontaire : dimethenamide-P (Arundo, Frontier Elite, Grometa, Interfront 720), isoxaben (AZ 500, Inter Isoxaben 500, VSM Isoxaben 500), benfluraline (Bonalan, peut être utilisé jusqu’au 12 mai 2024), S-metolachlore (Codal, Dual Gold, Efica 960 EC, Lecar, S-Metolachlor 960, peut être utilisé jusqu’au 22 juillet 2024), fluazifop-P-butyl (Fusilade Max), penoxsulam (Boa, Wopro Penoxsulam), propyzamide (Atapropy, Kerb 400 SC, Kerb SC, Setanta SC, Solitaire), quizalofop-P-ethyl (Quizelco, Targa Magamax, Targa Prestige), quizalofop-P-tefuryl (Pantera), trisulfuron-methyl (Safari, Shiro, Shiro 500, Triflutec 500, peut être utilisé jusqu’au 20 août 2024).
Ces produits requièrent le respect de zones tampons parfois larges. Protecteau en a établi une synthèse disponible sur son site : https ://protecteau.be/
Les maladies et prédateurs
La maladie la plus crainte est la sclérotiniose (due le plus souvent à sclerotinia sclerotiorum). Le respect d’une rotation suffisamment longue est la première méthode pour la contrer. Dans le cas de sols identifiés historiquement comme infectés par des sclérotes, il convient d’appréhender les risques et apprécier si une intervention au champ avec le fongicide biologique à base de coniothyrium minitans (contans) se justifie en plein champ.
Lors des étés secs, il faut être vigilant quant à la pullulation des pucerons des racines. Nous y reviendrons en temps voulu dans ces colonnes.
Les pigeons ramiers peuvent occasionner de grands dégâts en picorant les jeunes feuilles. Les plantes prennent alors du retard dans leur développement avec des conséquences sur le poids final des racines et l’agenda des récoltes. Les problèmes viennent surtout lorsque les fortes populations se rabattent sur les rares parcelles de la région. Toutes les méthodes d’effarouchement viseront le découragement des mauvaises habitudes des colonies d’oiseaux dès le début de la croissance des plantes, mais l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous. Une autre méthode est la pose de filets, mais le prix de revient est très élevé au regard de la valeur des racines. En cas de fortes attaques, on peut contacter les services compétents pour une autorisation de tir (https ://www.wallonie.be/fr/demarches/demander-une-autorisation-de-destruction-du...).











