Dans notre maîtrise de l’enherbement, nous sommes souvent amenés à faire des faux-semis. En soi, la technique permet de réduire l’emploi d’herbicides. Toutefois, un faux-semis signifie également une perte d’eau lors de cette opération. Entre deux maux, il faut prendre le moindre… En effet, les adventices consomment de l’eau pour leur croissance. Le faux-semis reste dès lors pertinent. Cette année, son effet est néanmoins limité sur de nombreuses parcelles, le sol sec ne permettant pas la germination des advendices.
De plus, le paillage permet d’économiser ce précieux liquide. Et la combinaison avec l’effet désherbant permet une réduction significative des besoins de main-d’œuvre pour le désherbage. Utiliser un voile non thermique est une technique efficace. L’avantage est de limiter l’évaporation d’eau du sol et l’évapotranspiration des plantes pour limitation de l’effet du vent. Mais il n’y a que peu d’élévation de la température, ce qui est intéressant dès le milieu du printemps.
Le binage reste bien utile dans la gestion de l’eau. En rompant la capillarité, en aérant le sol et en éliminant des adventices, il est utilisé dès que possible. Les nouveautés technologiques ouvrent des espoirs grâce au pilotage automatisé, en grandes comme en petites surfaces maraîchères, notamment en recourant à des entreprises équipées. L’intérêt est surtout marqué après une battance du sol en surface, comme suite à un orage ou une aspersion trop violente.
Les stades clés de la culture
Dans nos conditions habituelles, la période entre le semis et la levée, ou entre la plantation et la reprise a besoin d’irrigation. Les apports sont peu importants et fréquents tant que la culture n’est pas installée et reprise.
Lorsque le déficit hydrique est marqué, il faut prévoir des arrosages durant la croissance de la culture. Les apports se font sur base d’un calcul qui tient compte de la nature du sol et des besoins de cette culture. En première approche, nous retenons des apports de 1 mm (soit 1 l par m²) par cm de sol à irriguer pour l’aspersion. Pour l’irrigation en goutte-à-goutte, nous multiplions ce chiffre par 0,5 à 0,9 selon que les rangs sont écartés les uns des autres ou pas.
Choisir le bon moment de la journée
Pour l’aspersion, nous essayons d’irriguer lorsque les plantes sont encore couvertes de rosée, la nuit ou tôt le matin. L’objectif est de ne pas poursuivre la période d’humectation du feuillage suite à la rosée par une seconde période due à l’irrigation. C’est une mesure préventive contre les maladies cryptogamiques du feuillage. Cependant, cette année, c’est à peine si nous avons de la rosée. Pour le goutte-à-goutte, cela a moins d’importance.
Opter pour la température adéquate
Aspersion ou goutte-à-goutte ?
Mesurer les apports
Notons qu’il faut une longue expérience pour pouvoir se passer de mesures précises pour piloter son irrigation.
Par ailleurs, il faut au moins un pluviomètre sur la parcelle pour estimer l’eau apportée par précipitations à tout moment.
Avec l’irrigation par aspersion, la répartition des apports peut être hétérogène, il en faut donc ajouter plusieurs autres pluviomètres pour tenir compte des recouvrements de rayons d’action des appareils, du vent, de la pression disponible, etc.
En goutte-à-goutte, un contrôle des apports par examen du profil du sol est nécessaire après creusement d’une cavité ou d’un trou de tarière.
L’irrigation et le goût des légumes
L’eau est nécessaire à la croissance, à la photosynthèse et par conséquent à l’obtention d’une saveur et d’un parfum typique du légume.
Pour les laitues et pour les chicorées, les besoins sont de 100 % par rapport à la norme telle que nous l’envisageons dans ces colonnes lorsque nous abordons ces cultures.
Pour les tomates, les poivrons, les concombres et autres cucurbitacées, nous essayons de ne satisfaire que 80 % des besoins théoriques afin d’obtenir des légumes ayant une teneur en matière sèche un peu supérieure à la norme habituelle. Le rendement en kg sera peut-être un peu diminué, mais la saveur et le parfum y gagneront largement.
